{xtypo_dropcap}A{/}xtypo_dropcapprès plus d’un mois de campagne électorale, un constat s’impose : les élections européennes ne passionnent pas les Mahorais. Tant au plan géographique qu’administratif ou politique, l’Europe est loin des préoccupations quotidiennes. De plus, seuls 4 Mahorais figurent sur les listes en lice et aucun d’entre eux en position éligible. Difficile de motiver les troupes dans ces conditions où les esprits sont plus tournés vers le pouvoir d’achat et les grèves en séries.

Pourtant, les affiches fleurissent un peu partout, notamment celle du Modem avec Sophia Hafidhou et de l’UMP avec Daourina Romouli, rappelant que le scrutin a lieu ce dimanche. Les Mahorais comme les autres Ultramarins, ont le choix entre 11 listes. Selon un système saugrenu, l’Outremer français sera représenté par trois élus, un de chaque océan en théorie, évitant le précédent de 2004 où 3 Réunionnais avaient monopolisé les sièges ultramarins de députés européens à Strasbourg.

Le Parlement européen a globalement trois pouvoirs : un pouvoir législatif (mise en place de lois communautaires), un pouvoir budgétaire et un pouvoir de contrôle sur la Commission européenne et la Banque centrale. Les domaines de compétences du Parlement européen sont très larges. A Mayotte, ce que l’on retient du rôle de l’Union européenne est plutôt d’ordre financier.

Ainsi, la CDM reçoit environ 20 millions d’euros par période de 5 ans au titre du Fed (Fonds européen de développement). C’est avec l'aide du Fed que l’électrification et l’accès à l’eau potable ont pu être réalisés à la fin des années 80 et au début des années 90. Si Mayotte obtient le statut de Rup (région ultra-périphérique), elle sera éligible à toutes les aides européennes.

Vu le retard structurel de l’île, cette manne serait la bienvenue. Nos élus ne manquent pas de citer l’exemple de nos voisins réunionnais qui ont reçu 1,9 milliard d’euros pour la période 2007-2013 pour construire leurs routes, améliorer leurs infrastructures (port, aéroport notamment), aider des secteurs tel que la pêche et l’agriculture, ou encore l’emploi et la formation. Si un tel pactole était disponible pour Mayotte, beaucoup de choses pourraient aller plus vite. Mais, cela implique aussi que les dossiers soient suivis par les personnes qui en ont la charge et en premier lieu nos élus.

L’Europe, c’est aussi une législation stricte commune aux 27 pays européens. Aujourd’hui, Mayotte possède une cellule européenne au sein du conseil général de Mayotte, mais pas de représentant permanent à Bruxelles ou à Strasbourg, villes où siègent la Commission et le Parlement européens. Il y a un an, le président du conseil général, Ahamed Attoumani Douchina était allé plaider la cause mahoraise à Maurice auprès de l’ambassadrice de la Commission européenne Claudia Wiedey. Après-demain, ce sera aux électeurs mahorais de prouver leur intérêt pour l’Europe en se rendant aux urnes. L’affluence sera-t-elle au rendez-vous ?

 

Faïd Souhaïli


 

Un mode de scrutin alambiqué

Pourquoi faire compliqué, quand on peut faire simple ? Le gouvernement a choisi une formule alambiquée pour ce scrutin européen en ce qui concerne l’Outremer. Comme en 2004, la circonscription regroupe tous les départements et collectivités d’Outremer, ce qui en fait la plus grande circonscription du monde. Mais pour cette année, la circonscription a été divisée en 3 bassins : Atlantique (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Barthélémy, et Saint-Pierre-et-Miquelon), Indien (Mayotte et la Réunion) et Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie et Wallis-et-Futuna).

Le but de cette division est d’éviter que les 3 sièges mis en jeu reviennent tous les trois à une même collectivité, comme ce fut le cas pour la Réunion en 2004. Les trois sièges d'Outremer seront dans un premier temps répartis entre les listes à la représentation proportionnelle, à la plus forte moyenne, sur la base du résultat de l'ensemble de la circonscription ultramarine. Une fois déterminé le nombre de sièges attribués aux différentes listes, il restera à savoir où elles les obtiennent.

L'ordre dans lequel les sièges sont répartis sera déterminé par le nombre de voix obtenues au total dans la circonscription d'Outremer. La liste arrivée en tête obtiendra son siège (ou ses sièges) dans la section (ou les sections) où elle a obtenu son meilleur score, en pourcentage des suffrages exprimés. La liste arrivée seconde obtiendra son siège dans l'une des sections restantes où elle a obtenu son meilleur score, toujours en pourcentage des suffrages exprimés. Si tous les sièges ne sont pas encore attribués, la troisième liste obtiendra son siège dans la troisième et dernière section.

Si l'on avait appliqué ce système en 2004, les trois listes arrivées en tête (PCR-Alliance 28,85%, UMP 25,35% et PS 19,05%) auraient obtenu chacune un siège. Mais à la différence de 2004, où trois Réunionnais (Vergès PCR, Sudre UMP, et Fruteau PS) avaient remporté les trois sièges de l'Outremer, l'UMP aurait obtenu son siège dans le Pacifique et le PS le sien dans l'Atlantique, malgré un score faible.

 

 

Quatre candidats mahorais inéligibles

Onze listes de neuf noms ont été déposées pour concourir dans la circonscription ultramarine. On peut se demander pourquoi avoir permis de mettre neuf noms, sachant qu’aucun d’entre eux n’est suppléant et qu’il n’ya que trois postes disponibles. Peut-être pour permettre à chaque collectivité d’être représentée. Quoiqu’il en soit, pour les Mahorais, il n’y a aucun espoir d’être élu.

Les mieux placés sur leur liste sont Ahamada Salime chez les Verts et Sophia Hafidou pour le Modem en quatrième position. Abouchirou Saïd pour le PS est en cinquième position alors que Daourina Romouli est en dernière position à l’UMP. A noter que la Fédération des partis progressistes a choisi de soutenir la liste menée par le communiste réunionnais Elie Hoarau, même si aucun élu n’y figure.