05/03/2010 – Enquête sur l’hygiène dans les écoles

Portes défoncées, lavabos bouchés, eaux stagnantes, électricité défectueuse… Le constat est dramatique. Extraits.
En matière de sanitaire, nous nous intéressons en particulier aux installations relatives à l’hygiène ainsi qu’à la propreté de l’ensemble. Sur le terrain, nous nous sommes intéressés aux types de sanitaires présents dans chaque établissement. 52% des écoles sont équipées de WC en cuvette; 22% de toilettes à la turque et 26%, à la fois de toilettes à la turque et en cuvette.

Ces chiffres nous ont permis de voir que toutes les écoles maternelles sont pourvues de sanitaires en cuvette. Et que lors de la visite, nous avons pu constater que les sanitaires, dans les écoles maternelles, étaient plus propres que ceux des écoles primaires en général. Mais si on ne tient compte que de ces observations, cela ne suffira pas pour expliquer cette différence.
Aussi, 48% des établissements n’ont pas de toilettes séparées. Ce chiffre est très élevé car dans toutes les écoles maternelles, les toilettes sont mixtes. Les 52% restants représentent en majorité des écoles primaires et comptent respectivement des sanitaires séparés filles et garçons.
Pour les maîtres d’école, 96% des écoles ont des sanitaires réservés aux maîtres. Les autres sont les écoles dont les sanitaires des maîtres sont transformés en local pour les raisons suivantes :
– l’établissement n’a pas de lieu de stockage pour le matériel d’entretien
– il y a de mauvaises odeurs qui proviennent du système d’assainissement
– la chasse d’eau ne fonctionne pas.
Il convient de noter qu’aucun établissement ne possède des aménagements adaptés pour faciliter l’accès aux sanitaires pour les personnes en situation d’handicap.
L’ensemble des ces données conduit à dire que les sanitaires sont bien répartis dans l’ensemble des établissements et facilement accessibles, sauf pour les enfants en situation de handicap.
De plus, il est important de séparer les toilettes dans les écoles primaires entre la CP et la classe de CM2 car les enfants montrent de plus en plus d’autonomie au niveau de l’hygiène corporelle, ce qui traduit un aspect majeur pour le développement de l’enfant.

Pas de papier toilette dans 87% des écoles, et pas de savon !

Les équipements présents dans les sanitaires sont des indicateurs majeurs de l’hygiène corporelle pratiquée par les enfants dans les établissements scolaires. Cela va peut-être permettre d’établir une relation entre leur présence et l’hygiène dans les écoles. 91% des écoles n’ont pas de distributeur de papier toilette dans les sanitaires et pour les 9% qui en possèdent, leurs distributeurs n’en sont pas équipés car ils sont fournis en quantité insuffisante. 87% des écoles, en effet, ne sont pas pourvues de papier toilette dans les sanitaires. De plus 91% des établissements n’ont ni de poubelle ni essuie-mains, et aucune ne détient de sèche-main.
96% des écoles ne possèdent pas de serviette en papier. Dans les écoles maternelles, ils utilisent une serviette collective pour essuyer les mains des enfants. Elle est changée tous les lundis et les mercredis.
52% des écoles ne disposent pas de savon dans les toilettes. La plupart de ces écoles sont des écoles primaires et les 48% des écoles qui en ont sont surtout des écoles maternelles. Les quelques écoles primaires qui en possèdent les distribuent à la demande des élèves. Dans 96% de écoles, leurs sanitaires ne sont pas équipés de savon liquide ni de distributeur et ceux qui en possèdent ne comptent toujours pas de distributeur.
On constate aussi que 48% des sanitaires des écoles ne sont pas pourvus de verrous fonctionnels. Ce chiffre représentatif concerne surtout les maternelles car les maîtres et Asem doivent avoir l’oeil sur chaque élève. C’est pourquoi nous avons 43% des écoles qui n’ont pas de cloisons séparatives sur toute la hauteur.

"La situation est plus grave, voire même inquiétante dans les écoles primaires"

