{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}ette floraison rivalisait harmonieusement avec ces affiches tricolores qui arpentaient les rues de la commune depuis déjà quelques jours. Des affiches à la gloire du trio Marcel Henry, Younoussa Bamana et Zena Mdéré.
Comme un symbole, on raconte que des femmes des associations comoriennes de la commune se sont jointes à ces préparatifs. Comme une manière de se désolidariser de la campagne de Moroni pour un retour de Mayotte dans le giron comorien. Le jour du meeting circulait l’agrandissement d’un article de Mayotte Hebdo relatant le soutien d’Anjouanais de Métropole au combat des Mahorais.
Encore un symbole, ce meeting a eu lieu à quelques centaines de mètres de la place Zakia Madi. Cette militante reconnue de la cause des Mahorais et qui est morte pour ses convictions. Elle a toujours été associée au combat pour l’appartenance de Mayotte à la France et désormais à celui qui doit mener à la départementalisation. Tour à tour, les hommes politiques se sont succédés pour rappeler le combat de cette femme.
Pour tout le monde, l’organisation de ce meeting à Ouangani était une façon de lui rendre un vif hommage. Un hommage appuyé dans lequel maire, sénateur et président du conseil général ont parlé de sacrifice. Ils l’ont placée parmi les figures historiques du combat de Mayotte, sur le même piédestal que Younoussa Bamana et surtout Zena Mdéré, avec qui elle partageait déjà les mêmes initiales.
Le président Douchina a tenu à remercier et à présenter son hommage au Comité pour la départementalisation de l’ile, vantant pour l’occasion la ténacité des hommes et femmes qui le composent. D’ailleurs, l’appartenance à ce comité, cette alliance pour le coup, permet à Bacar Ali Boto de retrouver une seconde respectabilité, après ses déboires récents dans les urnes.
Tous unis pour le "oui"
Les leaders politiques locaux se sont pour cette fois réunis pour une même cause. Tout d’abord le maire de Ouangani n’a pas hésité à fustiger la politique que mèneraient les professeurs contre la départementalisation. Le président Douchina et le sénateur Giraud ont mené un réquisitoire sans merci dans le même sens contre, disent-ils, ceux qui "complotent derrière". Le sénateur a rajouté qu’"une seule chose nous réunit ici, c’est voter "oui" le 29 mars prochain. Ceux qui ne veulent pas de la départementalisation peuvent toujours prendre ou reprendre l’avion". Ils ont ainsi appelé les jeunes Mahorais à ne pas se laisser duper.
Le conseiller général de Ouangani a rappelé les récentes lois, dont la loi DSIOM, qui ont donné une certaine identité législative à l’ile. La départementalisation serait la suite logique et l’aboutissement de cette évolution législative. La départementalisation permettrait aux communes et au conseil général de disposer de moyens supplémentaires pour mieux assurer leurs missions.
Papa Ahmed Combo, un des leaders politiques locaux, a insisté sur l’importance de cette départementalisation qui permettrait de développer les moyens pour une politique de l’éducation qui ne laisse aucune place à l’échec. En outre, si la République a inventé les départements et s’est construit autour de ces collectivités locales, il n’y a aucune raison que notre île ne sorte pas grandie par un tel statut. Le vote du 29 mars serait pour lui une façon pour la nouvelle génération qui n’a pas participé au referendum de 1974 de fermer la parenthèse ouverte en 1958 et d’ouvrir une nouvelle page avec d’autres revendications au sein de la départementalisation.
{xtypo_quote}La nécessité d’une majorité écrasante, d’au moins 80%{/xtypo_quote}
L’intervention de Mansour Kamardine a été un des moments à la fois les plus attendus et les plus inattendus de ce meeting. Dans les coulisses, il se murmurait qu’il ne prendrait pas la parole. Cependant il est apparu devant un public acquis à sa cause et presque à sa personne. Il a pu encore mesurer toute sa popularité, surtout en l’absence à cette occasion de son successeur. Il a fait usage de cette méthode infaillible de conviction politique que les spécialistes appellent le storytelling.
En quelque sorte une façon de raconter des histoires pour convaincre. Lui, il a raconté une histoire, celle d’un jeune qu’il a convaincu de voter pour le "oui" en insistant sur le fait que beaucoup de Mahorais vivent dans des départements, que ce soit à la Réunion ou en Métropole. Donc pour lui, ceux qui mettent en avant les inconvénients de la départementalisation, ce sont eux qui racontent des histoires.
Certains dans la commune se sont étonnés que cette figure, parmi celles qui connaissent le mieux l’histoire de Mayotte, ne s’exprime pas plus souvent lors de cette campagne. Il a appelé les Mahorais à voter "oui" pour Mayotte. Comme une majorité de "oui" semble inéluctable, tout le monde a insisté sur "la nécessité d’une majorité écrasante, d’au moins 80% des voix".
Comme ce qui manque toujours dans les tranches de vie, contrairement aux films, se sont des chansons, ce meeting a été l’occasion de revisiter tous les standards de la chanson locale au travers des compositions de Jean-Raymond Cudza et Lathéral, adaptés pour la circonstance. Les discours étaient entrecoupés de chants religieux et de compositions a capella à la limite du culte des personnalités politiques. Ce meeting de Ouangani ressemblait finalement à tous les autres. Une grande fête dans laquelle, entre les danses traditionnelles et les colliers de fleurs, on prêchait pour des convaincus.
Tom
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