Ce sont les électeurs qui trancheront." C'est par cette formule que la tête de liste Issouf Madi M'chindra dit Saïndou Dadaï avait justifié sa décision de ne pas faire appel de la décision du tribunal administratif en juin dernier, contrairement à ses homologues de Sada, Acoua et M'tsangamouji qui ont décidé de se pourvoir en cassation au Conseil d'Etat et donc attendent encore la décision de justice.

La campagne a officiellement débuté la semaine dernière et les choses avancent à petits pas. Au lieu de 4 listes en mars, on se retrouve avec 2 listes seulement aujourd'hui. Si la liste de Saïndou Dadaï est quasiment identique, l'UMP a réussi à s'allier avec le MDM et le PS. "Il n'y a qu'à Mayotte que l'on peut voir ça : le PS et l'UMP ensemble", ironise le Saïd Assani, 2e adjoint de Saïndou Dadaï.

Pour Saïtu Saïd Halidi, cette alliance se justifie. "En 6 mois au pouvoir, ils ont tenté de mettre de côté les cadres expérimentés de la mairie. Des projets financés à 100% comme l'école du quartier Coconi, celles de Sohoa, la RHI Ambani sont en arrêt total. On se demande ce qui se passe. On a dépassé nos clivages dans l'intérêt de tous les citoyens de la commune et nous projetons de terminer tous les chantiers et études en cours", indique-t-il. Pour la RHI Ambani, Saïd Assani a une réponse toute faite. "Nous n'avons pas vu d'études d'impact concernant une station d'épuration préalable à la réalisation de la RHI. Les habitants de Coconi n'ont pas été consultés, on ne peut pas signer l'exécution de travaux sans cette étude", se défend-il.

 Une crèche, la poste et la bibliothèque comme projets phares

De son côté, le Mouvement pour les intérêts de la commune de Chiconi (MPICC) estime qu'en 6 mois on ne peut pas tout faire, du moins beaucoup moins qu'en 7 ans. En plus du morcellement de plusieurs parcelles afin de régulariser la situation des occupants, le MPICC envisage de réorganiser les services de la mairie et offrir des formations aux agents.

"Nous nous sommes rendus compte que les formations ont bénéficié surtout aux cadres. Si nous voulons avancer, nous devons permettre à tous nos agents d'avoir accès à la formation continue et professionnelle. De plus, nous sommes en train de réorganiser les services. Avant notre arrivée, il n'y avait aucune notion de service. Le social, les ressources humaines, le technique, tout était ensemble", fait remarquer Saïd Assani. La crèche, l'agence postale et la bibliothèque municipale sont aussi parmi les chantiers phares à venir pour le MPICC. De son côté, Saïtu Saïd Halidi considère que ces chantiers sont l'oeuvre de l'équipe précédente dont il faisait partie.

 Objectif commun : agrandir le territoire communal pour mieux aménager

Les deux listes ont aussi des points communs. Le développement économique est une priorité avec l'encouragement de l'initiative privée. Mais surtout, le grand combat est l'aménagement. Avec une superficie étant la plus petite de Mayotte, Chiconi se sent à l'étroit entre les collines escarpées et la mer. "Nous irons négocier avec nos voisins car il semble qu'il y ait eu une erreur entre le décret créant les communes et le découpage effectué", confie Saïd Assani.

Saïtu Saïd Halidi souhaite faciliter l'obtention de permis de construire. Pour celui qui se considère comme étant l'homme de la situation (diplôm  n droit public à la Sorbonne, titulaire 'un BTS de technicien agricole, formateur en droit des collectivités territoriales) pour gérer une commune décentralisée et en  route vers la départementalisation, cela passe par l'appropriation d'une grande partie de terres qui sont aujourd'hui dans les communes de Ouangani et de Tsingoni. "Ce sera un travail très lourd, mais on y arrivera", promet-il. En attendant, les Chiconiens doivent trancher entre les deux listes. La liste vainqueur sera connue dimanche soir et les derniers meetings permettront peut-être aux candidats de faire pencher la balance de leur côté.

Faïd Souhaïli