{xtypo_dropcap}"V{/xtypo_dropcap}ous ne voyez pas que je suis en réunion ? Je n'ai pas le temps, voyez avec ma secrétaire !" C'est en ces termes chaleureux que le maire de Mamoudzou a accueilli les parents d'élèves de l'école annexe jeudi après-midi, alors qu'ils venaient – tranquillement – déposer un courrier et une pétition pour réclamer des conditions décentes pour leurs enfants et les instituteurs.

"En tant que parent d'élève de l'école élémentaire annexe, je demande que les problèmes relevés par l'équipe enseignante et les parents d'élèves délégués dans l'école soient résolus : absence de manuels scolaires dans les classes, non fonctionnement de la photocopieuse, nettoyage des classes irrégulier et insatisfaisant, poubelles débordant dans la cour pendant les heures de classe, problèmes de gardiennage, dégradations des salles de classe par des utilisateurs extérieurs à l'Éducation nationale, etc.". Ce texte, signé par environ 150 personnes, reflète bien la situation de l'école et de nombreuses autres depuis la rentrée 2009.

Le 30 septembre déjà, les instituteurs et le directeur avaient adressé un courrier à la mairie pour signaler les plus importants problèmes : pas de manuel scolaire, pas d'encre pour la photocopieuse, pas de bacs poubelles, dégradation des locaux par des personnes extérieures au public de l'école. Le courrier étant resté sans réponse, l'équipe en avait informé les parents, qui se sont depuis constitués en association.

"Depuis ce courrier, les CP ont eu leurs manuels de lecture, mais c'est tout. Les autres classes travaillent sans manuels, et comme il n'y a pas de photocopieuse qui fonctionne, ils n'ont rien", déplore une mère d'élève. "On se demande comment nos enfants peuvent suivre les programmes officiels de l'Education nationale sans support." Les parents se relayent pour faire des photocopies à leurs frais, récemment un d'entre eux a fait don d'une cartouche, heureusement que l'école publique est gratuite.

 

Maire indisponible, conseil municipal pas fixé

 

Récemment le maire de Mamoudzou, pourtant lui-même directeur d'école primaire, aurait répondu aux instituteurs que pour obtenir ce qu'ils veulent, le mieux était d'aller manifester… à la mairie.

Qu'à cela ne tienne, jeudi après-midi cinq parents d'élèves sont partis à l'assaut de l'hôtel de ville. Plusieurs buts à cette visite : donner au maire la pétition, le courrier et la liste des fournitures manquantes – livres scolaires, feutres à tableau, peinture et pinceaux, ordinateur pour le directeur, encre à photocopieuse… -, prendre rendez-vous avec lui pour discuter des solutions possibles, obtenir la date du prochain conseil municipal "pour voir comment ça se passe", et consulter le compte administratif 2008 et le prévisionnel 2009.

En réunion avec le président de la Chambre territoriale des comptes et certains de ses collègues, le maire a donc repoussé les parents vers sa secrétaire, qui a accusé réception des courriers. Concernant le rendez-vous souhaité, ce fut une autre histoire :

"- Je ne peux pas vous prendre un rendez-vous avec le maire, il part en mission demain.

– Mais il ne revient pas ?

– Si, le 22 novembre.

– Alors prenez-nous un rendez-vous pour après le 22…

– Non, je ne peux pas, on m'a dit de ne pas prendre de rendez-vous pour le maire…"

Quant au prochain conseil municipal, personne, pas même le maire, n'a pu leur donner la date. Finalement, après un passage à la comptabilité pour consulter les comptes de la commune, qu'ils reviendront observer plus en détail prochainement, les parents ont déniché M. Daroussi, chargé des questions scolaires, qui a semblé prendre l'affaire au sérieux.

"Il a appelé devant nous la société HG qui doit venir demain vendredi installer des cartouches dans la photocopieuse", raconte une maman. "Nous sommes satisfaits sur ce point, en revanche nous avons découvert que le devis pour les livres a été signé… hier. Il n'a pu nous donner aucune explication valable à ce sujet et ne sait pas quand les manuels arriveront."

Les parents ont rendez-vous lundi après-midi avec M. Daroussi pour vérifier que l'encre est arrivée et rediscuter des problèmes de l'école.

 

Hélène Ferkatadji