{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}es mouvements sociaux, dans le public comme dans le privé, sont vecteurs d'une lassitude certaine de la part des salariés face aux employeurs et autres directeurs de services. Ils véhiculent un seul message : l'égalité entre les salariés de Mayotte et leurs collègues de la Métropole, voire de la Réunion.

Du cantonnier de la mairie de Ouangani au garde-champêtre de la mairie de Neuilly en passant par la caissière du groupe Casino, voire le directeur des services du conseil régional du Paca, il s'agit des mêmes obligations, des mêmes devoirs, donc des mêmes droits. Et là-dessus, aujourd'hui, toutes les ambiguïtés (statutaires, réglementaires, économiques) sont levées, comme dans le reste du territoire national.

La problématique est qu'à la fin de ces conflits les chefs d'entreprises ne respectent jamais les protocoles signés, quant aux administrations, elles proposent tout le temps des comités de suivi qui s'arrêtent le jour même de leur mise en place.

Cette démarche démontre clairement le manque de sincérité des administrations, des patrons, face aux revendications des salariés. Pour ces partenaires, le dialogue social se résume à des fourberies, leur permettant de gagner quelques mois, voire quelques années. Ils s'appuient ainsi sur l'aspect assez conciliant des Mahorais en général, mais jusqu’à quand ?

L'élan suscité par le vote du 29 mars dernier par plus de 70% de la population, impose aux partenaires sociaux une politique économique et sociale plus franche, où le tâtonnement n'est plus de mise. Le Mahorais aspire à plus de droits. Il est à la recherche de l'Égalité, de la Fraternité. Il n'accepte plus la palabre politicienne. Il est capable d'arracher ses droits, si toutefois ceux qui les détiennent se refusent de les lâcher.

Le défi du développement qui nous attend nous impose des règles très strictes en matière de gestion de conflits, et pour l'heure le bilan du dialogue social demeure nul pour les organisations syndicales, donc pour les employés, donc pour l'économie du pays.

Alors notre confédération en appelle à la responsabilité de chacun des acteurs sociaux, des patrons de PMI, PME, en passant par Monsieur le préfet, sans oublier les dirigeants des collectivités locales, mairies et autres présidents.

Le développement social et économique ne peut pas se faire au détriment des salariés de cette île. Ces mêmes salariés dans tous les secteurs sont au bout du rouleau, et les raisons du "ras-le-bol" ne manquent pas : une intégration qui ne finit pas, des salaires qui n'augmentent pas, des prix qui flambent, des entreprises qui licencient, des chefs de service, des directeurs qui ne sont jamais sincères dans les négociations.

Face à tout cela, Monsieur le préfet et les responsables politiques locaux se lancent la balle pour savoir qui n'a pas de projets, donc qui a perdu plus d'argent émanant de la solidarité nationale.

La réalité est toute autre. Les salariés savent très bien que si l'État reprend l'argent destiné aux citoyens de Mayotte ce n'est surtout pas par manque de projets. Simplement, il essaye de se défiler, de fuir ses responsabilités, en prenant au passage les collectivités locales comme bouc-émissaire.

Les projets de Mayotte (port, aéroport, routes, écoles, cadastre, état civil, politique sociale) tout le monde les connaît, à commencer par ces soi-disant responsables de tout bord.

Alors, les services de l'État comme les collectivités locales, doivent avoir déjà travaillé depuis tout ce temps, nous exigeons enfin des résultats. Les organisations syndicales, au premier rang desquelles la CGT-Ma, en ont marre du constat (toujours le même), elles exigent des résultats concrets et tout de suite. Des résultats réalisables donc mesurables, bref, la vérité.

L'économie de Mayotte est sous perfusion des aides de l'État. Les entreprises et les salariés sont dépendants de la fluidité de ce transfert. Le déballage des responsables sur la place publique ne nous intéresse pas. D'autant plus que cela fait pratiquement vingt ans qu'ils nous rabâchent la même chose "pas de projet, pas de sous", bien qu'ils n'ont rien fait pour qu'il en soit autrement.

Messieurs les patrons, Messieurs les dirigeants des collectivités locales, Messieurs les secrétaires généraux, nous devons rassembler franchement et sincèrement nos efforts pour accompagner ce pays vers un développement social et économique harmonieux dans le droit commun.

Avec un très fort pourcentage de la population au chômage, en plus de la situation irrégulière du séjour des étrangers (plus de 50% des résidents), sans oublier la crise économique mondiale, la population se cherche un idéal qui s'éloigne chaque jour un peu plus.

En d'autres termes, nous n'avons plus aucune alternative, tous les voyants sont au rouge. Avec cette passivité, la grève générale nous guette, d'autant plus que les organisations syndicales suivent, dorénavant, la mode nationale. Elles travaillent en intersyndicale avec les collectifs et autres associations civiles.

Les salariés sont prêts à durcir les actions revendicatives, puisqu'ils se rendent compte que la grève à la mahoraise, qui consiste à être pragmatique, ne donne pas les résultats escomptés.

Les comités de suivi, les protocoles d'accord, les groupes de travail (même de Très haut niveau), les Révisions générales des politiques publiques, les États généraux sont autant de chambres d'enregistrements pleines de bonnes intentions incrustées de très mauvaises volontés. Elles aboutiront nulle part. Nous devons changer de méthodologie, les salariés nous l'exigent et immédiatement.

 

Pour la CGT-Ma,

Le secrétaire général