13/08/2009 – Interview de Grace

 

 

{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ounda : Vous avez sorti votre premier album au mois d'octobre 2008. Que faisiez-vous avant de vous lancer dans une carrière musicale ?

Grace : J'ai toujours fait de la musique parce que je viens d'une famille de musiciens, et c'est une façon de vivre pour nous. Mon frère n'est pas du tout professionnel, mais il écrit quand même des chansons. Moi, j'ai composé depuis que je suis vraiment toute petite. Avant la guitare, j'avais un ukulélé. C'est vraiment une façon de vivre, de réagir, de s'exprimer quand on n'a pas les moyens de le faire autrement. Anyway, cela dit, je ne voulais pas faire de carrière professionnelle, ça ne m'intéressait pas le côté "music industry". Mais petit à petit, sur ma route de vie – j'ai vécu avec des familles soufi du Pakistan, j'étais avec des griots au Sénégal, j'ai vécu en Jamaïque, j'ai étudié la musique traditionnelle en Ethiopie – j'avais de plus en plus de choses en moi que j'avais envie de partager : mes propres expériences de vie, les choses que j'ai vues, la parole des gens qui ne l'ont pas… J'avais envie de m'exprimer pour eux.

 

Tounda : Vous êtes arrivée hier. Quelles sont vos premières impressions sur Mayotte ?

Grace : On rigole, on se dit : "Ca y est, on est chez nous. On est au pays". On est vraiment soulagé d'être ici. Je suis touchée ici par une vibration de vie qu'on retrouve souvent dans ces zones chaudes tropicales. On a enregistré une partie de l'album au Sénégal, mais depuis sa sortie, c'est la première fois qu'on joue en Afrique.

 

Tounda : Vous dites que vous avez des racines européennes et le cœur en Afrique. Mayotte est un peu votre miroir inversé, avec ses racines africaines et son cœur en France…

Grace : C'est une phrase que j'ai dite il y a déjà un petit moment et ce n'est pas une règle absolue, c'est une émotion. J'ai des racines un peu dans chaque endroit où j'ai pu en mettre et mon cœur est attaché à plein d'endroits. Mais pour moi, l'Afrique est le berceau de l'humanité et elle a quelque chose de "primal" pour nous tous. Ce battement de cœur – you know the heartbeat of Africa – on peut le sentir dans le monde entier. Ici, on n'est pas sur le continent mais on le sent quand même et il y a aussi ce métissage. Je me sens chez moi parce que moi-même, j'ai des talents métissés.

 

Tounda : De quoi parlent vos chansons ? Est-ce que vous avez un message particulier à transmettre aux Mahorais ?

Grace : Mon album s'appelle "Hall of Mirrors" : c'est une métaphore de la vie. Ce qu'on voit en face, la personne en face est une projection de nous-mêmes, de ce qu'on projette, de ce qu'on attend, de ce qu'on donne. Quelque part on est tous sur le même bateau sur cette Terre et ce qui concerne nos voisins nous concerne aussi. Avant tout, on doit se sentir concerné par ce qui se passe dans le monde entier, par ce qui se passe chez notre voisin et même si on a l'impression que c'est une goutte d'eau, cette goutte d'eau elle est très importante, bien plus qu'on ne l'imagine. Après, je parle de la guerre, de la famine, mais avec beaucoup d'espoir, d'amour. Je pense qu'avec l'amour, avec la "positivité", on peut relever tous ces défis lancés : l'environnement, les guerres, la famine… Ce sont des choses que le monde est capable de surmonter. Du coup, on peut se réjouir de tous les défis devant nous. C'est la joie de vivre malgré les challenges.

 

Tounda : Ce soir, vous allez jouer quelques morceaux inédits. Vous préparez un nouvel album ?

Grace : Oui, parce que tout ça, c'est aller à la rencontre de personnes différentes, de pays différents et ça m'inspire. Donc il y a toujours des nouveaux morceaux qui viennent, mais on est en tournée en France jusqu'à fin décembre et on va lancer des prochains singles, peut-être un nouveau clip. Le prochain album n'est pas pour tout de suite, c'est une question de business… J'aimerais bien, mais on va déjà aller au bout de ça. On va aussi faire des dates en Allemagne, en Angleterre et évidemment aux Etats-Unis car j'ai envie de voir ce que les anglophones américains pensent de ma musique.

 

Propos recueillis par Julien Perrot

 

Ecoutez quelques-uns de ses morceaux sur www.myspace.fr/graceinmusic

 


Petite bio de Grace

Une forte conscience écologique et humaniste

Nomade insatiable, Grace est une artiste qui mélange allègrement les influences musicales, à l'image des nombreux pays qu'elle a traversés. La chanteuse n'aime pas beaucoup se dévoiler, et sa vie avant la sortie de son premier album, "Hall of Mirrors", le 6 octobre 2008, reste empreinte de mystère. Le grand public a fait sa connaissance le 21 juin 2008, lors du concert à l'Hippodrome d'Auteuil pour la Fête de la Musique, diffusé par France 2, avec le titre "Imagine one day" qui ne tarde pas à entrer dans les playlists des radios pour devenir l'un des 10 morceaux les plus diffusés en France pendant le printemps 2009.

En tournée dans tout l'Hexagone, elle fait salle comble au Bataclan en mars, ouvre le Printemps de Bourges en avril et part sur la route des grands festivals d'été (Francofolies, Montreux, Sakifo et… le Fim !). Elle repassera au Bataclan le 12 décembre.

Américaine née au Canada, Grace a passé son enfance dans le sillage de ses parents musiciens de folk américains, entre concerts et tournées. Quand elle n'était pas gardée à l'occasion par la célèbre chanteuse de country rock Emmylou Harris, elle vivait dans une ferme de la Nouvelle-Ecosse, sans eau ni électricité. Elle a sept ans quand ses parents se séparent. Elle suit alors sa mère, engagée dans une mission humanitaire au Kenya. Une deuxième enfance, africaine celle-là, qui marquera à la fois sa vie et sa musique. L'Afrique, elle y retournera souvent, notamment pour étudier l'art des griots, entre Sénégal et Ethiopie.

Une soif de connaissances qui l'emmènera jusqu'en Inde, où elle s'imprégnera de yoga et de musique soufi. Elle a également vécu en Jamaïque et… en Alsace, au pied des Vosges, où elle a appris à parler français quand elle était en CM2. Elle vit aujourd'hui entre Paris, rue des Abbesses, et la Californie. Avec cette vie de voyages, Grace va développer une forte conscience écologique et humaniste, qui transparaît dans ses chansons.

Des influences planétaires qu'on retrouve bien sûr dans sa musique. Grace évolue entre ballades soul et rythmes reggae, folk-blues et musiques du monde, avec une aisance qui évoque les plus grandes vocalistes de jazz et de gospel. Comme ses propres parents, Grace se situe dans la tradition des "song writers" américains (Rickie Lee Jones, Joni Mitchell, James Taylor) en écrivant et composant ses propres chansons. Sans fioritures inutiles ni arrangements racoleurs, elle impose, à la seule force d'une voix exceptionnelle gorgée d'émotion, des chansons bien singulières mais aux thèmes universels, qui parlent d'espoir, de tolérance, d'amour et de fraternité.

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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