Le Ballet de Mayotte en tournée aux Comores
La troupe dirigée par Mohamed Jeff Ridjali partira bientôt aux Comores présenter ses dernières créations Shaaba et Shakasha. Avec ses deux œuvres, le Ballet de Mayotte nous emmène au cœur d’une actualité dramatique et aux racines des danses traditionnelles mahoraises.
C’est dans une ambiance intimiste – flambeaux à l’entrée, lumière tamisée, affluence limitée – que le Ballet de Mayotte a terminé sa série de spectacles il y a dix jours dans son laboratoire du collège de Tsingoni. La relative petite taille de la salle où la troupe de Mohamed Jeff Ridjali a élu domicile est plutôt propice au rapprochement entre les danseurs et leur public et cela n’est pas pour déplaire à Isabelle Camatte, chorégraphe et metteur en scène du Ballet. C’est sous le regard d’une vingtaine de personnes, dont le nouveau directeur des affaires culturelles de la préfecture Jean-Michel Préguer, que les trois danseurs du Ballet ont effectué leur prestation.
Shaaba désigne en shimaore les pierres (plombs) qui bordent les filets de pêche. Une atmosphère de plomb, c’est ce que l’on ressent tout de suite dans ce spectacle qui narre la traversée périlleuse en kwassa-kwassa depuis Anjouan jusqu’à Mayotte. Les figures acrobatiques ainsi que la musique électronique qui les accompagnent donnent le tournis, les danseurs retranscrivent bien la peur de se voir happés par la mer, mais également l’espoir d’une vie meilleure une fois arrivés.
Pour Shakasha, les rythmes et la gestuelle (pas marqués avec force sur le sol) donnent une tonalité plus joyeuse. Mais il ne faut pas oublier que le shakasha est une danse effectué par les esclaves venus d’Afrique continentale. Ces deux œuvres seront jouées à l’Alliance franco-comorienne de Moroni le 28 novembre prochain. Cette représentation s’inscrit dans un projet global qui s’intitule Traces.
“Cela consiste à partir à la recherche des traces des origines de l’identité mahoraise à travers les danses. Nous partirons à Madagascar sur les traces d’Andriantsouli et au Mozambique pour retrouver les origines makwa des Mahorais”, indique Isabelle Camatte, chorégraphe du Ballet de Mayotte. Le Ballet de Mayotte dans son étape comorienne animera des ateliers de professionnalisation à destination des danseurs comoriens. A long terme, le but est de leur permettre de fonder une compagnie de danse contemporaine nationale. “Lors de notre représentation le 28 novembre, ils seront spectateurs. Mais le projet ne s’arrêtera pas là et en 2010 ce sont eux qui seront en représentation au Palais du Peuple”, précise Isabelle Camatte.
Faïd Souhaïli
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