Assurer l'approvisionnement du marché local d'ici à 2013, c'est le but du programme de développement de l'aquaculture lancé par la Chambre d'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture de Mayotte, la Capam, en partenariat avec Aquamay. La Chambre d'agriculture a repris un projet élaboré à l'origine par Aquamay et entend élaborer un véritable programme de développement basé sur différentes études, essentiellement sur le marché local, mais aussi sur l'extérieur. "La production locale peut être dynamisée par une production qui vise l'exportation, explique le directeur des services Jacques Domalain, on ne peut pas dissocier les deux, mais le plus important reste le marché local."
Présenté devant le ministère de l'Agriculture, l'Odeadom, le conseil général,… le projet a reçu un accueil très favorable. Il se traduit par des études précises qui définiront l'état de l'aquaculture sur Mayotte afin de déterminer les éléments à mettre en place pour l'approvisionnement du marché local, ainsi qu'une analyse de la région, que ce soit dans les pays du Golfe, l'océan indien ou l'Afrique du Sud, pour déterminer les marchés intéressants et intéressés par nos produits, les infrastructures en places ou à installer, les besoins, les freins éventuels, etc.
"Le marché de l'Europe est déjà investi par Mayotte Aquaculture qui y exporte 150 à 200 tonnes par an, c'est pourquoi nous avons choisi de nous tourner vers le marché régional. Nous avons fait appel pour cela à des entreprises spécialisées." L'étude qui porte sur le marché extérieur a démarré il y a un mois, elle sera finie dans le courant du mois de mai. Celles sur marché local seront lancées vers juin/juillet pour être terminées avant décembre et être présentées au séminaire de l'aquaculture.
"On sait produire, maintenant il faut savoir vendre"
"Ces études permettront d'avoir une vision de l'avenir sur 10 ans, pour définir si ce secteur est porteur, poursuit M. Domalain. Nous avons besoin de chiffres pour convaincre les institutions de nous aider. Nous recevons tous les jours des jeunes mahorais motivés qui veulent s'installer dans la pêche ou l'aquaculture. Nous devons savoir quoi leur dire, être en mesure de les conseiller. Ces études vont permettre de quantifier le besoin et de définir quelle place il y a pour combien de nouveaux aquaculteurs. Il faut une production raisonnée, les personnes déjà installées ont souffert de ce manque de connaissance du marché." L'étude de marché devrait également permettre de trouver des solutions aux problèmes de transport soulevés par Mayotte Aquaculture.
"Produire, on sait faire, estime Dominique Marot, représentant des aquaculteurs à la Capam, en n'importe quelle quantité. Maintenant il faudrait savoir vendre. Pour en vivre il faut atteindre 30 à 40 tonnes par an." Si ces études n'apporteront aucune garantie, la Capam espère toutefois recueillir le maximum d'informations qui seront consultables par toute personne désirant s'installer, ou déjà installée. Un projet de convention sur 2 ans entre la Capam, Aquamay et la Collectivité est en cours pour la diversification des activités. Elle définit le rôle de chacun des acteurs.
Les résultats des études lancées par la Capam seront présentés lors du 2ème Séminaire de l'aquaculture Outremer, organisé en décembre par Aquamay. Y participeront la Martinique, organisatrice du premier séminaire en 2006, la Guadeloupe, la Réunion et l'Ifremer de Polynésie.
Coquillages et crustacés
Le projet pilote d'élevage de crevettes d'Aquamay est actuellement en stand-by. Contrairement à ce qui a pu être annoncé, les larves de crevettes ne sont pas mortes mais sont arrivées de Madagascar porteuses d'un virus, et n'ont pu être introduites sur l'île. Une partie de ces crustacés a été envoyée en Equateur pour analyse. La Capam va organiser des pêches de crevettes "mahoraises" afin de déterminer si le virus malgache est également présent ici. Si c'était le cas, rien ne s'opposerait à l'importation des larves de Madagascar puisqu'il n'y aurait pas de risque d'introduction d'un nouveau virus.
Autre projet pilote, celui là bien avancé, celui de production de mabés. Mis en place en 2004, le projetde Thierry Laceppe, accompagné par Aquamay et aidé par la Capam qui s'occupe de la valorisation commerciale, est en phase finale d'installation. "Il a créé un marché qui fonctionne de mieux en mieux, estime Jacques Domalain, il a pu exposer ses produits au Salon de l'agriculture. Ce projet à un intérêt touristique évident, nous espérons pouvoir l'aider à la création d'une petite ferme perlière."
Le Parc marin ne convainc pas
Consultés par la mission d'étude pour le Parc naturel marin de Mayotte, les élus de la Capam se montrent dubitatifs. "Un tel parc ne peut se faire qu'avec une très large concertation, estime Dominique Marot. Le parc d'Iroise s'est fait après 14 ans de consultation des acteurs concernés, et c'est une réussite. Les pêcheurs en sont les maîtres d'œuvre et le gèrent."
Les pêcheurs et aquaculteurs exigent toujours le rejet des thoniers senneurs au-delà des 50 milles nautiques, une exigence dont le secrétaire d'Etat à l'Outremer avait affirmé qu'elle était sérieusement étudiée, mais il n'a donné aucune nouvelle depuis. "Il faut tout régler sur terre avant de faire ce parc, affirme M. Marot, pourquoi dépenser dans un parc marin alors que les égouts continueront de s'écouler dans le lagon ? Il faut d'abord dépenser pour l'assainissement, ensuite on verra pour le parc."
La semaine prochaine une délégation de la Capam, avec un représentant des pêcheurs et un de la Copemay, se rendra à Rennes, le 21 avril pour le comité régional des pêcheurs et le 22 au parc marin de la mer d'Iroise. Les pêcheurs d'Iroise expliqueront aux Mahorais le fonctionnement du parc et ce qu'ils en ont obtenu. La délégation sera reçue le 23 par le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. Un partenariat sera mis en place avec les pêcheurs bretons. Ces derniers viendront à Mayotte dans les mois suivants et joueront le rôle de conseil tout au long de la concertation.
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