{xtypo_dropcap}F{/xtypo_dropcap}lorence Le Gal revient tout juste d'Italie où elle a participé aux championnats d'Europe vétérans. Elle y a obtenu trois médailles sous deux couleurs différentes : celle du Racing club de Mamoudzou (RCM) en individuel en remportant le bronze aux 60 et 200 mètres sprint, puis en sélection nationale où elle décroche l'argent au relais 4×200 mètres. "C'est une satisfaction personnelle bien sûr, mais mes performances doivent surtout être un plus pour l'évolution de l'athlétisme à Mayotte", encourage-t-elle.
Ceci compte énormément pour cette institutrice d'origine, devenu chargée territoriale du développement de l'EPS dans l'enseignement primaire en 2006, suite à sa participation aux championnats d'Europe de Linz, en Autriche. "Je tiens à remercier le vice-recteur qui a accepté d'accompagner mon statut de sportive reconnue en me plaçant dans le service de la Cellule EPS dirigée par Jean-Paul Goffoz. Cela a permis d'adapter mon emploi du temps, tant sur le plan des entraînements et des compétitions que sur le plan professionnel".
Au cours des heures d'EPS de différentes classes, Florence Le Gal accompagne les enseignants. Elle se retrouve ainsi sur les terrains une partie de la semaine. "Cette mission que je poursuis depuis maintenant trois ans a des retombées très positives. En effet, j'ai pu constater des progrès dans le comportement des enseignants vis-à-vis des activités physiques et sportives à l'école", témoigne l'habitante de Kavani Mamoudzou.
{xtypo_quote}Les enseignants prennent conscience de l'importance du sport à l'école{/xtypo_quote}
Selon elle, les instits prennent conscience que leur pratique, en plus du bien-être physique, procure aux scolaires un moyen privilégié pour faire passer des messages de respect et d'égalité. "C'est important car cela les responsabilise à un comportement citoyen et l'essor de la pratique sportive féminine en dépend d'ailleurs largement." La native d'Hennebont (dans le Morbihan, en Bretagne) se souvient de ses premiers jours avec les élèves mahorais en 1996, des filles qui venaient en sport en salouva. "Lorsque je suis arrivée, c'était la culture et la religion d'abord. Aujourd'hui, avec le développement, les filles sont en tenue plus appropriées", affirme-t-elle.
Très jeune, Florence Le Gal appréciait déjà l'athlétisme, le sprint en particulier. Ses capacités dans la discipline lui ont d'ailleurs permis de rejoindre très rapidement le milieu fédéral. Au lycée, la Bretonne gagne plusieurs titres départementaux et régionaux, et finit vice-championne de France sur 200 mètres par le biais de l'UNSS.
C'est en 1993, à vingt-quatre ans, qu'elle débarque pour la première fois à Mayotte. Deux ans plus tard, elle réussit la formation d'instit et alterne entre vie familiale, professionnelle et sportive. Elle reprend sérieusement l'athlétisme en 2005 en se licenciant au RCM et réalise de nombreux championnats nationaux, internationaux et mondiaux. "Cette année-là, je voulais réellement me relancer dans le sprint et j'ai eu la chance de rencontrer la bonne personne (ndlr, Sébastien Synave, entraîneur et président du RCM). Je tiens à le remercier pour son investissement total envers ses athlètes. Sébastien est une personne à laquelle je dois en grande partie mes titres internationaux", rend-elle hommage.
Priorité aux "jeunes prodiges" du RCM
Autant que son coach et que son employeur (le vice-rectorat), les sponsors du club contribuent aux résultats de la sportive qui est aussi joueuse de flûte traversière. "Prudence Créole, SFR et Tétrama répondent présent pour le RCM. Enzo Technic Recyclage également qui m'a soutenue financièrement pour ma préparation aux championnats d'Europe sur piste à Ljubljana (Slovénie) en juillet 2008 où j'ai réalisé mon meilleur chrono en vétérans sur 200 m en 26'19. Merci à eux."
Aujourd'hui mère de deux enfants et toujours performante dans sa catégorie, Florence Le Gal revient de loin car en 2006, de retour des championnats de Linz, l'athlète a été violemment atteinte du chikungunya. Guérie et apte à courir, elle ressent encore des douleurs dues à la maladie par moment. Mais sa motivation à poursuivre sa passion provient des valeurs qu'apporte le sport : la convivialité, la compétition, la citoyenneté et le respect.
"J'ai besoin de me mesurer et quand je me déplace c'est pour la compétition. Mais ça fait aussi beaucoup de bien de partager ces moments avec des personnes qui ont la même passion." La quarantenaire prépare les championnats du monde à Lahti (Finlande) en juillet prochain, mais sa participation dépendra des finances du club, pour lequel la jeunesse reste la priorité : "il faut d'abord financer nos jeunes prodiges, ce qui est logique à mon sens".
Ichirac Mahafidhou
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