En primaire, les verrous ne sont pas fonctionnels et parfois la porte est cassée. Bien que tous les sanitaires des écoles soient équipés de lavabos et de matériels d’entretien, le constat révèle que les équipements permettant de pratiquer une hygiène correcte sont insuffisants, voire même absents des toilettes. Lors de la visite, nous avons remarqué que dans certains sanitaires, les portes des cabines ne sont pas fonctionnelles car les verrous sont endommagés, les portes sont dégradées par l’humidité provoquant des grandes ouvertures vers le bas de la porte. Par conséquent, les WC deviennent inutilisables car l’intimité de chaque individu n’est pas assurée et les élèves ne se sentent pas en sécurité des éventuels voyeurs.
En fin de visite, nous faisions une appréciation sur la propreté des sanitaires. Ainsi, on note que la propreté des sanitaires n’est pas satisfaisante à 70% et même si l’aération est acceptable à 52%, par contre 48% des sanitaires ont une aération insuffisante.
Les écoles maternelles sont moins concernées car elles ne cumulent pas les deux à la fois. Et les enfants sont accompagnés par un adulte lorsqu’ils se rendent aux toilettes. Mais cela ne suffit pas car des questions se posent sur l’entretien des sanitaires, notamment sur le protocole de nettoyage. A savoir, les lavabos ne sont pas bien entretenus, on retrouve de la crasse qui s’est colmatée dans les recoins des toilettes.

"Les élèves contraints de prendre l’eau des toilettes pour étancher leur soif"

Au sujet des écoles primaires, la situation est plus grave, voire même inquiétante car dans certains établissements il y a un manque total d’hygiène dans les sanitaires. C'est-à-dire, la ventilation comme la propreté ne sont pas suffisantes. Et les équipements pour l’hygiène ne sont pas présents dans les toilettes.
57% des écoles n’ont pas un point d’eau pour boire en dehors des sanitaires. Les primaires sont contraints de prendre l’eau des toilettes pour étancher leur soif. Parallèlement, les maternelles sont équipées d’un point d’eau dans la salle de cours.
Concernant la surveillance, 96% des écoles ont mis en place des points surveillances lors de la récréation. Mais dans 17% des établissements, des incidents se sont reproduits. Des enfants se sont retrouvés bloqués dans les sanitaires.
De plus, on a constaté que la propreté des toilettes est à revoir car non seulement les nettoyages ne sont pas bien faits, mais aussi nous avons remarqué que 35% des établissements avaient au moins un lavabo bouché et 17% avaient un débit d’eau faible au niveau de la chasse d’eau. 22% des établissements avaient des fuites qui laissent passer l’eau des toilettes vers l’étage du dessous. Les approvisionnements en produit d’entretien ne sont pas réguliers, soit 67% écoles concernées.

Enquête sur l'hygiène dans les écoles mayotte

De l'eau stagnante dans les toilettes

Il est important de faire la vérification des systèmes d’évacuation d’eau, car ils permettent l’épanchement des eaux de pluies et les eaux usées. En même temps, c’est un moyen permettant de lutter contre la mise en place des milieux propices à la prolifération des agents contagieux (bactéries) et à la reproduction des moustiques, qui sont des vecteurs de certaines maladies tropicales.
Il s’avère que 78% des établissements ont une stagnation d’eau dans les toilettes. En période de pluies, 43% des établissements disent avoir des stagnations importantes des eaux dans la cours de recréation qui peuvent durer plusieurs jours. Alors que le constat révèle que 74% des systèmes d’évacuation sont couverts par une grille de protection, les 26% restant des établissements ont une partie des canalisations non couverte…
De cette analyse, l’information qui revient le plus souvent est le défaut de construction au niveau des bouches d’évacuation, car elles sont mal placées. Mais ce critère ne suffit pas à lui seul pour expliquer ces stagnations, parce que d’autres constatations amplifient le problème.
De même, 26% des établissements ont des gouttières cassées et pas nettoyées ; 61% ont des canalisations bouchées et 22% ont eu des salles inondées en période de pluie. S’ajoutent aussi, les eaux usées du voisinage qui se déversent dans 13% des cours de récréation et dans certains cas les canalisations de la ville passent dans la cours. Ils ne sont pas entièrement couverts, il y a une forte émanation de mauvaise odeur et les enfants jouent au dessus.
Tous ces éléments montrent encore une fois qu’il y a un manque d’entretien des établissements scolaires. Et cela a pour conséquence la mise en place de zones interdites aux enfants car la salubrité n’est pas du tout acceptable.

Des cartons en guise de poubelle

 

L'enquête révèle que tous les établissements, toutes catégories confondues, ont mis en place un système de collecte qui consiste à récupérer les emballages des goûters, la peau des fruits consommés par les enfants, les feuilles des arbres, les papiers et les canettes des boissons. Mais il n’y a que 52% des écoles qui ont des poubelles facilement accessibles grâce à leur disposition et 48% ont des poubelles conformes; le reste utilise des cartons pour collecter les déchets.

De l'eau dans les salles… et le circuit électrique !

