{xtypo_dropcap}"L{/xtypo_drop}e rôle de l'architecte est d'être cohérent avec son environnement." C'est en ces termes que Vincent Liétar, architecte à la Sim et commissaire de cette exposition unique à la Maison de l'architecture en Ile-de-France, a résumé le thème décliné dans une trentaine de panneaux. "Construire en terre appartenait aux habitants avant que les architectes n'arrivent", a-t-il ajouté, regrettant qu'aujourd'hui les Mahorais préfèrent ériger les extensions des cases Sim en parpaings.
Le développement du savoir-faire mahorais autour de la BTC dans les années 1980 et 1990 a pourtant été observé dans le monde entier comme un facteur de développement économique et social respectueux de l'environnement (Voir dossier MH n°391). Aujourd'hui encore, une délégation néo-calédonienne de l'association "Renouveau Teasoa" d'une douzaine de personnes est venue visiter les bâtiments construits en BTC et la briqueterie de Dzoumogné en novembre dernier, seule survivante avec celle de Vahibé sur les 17 que comptait l'île en 1981 (voir MH n°452). La délégation a envoyé récemment des photos des bâtiments de leur chantier école à Hienghène, au Nord-Est du Caillou… qui ressemblent beaucoup aux premières cases Sim mahoraises.
A Mayotte, plus de 10.000 logements, soit 35 millions de blocs posés, ont été construits en BTC, ainsi que de nombreux bâtiments publics comme la préfecture, la maison des associations, l'aéroport, le Smiam, le collège de Dzoumogné, le lycée de Mamoudzou, etc. "On n'en est plus au stade expérimental ou innovant mais industriel", a constaté M. Liétar, qui a rappelé que l'association Art-Terre a été créée fin 2007 pour faire de la communication vis-à-vis des maîtres d'œuvres, maîtres d'ouvrage et architectes, pour le grand public et pour les élus, "parfois en position de rejet" de ce matériau local.
Florissante pour l'économie de l'île du début des années 1980 au milieu des années 1990, la BTC est aujourd'hui marginalisée par les acteurs de la construction, pour des raisons culturelles, mais aussi à cause d'une normalisation inachevée. Abandonné en 2003, le programme de normalisation de la BTCla DE (voir MH n°409 et 441). vient enfin d'être relancé grâce à l'association et au soutien financier de
"Cela pourrait être un avis technique ou une réglementation professionnelle", a expliqué M. Liétar, qui a annoncé avoir reçu le devis de CraTerre (Centre international de recherches et d'applications pour la construction en terre), une ONG basée à Grenoble qui a déjà conduit le premier travail de normalisation de la BTC de Mayotte en 1998. Les délais pour arriver à la certification devraient être plutôt courts : "Ce sera moins lourd qu'un DTU (Document technique unifié), peut-être un an ou un an et demi". Un "interlocuteur privilégié", vraisemblablement un ingénieur de CraTerre, sera prochainement chargé de rédiger le document qui devra faire la navette entre les comités techniques local et national formés de professionnels.
Le coût initial de l'opération était de 16.000€ et la première mission de cadrage de 20.000€, financé à 80% par la DE, les 20% restants devant normalement être à la charge du conseil général. "La DE a payé tout de suite, mais on attend toujours une réponse du conseil général pour les 7.200€ restants, mais les élus ont peu de convictions sur place", regrette M. Liétar.
Le vernissage de l'exposition a eu lieu le 4 mai en présence de Michel Perrot, président de la Maison de l'architecture en Ile-de-France, de Dominique Tessier, président du conseil régional de l'Ordre des architectes d'Ile-de-France qui a installé une antenne de son cabinet à Mayotte, de Mustoihi Mari, maître d'ouvrage au Smiam et président de l'association Art-Terre, et de M. Liétar. Il a été suivi d'une soirée-débat sur le thème "Architecture et développement local", avec la participation de Patrice Doat, fondateur de CraTerre et d'Attila Cheyssial, architecte-sociologue. "Plus de 200 personnes, dont beaucoup d'architectes, étaient présentes pour assister au débat", s'est félicité M. Liétar.
L'exposition doit ensuite aller à Lille, Grenoble et Montpellier, avant de passer par la Réunion pour être présentée à Mayotte d'ici la fin de l'année. Une plaquette devrait être éditée pour compléter le dispositif des panneaux, mais à condition que l'association récolte des moyens supplémentaires.
Comme le conclut la présentation de l'exposition, "avec des milliers de logements et des dispensaires, écoles, collèges, lycées…, la BTC a fait ses preuves pour ses performances économiques, thermiques, architecturales. Il reste à la confirmer aujourd'hui comme le meilleur facteur du développement durable et d'une urbanisation devenue plus délicate et des nouveaux enjeux qui s'imposent à la société mahoraise en pleine mutation".
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