15/05/2009 – Etats-généraux de l’Outremer

 

{xtypo_dropcap}Q{/xtypo_dropcap}uelles unités de transformations mettre en place pour rentabiliser ces productions ? Des unités artisanales ou industrielles ? Quelle stratégie marketing ? Comment rendre les produits compétitifs ? Comment sensibiliser la population à la consommation de produit locaux ? Comment garantir une production toute l'année avec les mêmes garanties qualitatives ? Quels produits peuvent être vendus dans la catégorie haut de gamme ? Voici quelques uns des points essentiels qui ont été soulevés au cours de la matinée.

Dès le départ, il a été convenu qu'à Mayotte l'utilisation d'unités de transformations à échelle industrielle ne serait pas rentable compte tenu de la production locale beaucoup trop faible. Ainsi, l'usage d'ateliers de type artisanal semble la solution la plus adaptée. D'autant plus que pour les produits locaux, seule une labellisation sur la qualité (Agriculture biologique) pourrait permettre de faire face à la concurrence des produits importés, beaucoup moins chers.

De par leurs coûts de production, les produits locaux ne peuvent rivaliser avec les produits importés. Pour beaucoup, il faudrait créer une niche avec des produits haut de gamme pouvant rehausser l'image de l'île et donner une forte identité au produit. Un marketing basé sur la qualité ou la production "bio" par exemple, et qui serait le tremplin vers l'exportation.

Un exemple a été pris avec le poulet : sur 8.000 tonnes de viande de volaille consommées par an, ¾ sont des ailes de poulet et la production locale représente… 1% de la consommation. Seule la vente de poulets entiers, en catégorie produits frais, pourrait permettre de créer une niche et justifier un prix moyen plus cher. Mais la question des normes qualitatives pose aussi problème.

 

Viser le haut de gamme avec un label bio

 

Un autre exemple a été présenté avec la vanille. Le producteur Abdourahamane Ahmada explique comment le cours de la vanille était monté jusqu'à atteindre les 600 euros le kilo en 2003. Cela a attiré de nouveaux pays dans cette filière. Aujourd'hui le marché est saturé avec une production mondiale de 4.000 tonnes, pour une consommation de seulement 1.500 tonnes.

La qualité de la vanille mahoraise est toutefois reconnue à l'extérieur. Dans les foires agricoles de nombreux prix lui sont décernés chaque année. Mais les producteurs rencontrent des difficultés pour surfer sur cette reconnaissance et la production ne suit pas, aussi bien sur un point de vue quantitatif que qualitatif. Seuls huit producteurs-transformateurs de vanille sur une centaine sont agréés par la Chambre d'agriculture.

Production, marketing, distribution, à Mayotte il devient clair que les agriculteurs ne peuvent pas tout gérer. Quelle que soit la filière, le commerce n'est pas organisé et l'absence de lieux de rencontres entre les producteurs et les consommateurs, l'absence de véritables marchés locaux ou territoriaux, nuit vraiment à l'écoulement des produits frais, pourtant de plus en plus demandés par une population jeune et en forte croissance.

Autre point soulevé, pour valoriser le label : il faudrait un packaging et une stratégie de vente. Mais la certification label bio est trop coûteuse pour un producteur seul (essence d'ylang comme vanille) et cela ne peut être engagé que par les services du conseil général, comme cela avait été fait en 1993-1994 pour la vanille bio avec le label Ecocert. Cela avait été une véritable réussite, s'appuyant sur les locaux et le matériel de la coopérative de vanille flambant neuf et enviée par tous les pays de la zone, permettant de vendre beaucoup plus cher. Mais à force d'attendre, de traîner, de ne pas prendre de décision, Mayotte produit une tonne de vanille par an… contre vingt il y a une dizaine d'années.

 

Attirer les clients vers les productions locales

 

Beaucoup reconnaissent la nécessité d'implanter le produit sur le marché local (grande distribution, restaurateurs…), avant de pouvoir s'exporter et pouvoir viser une clientèle haut de gamme à l'exportation (restaurateurs, grands pâtissiers, hôtels).

Au niveau local, l'afflux touristique n'est pas assez important pour écouler la production. Les ventes se font seulement sur des périodes bien précises correspondant aux départs des fonctionnaires métropolitains. Les producteurs souhaiteraient pouvoir aller vendre leur produit au comité du tourisme… mais leur demande est toujours en attente.

Quelques pistes et solutions ont été envisagées à la fin de la réunion. Il convient de maitriser la qualité sur le long terme, ainsi que la production, de manière à pouvoir fournir la clientèle de manière régulière et créer une relation de confiance. Il convient aussi de scinder le travail de production, de vente et de distribution. Les acteurs présents lors de cette réunion ont émis l'idée de trouver une politique marketing basée sur le label haut de gamme, de produits locaux frais ou bio, afin d'en faire un produit à très forte identité.

Il faudrait aussi organiser des animations régulières, une mise en valeur plus sérieuse et au moins une semaine des produits locaux dans les grandes surfaces, et cela en même temps que la semaine du goût où il y a une sensibilisation des jeunes à la consommation de produits frais.

Il devient par ailleurs urgent de coordonner toutes les actions menées pour valoriser la production locale, d'où l'importance de trouver un organisme qui chapeaute tout cela. Des actions ponctuelles peuvent aussi avoir un impact fort, comme l'organisation de foires avant les grands départs en vacances et dans les périodes où il y a une véritable demande.

Il est envisagé de petites structures de transformation, accessibles à chaque producteur, plutôt qu'une coopérative dont l'échec pourrait mettre en difficulté toute une filière, comme plusieurs exemples émaillent l'histoire de ces dernières années avec la vanille, le café, le poulet, les œufs, les fruits et légumes…

Enfin, il a été insisté sur la nécessité de savoir tenir compte de l'offre et de la demande sur les productions existantes. Au final, pas grand chose de concret n'est vraiment sorti de cette réunion, mais des idées à saisir par des autorités compétentes et/ou motivées. La synthèse de tous les travaux réalisés dans cet atelier a été faite mercredi après-midi.

 

HT

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