D’autres problèmes liés à la sécurité ont vu le jour, à commencer par celui concernant la toiture. 26% des établissements ont une toiture qui fuit ; 34 % des écoles voient l’eau pénétrer directement dans le circuit électrique d’une salle, une eau venant également des toilettes de l’étage supérieur.
26% des établissements on des problèmes lié à l’électricité comme de coupures fréquentes, qui ont comme conséquence la désactivation de l’alarme d’évacuation. Et 4% ont des portes coupe-feu hors service. 13% des écoles ont au moins une salle dont le carrelage du sol est cassé ou décollé. Cela représente un risque de chute ou d’entorse pour les enfants. Pour finir, 4% des établissements n’ont pas de trousse de premier secours.
Il ressort de cette analyse qu’il y’a un manque considérable d’entretien des établissements scolaires, ce qui est la cause d’une insalubrité importante.

 

Répartition des rôles

Les engagements du Smiam
"En droit, le Smiam se définit comme un propriétaire-constructeur qui est dans l’obligation de mettre à disposition "un bien" conforme, salubre et sécurisé. Il doit assurer le clos et le couvert. Ces travaux sont considérés comme indispensables à la conservation du patrimoine. Entrent dans cette catégorie :
– La reprise des sols des varangues et escaliers,
– La réfection des couvertures et plafonds,
– La consolidation des soubassements, reprise en sous-oeuvre des bâtiments, réfection des murs en cas de problèmes de solidité dûment constatées par un organisme agréé,
– Le remplacement des canalisations d’eaux usées et pluviales,
– Les travaux de ravalement extérieurs (laissés à l’appréciation du propriétaire),
– Le bon entretien des accès de secours.

A ces contraintes légales, le Smiam ajoute :
– La revivification périodique des installations électriques,
– La mise en conformité des dispositifs de protection contre les incendies."

Le rôle des communes

"Les communes doivent assurer l’entretien courant et la petite réparation des bâtiments :
– l’entretien courant de la plomberie, sanitaire, vidange des fosses sceptiques, l’entretien de l’assainissement, le curage des caniveaux,
– la signature de contrats d’entretien pour les mini stations d’épuration,
– le renouvellement des équipements intérieurs : lavabos, cuvettes WC, chasses d’eau,
– Le débouchage et le remplacement des éléments sanitaires cassés,
– le renouvellement du mobilier scolaire,
– les remplacements des vitres et des ampoules,
– le remplacement des menuiseries détériorées, le graissage et préparation des serrures,
– le traitement des charpentes et couvertures,
– l’entretien des espaces intérieurs et extérieurs, notamment l’élagage des arbres, le débroussaillage,
– l’entretien des fixations et fermetures des portails, volets et autres fermants.
Les communes doivent, par ailleurs, assurer le gardiennage des locaux et leur entretien au quotidien."

Des accidents en augmentation

"Une enquête menée par la commission "premier degré" qui est sous la direction de l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement, révèle que pendant l’année 2005/2006 plusieurs accidents ont eu lieu dans les établissements scolaires, et que le nombre d’accidents est en perpétuelle augmentation en 2006/2007, il passe de 298 à 340.
Il concerne en premier les élèves de CP à 27%, puis les CM2 touché à 14,7% des accidents. Toutes les tranches d’âges sont touchées par ces accidents qui ont lieu pendant la récréation et l’heure du déjeuner, dont la plupart a nécessité une consultation médicale. 8 accidents ont exigé une absence minimum d’une semaine et 68 moins d’une semaine."

Des règles sanitaires à respecter

"D’après l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement, il apparait qu’il n’y a pas de normes propres relatives aux caractéristiques des sanitaires scolaires (surface, nombre de WC, équipement…), car il y a un vide juridique. Cela se confirme par les nombreuses recherches faites pour mieux comprendre le sujet.
L’article L1311-1 et l'article L1311-2 du code de la santé publique rappellent aux autorités locales que des décrets fixent les règles générales d’hygiène et des mesures spécifiques à la préservation de la santé de l’homme. De plus, les arrêtés du préfet de département peuvent les compléter, afin d'assurer la protection de la santé publique dans les collectivités locales.
2) L’arrêté préfectoral N°025, portant sur le règlement sanitaire de la Collectivité départementale de Mayotte (annexe III page 57), permet aux dispositions portant sur le règlement sanitaire départemental de s’appliquer à toutes les communes de Mayotte.
Le secrétaire général adjoint, les maires, la Dass, les vétérinaires inspecteurs, la police,… sont chargés, chacun en ce qui le concerne, d’exécuter cet arrêté préfectoral."

 

Légende photo:
"Dans cet établissement, la moitié des sanitaires ne sont pas utilisables du fait que les portes ne tiennent plus, il y a plus d’eau, les chasses d’eau ne fonctionnent pas. Pour ces raisons, les toilettes restent condamnées. Pour finir 4% des établissements brûlent leurs déchets végétaux dans la cour de récréation."
 

Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.

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