Plus que deux jours de meetings et de réunions publiques pour les candidats aux élections municipales et cantonales de cette année. Malgré la menace cyclonique qui pèse sur notre île, 17 sièges de maires devraient être pourvus ce dimanche ou du moins se préciser, et 10 au conseil général, un tiers des élus de cette assemblée bénéficiant d'un répit de 3 années. Ils sont 54 candidats à se présenter aux cantonales, parmi lesquels 8 femmes : 1 à Bouéni, Mamoudzou II et Mamoudzou III, 2 à Dembéni, 3 à Dzaoudzi-Labattoir.
Outre ce nombre important de femmes qui se présentent, la grande nouveauté de ces élections demeure le respect de la parité homme/femme sur les listes municipales, et l'arrivée de remplaçantes (ou remplaçants) aux cantonales. Autre élément notable, l'explosion du nombre de listes pour les municipales. La palme d'or revient à la commune de M'tsamboro avec 8 listes pour la mairie et 8 candidats pour le CG ! Près d'un électeur sur 30 inscrits sur les listes se présente à ce scrutin, ce qui nous ramène à un chiffre global de 2.349 candidats.
Les listes d'union sont légions, des jeunes diplômés pour la plupart qui espèrent rassembler au-delà des partis, en fédérant les compétences au service de leur territoire. Le phénomène est suivi à la loupe par les partis politiques qui constatent impuissants la désertion massive des électeurs de leurs rangs. Il y a un travail d'ouverture, de réflexion à mener d'urgence par ces partis afin que les énergies se fédèrent en leur sein, eux qui sont normalement inscrits dans la durée et disposent d'une structure à même de renforcer les actions et pour disposer de relais à Paris. Le patriotisme politique d'antan ne fait plus recette ! Si cette cohorte de jeunes prétendants ne réussit pas à franchir le cap du premier tour, la population aura du souci à se faire.
En effet, au sein des grandes formations locales, l'heure est toujours aux enfantillages et au verbiage inutile qui dénote la fin d'une époque et un changement radical de mentalités.
A quelques exceptions près, cette campagne des municipales et des cantonales n'aura pas reçu un grand écho auprès des citoyens. Du moins en apparence. La grande passion du Mahorais pour la politique a perdu quasiment toutes ses couleurs, et les lendemains d'élections pourraient être déchantants pour les nouveaux élus, contrairement aux habitudes du passé.
Le Mahorais n'hésite plus à dire haut et fort qu'il en a marre du "blabla" et des effets d'annonce sans suite dont ses élus sont coutumiers. Nombreux sont ceux qui ont choisi leur candidat sur d'autres critères –plus personnels – que la compétence ou l'efficacité à se mettre au service des citoyens. C'est le cas de nombreux électeurs inscrits. D'une façon générale, on entend dire ici là : "comme de toute façon nous allons nous remplacer des nuls par d'autres nuls, autant que ce soit un membre de ma famille plutôt qu'un inconnu".
Le glas pour certains "dinosaures"
Les élus sortants ont réussi à propager dans la population leur goût immodéré pour leurs intérêts personnels. Pour les candidats en lice, surtout aux élections cantonales, la victoire dépendra sans doute en très grande partie du poids de leurs poches et de leur volonté à distribuer pour s'attirer la bienveillance d'un électorat méfiant, plutôt que du projet développé durant la campagne. Hormis quelques candidats qui ne peuvent suivre ce mouvement faute d'en avoir les moyens, la plupart des appareils politiques s'en accommodent et se laissent même aller dans une certaine surenchère. Nul ne croit en son capital confiance au sein de l'électorat, ce qui n'empêche pas certains d'afficher une certitude apparente de victoire ce dimanche soir, même si en réalité le cœur n'y est pas.
Ce scrutin de 2008 sonnera peut-être le glas pour certains "dinosaures" de la politique locale qui risquent de se voir infliger une retraite forcée. Parallèlement, des jeunes loups pourraient se voir infliger des défaites cuisantes qui les obligeraient à aller revoir leurs copies et ranger leurs ambitions pour encore 6 années, quitte à intégrer un parti politique ou un autre pour disposer de plus de soutien. Encore faudra-t-il que les partis s'ouvrent vraiment.
Certains auront pêché par manque de notoriété dans leurs villages d'origine, leur manque de cynisme et de démagogie à deux sous et leur trop grande envie de rendre à l'action politique son honnêteté perdue. Après tout, n'est pas prophète qui veut (en son royaume) au seul motif d'avoir entendu les mêmes voix que Jeanne de France il y a quelques siècles, ou Moïse dans les montagnes du Sinaï au temps de Ramsès le deuxième. Dans ce contexte, le lecteur comprendra la difficulté pour les analystes politiques de la place et des rédactions de presse à établir des pronostics fiables pour ces élections.
Qui faut-il plaindre dans cette affaire ? L'électeur qui se laisse corrompre pour si peu ou l'homme politique qui essaye d'acheter son élection à coup de cartons de mabawas et de boissons alcooliques (dans le nord), de stocks de nambaoinis pour femmes enthousiastes (à Sada), de pique-nique géants avec viande de zébus fraîchement abattus (à Labattoir) ? Ceux-ci ne sont que les cas les plus flagrants dans cette course effrénée de tentative de "rapprochement" avec des électeurs, pour compenser le manque d'imagination des candidats et de consistance de leurs projets politiques.
Certains n'hésitent pas à faire de la surenchère, en promettant de doubler le nombre de zébus à abattre une fois les élections gagnées, en guise de remerciement aux électeurs. Assurément, ce n'est pas la démocratie italienne, mais ça lui ressemble fortement. Dans le doute, certains candidats vont même jusqu'à faire des économies sur les affiches électorales et les professions de foi à imprimer, pour s'assurer de disponibilité de liquidité, les billets de banque faisant le bonheur des électeurs les plus malins, ceux qui passent d'un camp à un autre pour soutirer le maximum d'avantages aux candidats. Rendez-vous ce dimanche dans l'un des 130 bureaux de vote.
75 listes pour 17 communes
Il y a 5 listes qui s'opposent à Mamoudzou pour 45 conseillers nécessaires, mais seulement 2 à Chirongui; 3 à Bandrélé, Ouangani et Tsingoni; 4 à Acoua, Bandraboua, Chiconi, Kani-Kély et M'tsangamouji; 5 Dzaoudzi-Labattoir, Koungou et Pamandzi; 6 à Bouéni et Sada, 8 à M'tsamboro.
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