14/08/2009 – Jeux des îles européennes

 

 

{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}epuis quelques jours, une feuille qui ne paie pas de mine est affichée sur la porte vitrée du directeur du Cros (Comité régional olympique et sportif). Mais en la regardant de près, elle n’est pas si anodine que cela. Il s’agit en fait de la liste des infrastructures sportives minimales nécessaires à l’organisation des Jeux des îles européennes (appelés abusivement Jeux des Rup), transmise officiellement par le comité organisateur. Et là, il y a de quoi doucher le plus enthousiaste des élus du conseil général, pourtant si prompts à annoncer la volonté d’organiser cette compétition à Mayotte.

Pour l’instant, il n’y a que 2 gymnases (Kavani et Mamina Cicili) et un stade d’athlétisme avec une piste à 6 ou 8 couloirs (Kavani et éventuellement Pamandzi). Pour le reste, tout est à construire.

“Jusqu’à présent, tout le monde parlait un peu dans le vide, mais désormais le comité d’organisation des Jeux (Coji) nous a officiellement transmis la liste des installations sportives nécessaires. Nous allons faire un dossier et le transmettre au conseil général. Ensuite, ce seront à eux de décider quelles actions il faudra mener dans ce sens”, explique Mathieu Brousse, directeur du Cros.

Le président du Cros Madi Vita a assisté à la dernière assemblée générale du Coji. “Mayotte est membre actif et à un moment ou un autre, nous serons obligés d’organiser ces jeux. En 2005, Saïd Omar Oili s’était positionné pour 2012, nous avons demandé à reporter pour 2014, mais même pour cette date, ce sera trop juste”, précise-t-il. En tout cas il convient de prendre rapidement une décision et si nécessaire prévenir nos amis européens qui s'apprêtent à venir ici en 2014 de cette impossibilité, afin qu'une solution de rechange soit rapidement trouvée.

 

Un manque flagrant d’hébergement de qualité

 

En mai dernier, le Cros a tenu à ce que les élus du conseil général fassent le voyage pour se rendre compte de ce qu’impliquait l’organisation d’une telle compétition. Assani Hamada, chargé des Jeux des îles européennes à la DSAJ (direction des sports et de l’animation jeunesse du conseil général), Assani Ali, 5e vice-président du CG chargé des sports et Hadadi Andjilani, 2e vice-président du CG en charge des finances se sont donc rendus aux Baléares pour voir ce qu’il en était.

“On voulait qu’ils se rendent compte du niveau des prestations en général et pas que dans le domaine sportif”, souligne Mathieu Brousse. En effet, le problème principal ne réside pas forcément au niveau des infrastructures sportives, même si la majorité doit être construite. “Pour les Jeux, il faut accueillir 2.000 personnes. Il faut les loger, les transporter d’une manière exemplaire. J’ai eu la chance de me rendre à 3 éditions des Jeux : en Guadeloupe, aux Canaries et à Majorque. A chaque fois, les athlètes étaient logés près des lieux de compétition et dans des hôtels 2 ou 3 étoiles. Il n’est pas question qu’à Mayotte on se contente de dortoirs dans un lycée ou de faire venir des bateaux comme cela a pu être envisagé. Ce serait une insulte pour Mayotte. Les Jeux, c’est du standing européen, c’est plus élevé que les Jeux de la CJSOI. Soit on n’a pas les moyens et on laisse tomber, soit on repousse la date, ce qui n’est pas évident non plus”, prévient le président du Cros.

 

La gymnastique et la natation posent problème

 

Le logement de qualité est donc le frein numéro 1 à l’organisation des Jeux, même actuellement en prenant le nombre de lits tout standing. Le manque d’infrastructures l’est aussi, mais quand bien même il pleuvrait des millions d'euros destinés à rattraper le retard, cela ne suffirait pas.

“Il y a deux sports qui posent problème : la natation et la gymnastique. Si on obtient la piscine et la salle de gymnastique, il faut que les compétitions soient organisées sous la responsabilité du comité d’organisation local qui délègue aux ligues ou comités. A l’heure actuelle, il n’existe aucun club et former des arbitres, des entraîneurs et des bénévoles dans ces disciplines prendra du temps”, affirme avec une pointe d’inquiétude Mathieu Brousse. Enfin, un autre aspect est préoccupant aux yeux de Madi Vita. “Pour l’instant, tous les pays organisateurs ont réussi à finir dans les 7 premiers au tableau des médailles. Depuis que Mayotte participe aux Jeux, on se situe entre la 11e et la 12e place sur 16 délégations.”

En plus des disciplines obligatoires, il existe aussi des sports de démonstration. Le kayak, le tir à l’arc le rugby ou la pétanque ont pu être inscrits à ce titre dans ces Jeux. A ce sujet, le président du Cros n’est pas trop inquiet. “Un grand nombre de disciplines sportives existent à Mayotte, mais beaucoup se font dans leur coin. C’est aussi le rôle du Cros d’organiser cette vie associative pour avoir des interlocuteurs et les fédérer au sein de ligues et de comités. Ainsi, ils pourront être reconnus sur le plan international. Le judo n’a pu participé aux derniers Jeux des îles européennes parce que les licenciés avaient une licence Réunion et non pas Mayotte”, constate Madi Vita.

On le voit, l’organisation des Jeux des îles européennes n’est pas pour demain et il va falloir se retrousser les manches pour accueillir ces jeunes athlètes un jour.

 

Faïd Souhaïli

 


Liste des équipements sportifs minimum nécessaires pour les Jeux des îles européennes

Athlétisme : un stade avec une piste de 6 ou 8 couloirs

Basket : 2 gymnases

Handball : 2 gymnases

Volley : 2 gymnases

Natation : un bassin de 25 ou 50 mètres

Judo : un gymnase avec 2 tatamis

Tennis : 2 x 4 courts (terre battue ou autre)

Tennis de table : une salle équipée

Gymnastique : une salle spécifique

Voile : une base nautique et 60 à 65 bateaux optimist

Toutes ces installations doivent être homologuées pour accueillir une compétition internationale, tant au niveau du matériel que des dimensions.

Pour les 6 gymnases nécessaires, il en existe déjà deux et certains plateaux polyvalents pourraient être couverts et équipés de gradins aux normes pour être homologués, comme devrait l'être prochainement le plateau de M'gombani.

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