{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ounda Mag : Quelles ont été vos impressions en arrivant à Mayotte ?

Tiwony : J'ai eu l'impression de rentrer chez moi en Guadeloupe ! Mais j'ai senti directement une présence africaine à laquelle je suis très sensible, les femmes avec leur masque de beauté… J'ai pu rencontrer Jah D One, qui doit faire mes premières parties, nous avons eu un bon feeling. Je suis là pour rencontrer les gens, que ce soit professionnellement ou humainement, je m'intéresse à tout.

 

TM : Vous êtes en concert à Mayotte dans le cadre d'un hommage à Bob Marley, qu'est-ce que cela vous inspire ?

Tiwony : Pour la plupart des artistes qui font du reggae, Bob Marley est comme un prophète, c'est un grand honneur de chanter pour un hommage à lui. Mais je célèbre tous les gens qui se sont battus pour nos droits.

J'essaie de perpétuer le message que nous a légué Bob Marley, à savoir l'éveil des consciences. Je regrette sincèrement que le reggae soit stigmatisé, car il s'agit avant tout de délivrer un message de paix et d'unité. Personnellement, je dis aussi la vérité telle qu'elle est.

 

TM : Vous faîtes du reggae, du soca, vous avez aussi collaboré avec des rappeurs, en somme vous êtes très ouvert comme artiste.

Tiwony : Je suis assez éclectique et versatile. Certes je fais du dancehall, mais je fais beaucoup de reggae roots. C'est d'ailleurs pour deux morceaux roots que j'ai reçu le prix Sacem Guadeloupe en 2000 et 2002. Je ne veux pas que l'on me cantonne à un style de reggae. Je suis également très influencé par la musique guadeloupéenne, j'aime ouvrir ma musique. Je collabore avec des artistes de tous horizons car je suis avant tout sensible au message qu'ils délivrent.

 

TM : Comme vous avez dit plus tôt, vous n'hésitez pas à dire la vérité, vous êtes un artiste engagé ?

Tiwony : Je suis parfois surpris d'entendre certains de mes morceaux passer en radio ! On ne peut pas vraiment savoir ce qui va marcher ou pas. Je ne suis pas hardcore dans mes mots, mais je tiens à dénoncer les injustices. Regardez Booba, il est beaucoup plus hardcore et pourtant il passe sur les ondes !

 

TM : Votre notoriété est désormais internationale et vous avez posé avec des artistes comme Rohff, Kery James, Straïka D, Janik, Lady Laistee… Pourtant à Mayotte peu de gens vous connaissent, comment appréhendez-vous les concerts ?

Tiwony : Je ne prends pas la tête et je suis assez content, car cela me pousse à me surpasser, cela remet les pieds sur terre. C'est la première fois que je viens ici et j'ai senti de bonnes vibes. Au départ on devait aller aux Comores et à la Réunion, finalement la date a été annulée en raison des problèmes politiques, et la date à la Réunion a été annulée, du coup je reste plus longtemps à Mayotte, histoire de visiter un peu !

 

TM : Votre premier concert à Mayotte devait avoir lieu à Pamandzi et a finalement eu lieu au 5/5 à Mamoudzou, cela ne vous a pas déstabilisé ?

Tiwony : Personnellement ça ne me touche pas, je peux jouer n'importe où ! Mais ce que je regrette, c'est qu'on nous a dit que c'était en raison de bagarres de jeunes entre les villages de Pamandzi et Labattoir. Vous savez, ce n'est pas la première fois que nous sommes boycottés, les autorités pensent que nous incitons à la violence alors que ce n'est pas le cas.

Aux Antilles les jeunes s'affrontent avec des armes, ce n'est pas à coups de poings et de pierres. Je pense que c'était une mauvaise décision de nous empêcher de faire ce concert à Pamandzi, car cela aurait permis aux jeunes de se distraire un peu, ça les aurait canalisés car mes chansons incitent à l'unité.

 

TM : Vous êtes également ici pour la promotion de votre album "Viv la vi", pouvez-vous nous en parler ?

Tiwony : Cet album est sorti en juillet 2009 aux Antilles. Il était à la base réservé à ce public, c'est pour cela que la majorité des morceaux sont en créole. Mais comme il a plutôt bien marché, nous avons choisi de le lancer en Métropole en octobre dernier. Mes chansons sont rythmées sur ma vie, elles reflètent mon état d'esprit. Je suis un éternel insatisfait et je me considère comme un serviteur du peuple. J'ai également écrit un morceau en soutien au LKP au moment des grèves contre la vie chère aux Antilles, en début d'année 2009.

Mais je finalise mon prochain album "Cité soleil" prévu pour une sortie nationale en octobre 2010. Il y aura d'avantage de morceaux francophones car je cherche à toucher un public plus large, pas seulement les jeunes car les messages sont universels. Vous savez, au moment des grèves aux Antilles, les mêmes gens qui nous critiquaient il y a quelques années ont repris des phrases que nous chantions. Il ne faut pas se laisser faire par le système.

 

Propos recueillis par Marion Châteauneuf

 

L'album "Viv la vi" est disponible auprès de la société WIP, organisatrice des concerts, pour plus d'infos : 0639.69.46.35