09/04/2009 – Tribune libre : La départementalisation de Mayotte et la République

 

 

{xtypo_dropcap}L’{/xtypo_dropcap}accession à ce statut revêt une signification particulière, non seulement en termes d’organisation administrative, mais semble constituer la reconnaissance d’une pleine citoyenneté ou d’une pleine égalité (théorique car en réalité graduelle) aux yeux de l’opinion publique nationale.

Les focalisations sur la religion, assimilée à une culture pour justifier l’hostilité ou la peur de l’accession à ce statut administratif, témoignent donc ainsi que la revendication avait bien une signification ou une symbolique identitaire.

Nous donnons l’impression qu’alors même que nous étions déjà Français, de le redevenir, avec les mêmes droits et les mêmes obligations qu’un Métropolitain ou un Domien, au prix de règlement de questions sommes toutes techniques (l’état civil) ou de renoncement à des questions prétendues quasi existentielles (la polygamie ou la justice cadiale).

Cette façon de voir pose la question fondamentale de la République. Accueille-t-elle des membres ou des citoyens sans distinction de leurs origine, religion ou opinion politique ou du fait de son histoire et de son peuplement; il y aurait des limites à ce credo ? La réponse à cette question a des conséquences sur la situation des musulmans de la Métropole ou de la Réunion.

La nuance de la réponse, en fonction de la situation particulière de Mayotte où les musulmans sont majoritaires, devrait aussi susciter l’analyse de la situation inverse. Celle-ci est que dans des territoires où les citoyens sont majoritairement catholiques, aucune réaction n’a été enregistrée lors de l’accession de ceux-ci à un nouveau statut de collectivité d’Outremer par une partition du département de la Guadeloupe. En l’espèce, il s’agit de St Barthélemy et St Martin. Les objections sur le coût de ces nouveaux territoires administratifs n’ont pas non plus été émises. Les principes seraient là à géométrie variable !

Tout ce qui précède légitime, en quelque sorte, la foi dans cette lutte initiée par nos anciens, alors même que les évolutions non encore achevées de ce statut, en tout cas au niveau de l’Outremer (l’actualité récente l’atteste), auraient pu justifier que l’on choisisse une autre voie privilégiant la quête exclusive du développement économique et social au détriment de celle du statut. A une époque récente de l’histoire de Mayotte, si une politique nationale cohérente avait eu cours, cette option aurait pu s’imposer.

A nous et sans doute à ceux qui nous succèderont de saisir le flambeau (le passage obligé de Dom) pour que le combat de nos aînés triomphe et soit valorisé par la construction, au sein de la République, en lui redonnant ses lettres de noblesse, d’une société démocratique, juste et harmonieuse. Notre expérience pourrait avoir valeur d’exemple pas seulement dans l’Hexagone mais dans le monde. Mesurons donc nos responsabilités dans la capacité qui nous incombe à nous atteler, rapidement et sérieusement, tous ensemble à cette immense tâche.

La République serait la traduction concrète du slogan désormais célèbre du candidat Barack Obama : "Yes we can" et j’ajouterai "because we want and we need it !".

 

Jacques Toto

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