La Société des plantes à parfums de Mayotte, la SPPM, a su évoluer depuis son rachat il y a 50 ans par Fidahoussen Kakal, reprise par son fils Ismaël Kakal, puis son petit-fils Gamil Kakal et sa nouvelle dénomination, Cananga, en 2001. La transformation du riz avec la Rizomay, les outils et matériaux de construction avec Batimax, l'aménagement et la décoration de la maison avec Méga, le ciment en association avec le numéro 1 mondial, le français Lafarge, qui a permis la construction de 4 silos à Longoni en 2001 pour assurer l'approvisionnement aux normes européennes de ciment sur une île en travaux, l'embouteillage de gaz avec la Somagaz en 2008, aboutissant à la première entreprise aux normes Seveso 2, le magasin M. Bricolage enfin, dans la zone commerciale de Hamaha, qui devrait voir sa surface de vente augmenter de 80% prochainement… En tout ce sont 12 sociétés qui emploient 200 personnes.
Après 50 ans d'activités à Mayotte, le groupe dirigé par la famille Kakal réalise actuellement 50 M€ de chiffre d'affaires et figure parmi les 100 premières entreprises de l'océan indien. En 2008, l'objectif fixé par le président du directoire Gamil Kakal, titulaire d'un MBA d'HEC, est d'atteindre les 60 M€ de CA. La nouvelle activité à Maurice et le rachat d'une société mahoraise à la fin 2007, chargée de commercialiser différentes marques rassemblées sous l'appellation Distrimax, devrait y participer.
Cette entreprise, qui a su prendre le virage de la modernité sous la houlette de son jeune président, a toujours su s'investir dans la vie économique et sociale, de la fondation et la présidence du Groupement patronal de Mayotte (ancêtre du Medef Mayotte) au sponsoring de nombreuses manifestations, de la mise ne place d'une cantine très appréciée de ses salariés à des conditions de travail et salariales enviées sur la place, cette société a toujours su participer aux avancées sociales et économiques de l'île. Gamil Kakal, âgé d'une cinquantaine d'années, a d'ailleurs été élevé au grade de Chevalier de l’Ordre national du mérite français par le Président de la République le 25 juillet 2006.
Une étape pour l'économie mahoraise
Alors que l'on parle de plus en plus d'ouverture sur la région, cette semaine ce groupe mahorais a franchi une nouvelle étape. Le projet mûrissait depuis 5 ans. Il "témoigne, en premier lieu, de la confiance de ses actionnaires et de ses dirigeants dans la stabilité politique de Maurice dans une région qui a connu et connaît encore de fréquents soubresauts. Confiance également, Madame la ministre, dans la politique économique de votre gouvernement qui a su habilement attirer les investisseurs étrangers, tout en leur offrant un environnement propice à l’épanouissement de leurs projets", a déclaré Gamil Kakal à la ministre de l'économie Indira Seebun présente pour l'occasion, à la tribune installée devant le magasin situé dans le grand centre commercial à Trianon, au centre de Maurice. Une quarantaine de cadres du groupe, des partenaires et amis avaient fait le déplacement depuis Mayotte, mais on trouvait aussi les principales personnalités économiques mauriciennes, ainsi que réunionnaises, comme François Caillé ou Alain Foulon de l'Eco Austral.
Avec un associé mauricien (à 30%) important investisseur dans l'immobilier commercial en particulier, ce projet a pu voir le jour grâce à l'engagement de toute l'équipe de Cananga, dont des cadres ont quitté Mayotte pour en assurer la mise en place. C'est ainsi que Jean-Luc Le Run, précédemment à Mayotte, en assure la direction, sur place depuis un an, avec Sylvain Lannoy et 31 employés. L'objectif fixé était l'ouverture le vendredi 30 mai à 9h30 : "cet objectif a été tenu au prix d'un dépassement de soi", pour lequel Gamil Kakal a tenu à féliciter chaleureusement tous ses collaborateurs.
