Elle ne connaissait absolument pas Mayotte avant de recevoir un courrier de Valérie Calles et Juan Antonio Da Silva Melendo, professeurs d'espagnol et d'histoire au collège de Kani-Kéli. Cette semaine elle a sillonné tout le sud de l'île pour discuter littérature et création de roman. Entre temps, un an s'est écoulé, une année pendant laquelle les élèves de la 4e7 du collège de Kani ont correspondu avec l'écrivain et lui ont fait découvrir leur île.

A l'origine de cette rencontre, son livre "Lettres à une disparue", roman sous forme de correspondance qui a pour théâtre l'Amérique du Sud sous le joug des dictatures. Les deux enseignants lui envoient un projet de classe qui couvre les deux disciplines et le français. Véronique Massenot accepte et fait bientôt la connaissance par courrier d'une trentaine d'adolescents mahorais dont elle a le trombinoscope.

"Les élèves allaient consulter mon blog. Je laissais des petits mots spécialement pour eux dessus", raconte l'auteur ravie d'avoir reconnu tous ses petits correspondants à son arrivée. A Noël elle envoie une carte de voeux à chacun et en fin d'année elle reçoit les projets personnalisés de chaque élève, avec la charge de sélectionner les meilleurs. "J'ai rajouté des prix pour pouvoir récompenser le maximum d'entre eux", avoue telle. Les prix sont bien entendu… des livres. "Les élèves n'avaient jamais écrit une lettre", raconte leur professeur de français Mme Carré. Du coup ils étaient vraiment dans l'attente d'une réponse à chaque fois. Avec cette correspondance ils se sont ouverts au monde c'est une bonne chose."

 "Une vraie récompense"

Une ouverture qui continue puisque cette année la 3e7, composée à peu de chose près des anciens de 4e7, travaille sur le nouveau roman de Véronique Massenot "Soliman le Pacifique", le journal d'un petit garçon de Cisjordanie.

Pour faire venir l'écrivain jusqu'à Mayotte les enseignants ont du se battre. Ne pouvant obtenir de subvention du vice-rectorat, ils se sont dirigés vers la mairie de Kani-Kéli et la préfecture. "C'est Phlippe Chamoin des affaires culturelles qui nous a trouvé comme solution d'intégrer Véronique Massenot dans Lire en fête", explique Valérie Calles. Du coup nous avons choisi d'organiser une journée spéciale avec l'illustratrice Lucie Albon et Ambass Ridjali, avec les 3e7 et une autre classe."

Les deux tiers du financement viennent de la mairie de la commune par l'intermédiaire du CUCS (Contrat urbain de cohésion sociale), une petite partie vient également du collège. "C'est une vraie récompense du concours que nous avions organisé en fin d'année", estime l'enseignante. "Devant l'impact que ça a eu sur les élèves, particulièrement de se voir offrir un livre, eux qui n'en n'ont en général jamais, nous avons décidé de poursuivre cette année avec son nouveau roman."

Logée dans le village par le couple d'enseignants, l'écrivain a pu découvrir toute la semaine cette île que les élèves lui ont décrite par lettres, en sillonnant les bibliothèques du sud pour une intervention sur la création d'un roman. Le lieu de la première intervention était bien sur le collège lundi matin, où les élèves ravis de la recevoir lui avait réservée un ccueil tout particulier. Elle retrouvait e endemain "sa classe" our une rencontre privilégiée.

Hélène Ferkatadji