{xtypo_dropcap}S{/xtypo_dropcap}aviez-vous que les troupes britanniques avaient débarqué sur Mayotte en juillet 1942 ? Que la culture de la canne à sucre avait modifié du tout au tout la population de l'île au XIXe siècle ? Les lycéens mahorais en tout cas ne le savent pas, comme ils savent peu de chose sur leur histoire.
Alors que dans tous les Dom-Tom a été mis en place un programme adapté, qui consiste en un remplacement de certaines parties du programme par de l'Histoire locale, ce principe n'est pas applicable à Mayotte, les professeurs sont justes "encouragés" à intégrer une part de local dans leur programme, mais il n'y a ni consignes précises ni manuels adaptés.
Un manque que le service éducatif des archives départementales tente de combler petit à petit en éditant des dossiers pédagogiques sur des thèmes précis. Un premier dossier, "Mayotte 1841-1843 : Histoire du rattachement à la France", a ainsi été publié en 2007, à destination des enseignants de lycée qui le souhaitent. Cette semaine, deux nouveaux dossiers sont sortis, quelques exemplaires seront mis à disposition dans tous les CDI de collèges et lycées, et ils seront également en vente à la Maison des Livres au prix de 8€.
"Mayotte pendant la Seconde guerre mondiale" permettra aux enseignants de terminale d'assurer un chapitre sur le rôle de la région dans ce conflit "un conflit qui a vraiment été mondial puisqu'on voit que même dans la région il y a eu des combats et des répercussions", estime Anastasia Iline, directrice des archives. Le soutien au gouvernement de Vichy au début du conflit, le basculement en 1942 avec l'arrivée d'un escadron de la Royal Air Force sur Mayotte, les difficultés de la vie quotidienne, les différents aspects sont traités en cinq petits dossiers, qui contiennent tous des activités pédagogiques à faire en classe (cartes à compléter, questionnaires) pour faire participer les élèves.
La Seconde guerre mondiale et les plantations
La majorité des archives ayant permis de constituer ce dossier, réalisé par Hélène David, professeur d'Histoire mise à disposition au service éducatif des archives l'an dernier, viennent du centre des archives de l'Outremer d'Aix-en-Provence, ainsi que du musée de la RAF qui a fourni les journaux de bord des soldats britanniques. Le dossier est accompagné d'un CD qui contient des enregistrements de témoignages, comme celui du commandant Boina.
Plus volumineux que le premier, le dossier sur "Les cultures commerciales à Mayotte" a été réalisé par Marie Didierjean, professeur agrégée d'Histoire à l'IFM jusqu'à l'année dernière, et organisatrice du Rallye du patrimoine, qui emmenait plusieurs classes à la découverte des anciennes usines et sites historiques de l'île. Le dossier étudie les enjeux des tentatives d'implantation à Mayotte, en partant de la canne à sucre et en élargissant aux autres cultures : sisal, plantes à parfum, café et autres productions à visée commerciale, afin de "rentabiliser" la colonie.
"Il y a également un point de vue social sur le phénomène, qui, en un siècle, a profondément modifié l'histoire et le peuplement de Mayotte", précise Melle Iline. "Les travailleurs engagés venaient de l'archipel des Comores, mais surtout de l'Afrique de l'Est, entrainant un apport important en population bantoue." Le dossier explique également les causes de l'échec de ces cultures : l'isolement de Mayotte par rapport aux circuits de transports marchands, le climat, le relief, le manque de main-d'œuvre qualifiée,…
Edités chacun à 1.000 exemplaires, les deux dossiers seront disponibles dans les jours qui viennent dans les établissements secondaires et à la Maison des Livres. Un autre dossier doit suivre à la fin de l'année, cette fois consacré aux Mahorais ayant combattu durant la Première guerre mondiale.
Hélène Ferkatadji
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.