{xtypo_dropcap}C’{/xtypo_dropcap}est dans la matinée de jeudi, à l’heure où une bonne partie des habitants étaient encore au travail ou à l’école, que les gendarmes ont débarqué dans le village de Labattoir. Selon les témoins, plusieurs dizaines de gendarmes sont rentrés dans les habitations. Ce n'est qu'à leur retour à domicile que les propriétaires ont constaté les dégâts.
"Je n’étais pas là, j’étais au travail quand mes voisins m’ont prévenu. Ils ont cassé ma porte d’entrée et sont rentrés chez moi. Lorsque je suis rentrée, je n’ai pu que constater les dégâts. Je ne sais même pas ce qu’ils cherchaient", témoigne Mounika. Pour éclaircir les choses, la mère de famille s'est tout de suite rendue à la gendarmerie en compagnie de sa sœur. "Ils nous ont juste dit qu’ils s’étaient trompés. Rien de plus, même pas d'excuse."
Mais Mounika est persuadée que la manœuvre n’est pas gratuite. "Ils m’ont vue à la télé et sur les photos avec lesquelles ils recherchent les gens." Pour elle ce n'est rien de plus qu'une tentative d’intimidation. A l’heure où des rumeurs de nouvelles manifestations circulent, beaucoup partagent le même avis.
Une grand-mère nous raconte comment la gendarmerie a fait intrusion chez elle. "J’étais aux toilettes quand j’ai entendu un immense bruit. En sortant j’ai vu ma cour investie par des dizaines de gendarmes avec des armes. J’ai demandé ce qui se passait, un gendarme mahorais m’a dit de m’éloigner pour ne pas être blessée alors j’ai pris la fuite avec ma petite-fille", raconte une grand-mère. Ils ont continué et quand je suis revenue ils avaient défoncé la porte de mes toilettes et d’autres objets chez des nouveaux locataires qui sont en train d'emménager à coté. Comme tant d’autres mamas et grands-mères qui étaient sur les lieux, elle aussi a été choquée. Portes défoncées, armoires vidées, vaisselle cassée, les habitants s’interrogent sur l'utilité de ces procédés.
"Pourquoi ils ne nous ont pas dit directement ce qu'ils voulaient, au lieu de tout casser. Surtout qu'après ils se sont rendus compte qu'ils avaient commis des erreurs. On voit ça dans les grèves en France. Ils tapent en effet sur les gens, mais ils ne vont pas détruire tout chez les gens, surtout quand on n’a pas participé aux violences", s'énerve une habitante de Labattoir.
Le scénario s'est répété plusieurs fois dans d'autres domiciles. Les gendarmes ne sont pas rentrés bredouilles. Un jeune aurait ainsi été arrêté en rentrant du travail. Plusieurs témoins affirment avoir vu les forces de l'ordre fouiller chez lui pour trouver les vêtements qu'il portait lors de la journée de mercredi. Contacté par nos services, la gendarmerie préfère ne pas intervenir sur le sujet. Les perquisitions et les arrestations sont liées à une instruction en cours pour tenter de déterminer les responsabilités lors des violences de mercredi dernier.
Multiplication des appels au calme
Face au risque d'engrenage, et au blocage dans les tentatives de dialogue entre le Collectif et le conseil général, des observateurs extérieurs ont mené plusieurs interventions pour éviter des représailles de la population. Hariti Abdullah, membre des jeunes UMP, a ainsi multiplié les appels pour trouver un terrain d'entente entre les différentes parties. Après deux heures d'entretien avec M. Hariti, le président Attoumani Douchina s'est finalement engagé à reprendre le dialogue à condition que les ténors du Collectif montrent qu'ils contrôlent la situation. Il a demandé à ce qu'un appel au calme soit lancé dès la soirée d'hier jeudi pour apaiser les velléités des habitants de Petite Terre.
Ansoir Abdou, le porte-parole du Collectif des citoyens perdus a ainsi tenu à s'adresser à la population : "on est prêt à lancer un appel au calme pour stopper les tensions causées par les arrestations dans les deux communes. Il est maintenant important de ramener le calme sur le terrain. Ces arrestations doivent aussi cesser pour ne pas envenimer les choses". Pour lui, la libération des jeunes qui ont été incarcérés est nécessaire pour que les négociations puissent être menées sereinement. Une réunion entre le Collectif et le président du conseil général est prévue ce vendredi matin à 8 heures.
Halda Toihiridini
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