Dans les 5 ans à venir, il est prévu l'ouverture de 2 autres M. Bricolage à Maurice. La croissance économique de 6% par an depuis 10 ans dans ce pays voisin est un argument fort. Le groupe Cananga, au vu du succès de l'enseigne à Mayotte, a obtenu la carte pour Mayotte, mais aussi Maurice et les Seychelles.
Il s'agit de "porter haut les couleurs françaises" a conclu Gamil Kakal avant de remercier les nombreuses personnalités présentes, parmi lesquelles le président du conseil général de Mayotte Ahamed Attoumani Douchina, le député Abdoulatifou Aly, le sénateur Soibahaddine, le maire de Mamoudzou et plusieurs conseillers généraux qui ont profité de ce déplacement pour nouer des liens avec les autorités mauriciennes.
Une économie mauricienne en plein essor
La ministre de l'économie mauricienne Indira Seebun a salué dans cette inauguration "un signe encourageant et positif", montrant que "le désir d'ouverture de Maurice a trouvé un écho favorable dans un pays en pleine mutation". La ministre a mis en avant le fait que ce développement économique dégage des moyens financiers qui "permettent de lutter contre les précarités". "Le pessimisme présent pendant des années laisse la place à l'optimisme", a continué la ministre qui a rappelé que le PNB par habitant se situe désormais à 7.000 $ par an.
Les investissements étrangers se sont ainsi élevés à 15 milliards de roupies en 2007, dans les finances, le tourisme ou l'éducation. "L'île Maurice et la France ont des affinités culturelles et linguistiques", a rappelé la ministre dans un français impeccable, précisant tout de même que "la réussite économique demande une vigilance de tous les instants". Son espoir est que "les investisseurs étrangers et mauriciens puissent construire un avenir commun", a-t-elle conclu avant de couper le ruban et de visiter les 2.700 m2 de ce magasin, symbole d'une Mayotte française qui s'ouvre sur la région.
M. Bricolage à Trianon
Cette ouverture a nécessité un investissement de 175 millions de roupies mauriciennes, soit près de 4,5 M€. 36.000 articles sont en rayon sur 2.700 m2 de surface de vente avec 600 m2 de réserve. On y trouve des rayons dédiés à la quincaillerie, à l'électricité, aux outils, à la décoration, à la plomberie, au bois, au jardinage, aux sanitaires et aux matériaux. 31 salariés y travaillent sous la direction de Jean-Luc Le Run.
Le groupe M. Bricolage
Yves Lafargue, dirigeant du conseil d'administration du groupe M. Bricolage et bon connaisseur de Maurice, a fait le déplacement. Il s'est rappelé, à la tribune, 10 ans en arrière, quand il était venu inaugurer et diriger l'entreprise MFD dans le port franc. 1.300 personnes y travaillent aujourd'hui.
Il a rappelé les 525 magasins de ce groupe français, sous les enseignes M. Bricolage et Catena, dont 60 répartis dans 13 pays et représentant 150.000 m2. Le groupe emploie 11.000 collaborateurs et réalise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, s'appuyant sur la centrale basée à Orléans. 90.000 m2 ont été ouverts en 2007 et 11 magasins devraient ouvrir en 2008, pour un total actuellement de 1,2 million de m2 de surface de vente à travers le monde.
Trois défis conditionnent le développement de ce groupe français. Tout d'abord fonder les décisions sur la satisfaction des clients. Ensuite travailler dans le cadre d'un "développement durable, calculé et progressif" avec par exemple des peintures sans solvant, des ampoules à économie d'énergie, des bois issus de forêts à gestion raisonnée. Et enfin la réussite des franchisés.
Personnalité reconnue du monde économique français, ancien dirigeant de différents grands groupes (Promodès, Groupe Bolloré), expert auprès de la Chambre d’arbitrage de la logistique, Yves Lafargue a tenu à saluer "le véritable entrepreneur, la réussite exceptionnelle et les expériences concluantes", enregistrées par le groupe Cananga et Gamil Kakal.
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