13/06/2008 – GTHN franco-comorien – « C’était une opportunité qu’il ne fallait pas rater »

Mayotte Hebdo : Monsieur le président, pour la première fois des élus mahorais ont participé à des discussions diplomatiques entre la France et l'Union des Comores. Quelle est votre impression et quel est le rôle de ce GTHN ?
Ahamed Attoumani Douchina : Le GTHN a pour objectif essentiel de créer des conditions d'échanges entre Mayotte et les Comores. Dans le même esprit, il y a des échanges qui se font entre Mayotte et Madagascar et il y aura des échanges qui se feront entre notre île et Maurice. Tout cela se fait dans une dynamique de coopération régionale dans laquelle je m'inscris totalement. J'ai déjà eu l'occasion de dire que Mayotte vit dans un environnement géopolitique où il n'y a pas intérêt de s'isoler en ignorant la présence des autres et par conséquent d'être ignoré des autres. Le travail de ce groupe est de faciliter les échanges a priori difficiles entre les Comores et Mayotte. Vous remarquerez que je fais bien la distinction entre les deux entités et que je pose le préalable implicite d'une reconnaissance par nos interlocuteurs du choix de société que les Mahorais ont fait, à savoir notre appartenance à la France.
 
 
Mayotte Hebdo : Concrètement, comment les choses se sont passées ?
Ahamed Attoumani Douchina : La participation des Mahorais à ce GTHN était une opportunité qu'il ne fallait pas rater, parce que jusqu'alors les discussions entre l'état français et l'état comorien en termes de relations bilatérales et même en terme de coopération régionale se déroulaient sans nous. Notre participation à côté des représentants du gouvernement français et de notre diplomatie nous ont permis non seulement d'être témoins de ce qui pouvait se dire, mais aussi d'intervenir pour défendre la position de Mayotte.

Mayotte Hebdo : Quelle a été l'attitude des autorités comoriennes ? Dans quel climat se sont déroulées les discussions ?

Ahamed Attoumani Douchina : La réunion du 4 juin a permis de mettre en place des rencontres futures. Il y aura un groupe de tête comprenant une partie française et une partie comorienne. Celui-ci supervisera deux sous-groupes : un chargé des conditions de circulation des biens et des personnes entre les Comores et Mayotte et vice-versa, et l'autre chargé de la coopération entre les deux entités. Les groupes se rencontreront d'une manière plus ou moins fréquente, tantôt à Moroni, tantôt à Mayotte. Mon sentiment général de ce que j'ai vécu est le suivant. J'ai rencontré des interlocuteurs sérieux et soucieux d'établir des dialogues respectueux, responsables et surtout adultes. Dans ces conditions, les élus mahorais sont tout à fait disposés à dialoguer.

Mayotte Hebdo : La semaine dernière, Sarah Mouhoussoune regrettait dans nos colonnes le fait que vous soyez parti à Paris avec deux conseillers généraux sans avoir réuni l'ensemble des élus. Elle estimait que votre manière de procéder était incorrecte, quelle réaction cela vous inspire ?

Ahamed Attoumani Douchina : Le problème de Sarah Mouhoussoune est qu'elle pense être la seule habilitée, la seule compétente à représenter le conseil général dès qu'il s'agit de discuter avec les Comores. Je peux comprendre son engagement dans ce domaine bien précis. Mais je devais aller à Paris avec deux élus et je peux vous assurer qu'ils ne sont pas membres de mon parti puisque M'hamadi Abdou est du MDM et Ibrahim Aboubacar du PS. Je les ai choisis pour leur maturité et leur expérience et surtout pour leur vision objective.

Propos recueillis par Faïd Souhaïli

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