Près de 70 personnes étaient regroupées à la case Rocher mercredi pour la première réunion du comité de pilotage du parc naturel marin de Mayotte, sous la présidence de Christophe Peyrel, représentant le préfet absent. Issu des services de l’Etat (Daf, affaires maritimes, DE,…), des collectivités locales (CG, mairies, parlementaires,…), du monde professionnel lié à la mer (pêche, aquaculture, tourisme et port) et des associations de loisirs et de protection de l’environnement, ce comité de pilotage présidé par le préfet constitue une sorte de parlement qui se réunit à chaque grande étape de la mission d’études pour la création du parc qui lui présente ses travaux.

Cette dernière est le cœur de la création du parc naturel marin. Composée de quatre agents de l’Agence des aires marines protégées, ainsi que de trois personnes mises à disposition par la Daf, dont son directeur du service des eaux et forêts Jean-Pierre Arnaud, la mission doit préparer un dossier sur les connaissances du patrimoine naturel du futur parc et l’usage que l’on souhaite en faire. Elle se divise en quatre groupes de travail : « activité nautiques et touristiques », « environnement », « pêche et aquaculture » et « composition du conseil de gestion ».

A terme, la mission et le comité de pilotage doivent proposer les limites du parc marin, qui devrait comprendre le lagon entier plus une zone encore non définie, les orientations de gestion et les membres du comité de gestion, qui mettra ces orientations en place une fois la création entérinée. La restitution de ces travaux est pour l’instant prévue pour le 31 décembre 2009, un calendrier « un peu optimiste », selon M. Peyrel. S’en suivra une enquête publique auprès de toute la population mahoraise pour recueillir les avis, critiques et propositions, ainsi qu’une consultation des organismes concernés.

Impliquer toute la population

« La mission a déjà bien travaillé auprès de la population », se réjouit Hadadi Andjilani, le conseiller général de Ouangani. « Les gens en parlent déjà beaucoup entre eux, c’est une très bonne chose. » La Semaine du développement durable en mai dernier a permis à l’Agence des aires marines de faire sa première grande opération de communication dans les villages, à l’aide de 12 films d’animation réalisés par la société Clap sur les thèmes de la mer et de sa protection.

Lors de la création du parc marin d’Iroise en Bretagne, premier existant, la mission s’est déplacée dans tous les conseils municipaux pour recueillir les avis des habitants. « La concertation est un élément fondamental », précise d’ailleurs Geneviève de l’Agence des aires marines protégées, qui a supervisé la création du parc d’Iroise. Un constat repris par tous en conclusion de cette première réunion, à commencer par le vice-président du conseil général qui a appelé tous les acteurs à s’impliquer dans cette concertation, notamment les maires qui ont un rôle essentiel dans la communication avec la population.

Cette première réunion aura permis de définir les points essentiels des discussions à suivre pour la création du parc, en premier desquels on trouve bien entendu la pêche. Au départ hostiles au projet, de peur que le parc ne soit qu’un « aquarium géant » dans lequel toute pêche serait interdite, les pêcheurs y adhèrent peu à peu mais maintiennent l’exigence de repousser les thoniers senneurs aux 50 miles nautiques. « Le rejet d’un thonier représente une année de pêche d’un Mahorais », a précisé Dominique Marot, président d’Aquamay. Cette décision, qui relève de l’Union européenne, pourrait être aidée par la création du parc marin.

Autre point d’importance soulevé par les participants, le lien terre-mer, à savoir la nécessité de travailler sur la gestion des déchets et l’assainissement de l’île, une « problématique forte » selon le secrétaire général de la préfecture. Les limites du parc marin sont également une préoccupation importante. Prévue au départ pour juin, la prochaine réunion du comité de pilotage est avancée au mois d’avril, les membres du comité de pilotage ont été invités à s’impliquer au maximum dans les travaux de la mission d’études.

Hélène Ferkatadji

 


 

Les parcs naturels marins

Un seul existant : celui d’Iroise depuis septembre 2007

Quatre actuellement à l’étude :

  • La Côte Vermeille
  • Mayotte
  • Les estuaires de la Somme, de l’Authie et de la Canche
  • L’estuaire de la Gironde et les Pertuis-Charentais

 


 

Le lagon en chiffres

  • 1.100km² de surface, soit 4 fois celles des terres émergées
  • 45,5km² la surface de lagon actuellement protégée
  • 195 km la longueur des récifs frangeants
  • 140 km la longueur de la barrière externe
  • 12 km la longueur de la double barrière interne au sud
  • 2.300 le nombre d’espèces marines
  • 700 le nombre d’espèces de poissons répertoriées
  • Plus de 800 le nombre de mollusques estimé