{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ravaillant dans des conditions rudimentaires, sans four, sans plateau tournant, les potières de Sohoa font tout à la main. La terre argileuse qu'elles utilisent est rare et se trouve dans des zones bien particulières, où les propriétaires de champs n'hésitent pas à "racketter" ces artisanes livrées à elles-mêmes. "Nous aimerions avoir des machines pour simplifier notre travail, mais nous ne pouvons nous le permettre pour l'heure, car c'est trop cher", explique l'une d'elle.
Toutes inscrites à l'école des parents de l'association Tama, les potières ont embarqué leur formatrice, Marie-Pierre, dans leur aventure. Cette dernière les aide à mener les démarches administratives. "Nous sommes dans l'attente d'une subvention de la part de la mairie de Chiconi pour aménager un vrai point de vente", indique la formatrice. En effet, les femmes ont pris possession de l'ancienne poterie qui employait à l'époque une vingtaine de femmes.
Laissés à l'abandon pendant plus d'une dizaine d'années, les bâtiments sont dans un état de délabrement avancé et les potières travaillent et vendent leur produit à même le sol… Seul un petit panneau indique à l'entrée du bâtiment leur présence. "Nous avons quelques clients, des gens du village qui retrouvent grâce à nous des objets traditionnels qui avaient disparu. Parfois ce sont les M'zungus qui vont à la plage du village qui s'arrêtent, eux c'est plutôt pour la décoration qu'ils achètent nos produits", précise une des potières.

Faire revivre les traditions disparues

Les 6 dernières potières de Sohoa

En effet, en faisant revivre cette tradition, ces femmes mettent également en valeur des objets utilisés quotidiennement autrefois, ayant disparu avec l'arrivée des équipements modernes comme les appareils électroménagers. Le sadzoua, par exemple, permet de garder au chaud les aliments ou au contraire de conserver la fraîcheur de l'eau, "c'est comme quand on la garde au réfrigérateur", assure la fabricante.
Mais les potières ne se contentent pas simplement de ces objets utilitaires, elles fabriquent également de petites figurines pour attirer les touristes. Makis, tortues, oiseaux… tous sont faits à la main.
"Nous allons d'abord chercher la terre. Il en existe deux sortes : une brun clair et l'autre noire. Ici, nous la mélangeons avec de l'eau pour obtenir une pâte et après on forme les objets. Le plus long c'est le séchage, cela peut prendre plus de 15 jours !", détaille la potière. Le processus de fabrication se poursuit avec le dessin et la peinture, puis s'achève par la cuisson qui se fait de manière artisanale sur une grille.
L'école des parents permet un lien avec ce travail artisanal, grâce à un travail sur la disparition des savoir-faire traditionnels. Des panneaux seront également réalisés pour montrer les différentes étapes de fabrication des objets et l'utilisation des objets anciens. "Nous envisageons de faire venir une céramiste de Métropole pour aider les potières à affiner leurs techniques et diversifier leur fabrication", explique Marie-Pierre.
Les potières de Sohoa, boostées par leur association, assurent désormais une présence permanente aux marchés de Coconi et d'Ambato plage. Leur atelier-boutique est quant à lui ouvert du lundi au vendredi de 8 heures à 17 heures.

Marion Châteauneuf