{xtypo_dropcap}C'{/xtypo_dropcap}est la folle sarabande de l'information passée à la moulinette de la mondialisation. On plonge au cœur de la forêt, avec la guérilla bolivienne, puis on se relève, un peu sonnés, et on repart avec Obama, devant le Congrès.

On va d'une polémique à une autre, d'un mot maladroit à une critique acerbe, on cherche le bon mot, on le sort de son contexte et on fait monter la mayonnaise de l'info spectacle. On maintient ainsi l'intérêt pour cette information prémâchée, que l'on sert avec des journalistes bien télégéniques. Et ainsi vont les caméras du monde…

Ce lundi, les caméras quitteront la tragédie haïtienne quelques instants pour se diriger sur Mayotte. Ce sera peut-être la note d'espoir du jour, dans cet océan de dramatiques nouvelles.

La France va accueillir un nouveau département. Une île de l'océan Indien veut intégrer pleinement la République, et toutes ses valeurs, en y apportant ses cultures, ses langues, ses richesses humaines, naturelles, son histoire. La République s'enrichira encore de cette diversité qui la constitue depuis sa fondation. De cette diversité qui fait sa force, son honneur, ses valeurs, qui lui maintient sa place parmi les grandes nations de ce monde.

Cette visite de Nicolas Sarkozy rappellera au reste du monde l'existence de cette île singulière, française. Cette visite du président de la République ouvrira quelques portes, débloquera quelques dossiers. Il restera ensuite, une fois le tumulte passé, à se mettre au travail pour bâtir ce département tant attendu, tant promis.

On pourra se satisfaire du parking du marché goudronné et attendre une prochaine visite présidentielle, dans quelques années… On pourra aussi s'appuyer sur les expériences des uns et des autres, valoriser les compétences existantes ou à venir, mobiliser des financements, pour construire l'université qui accueillera nos enfants, pour construire les logements dignes pour tous, pour ériger un parc des expositions qui puisse recevoir nos invités, en période des pluies…

Les vœux de début d'année sont toujours porteurs d'espoirs. La mémoire sélective nous permet, dans les bilans de fin d'année, d'oublier les mauvais moments. Ainsi va la vie. Et les caméras du monde continuent de tourner. Elles s'arrêteront quelques minutes sur Mayotte ce lundi. Et quand elles reprendront leur course folle, dans le calme revenu, il nous restera à bâtir ce département, à réussir cette départementalisation, avec pour seul spectateur, le petit journal local…

 

Laurent Canavate