{xtypo_dropcap}C{/xtypo_dropcap}es Assises sont organisées dans le cadre de la préparation du Schéma directeur d'assainissement pour la mise en œuvre des futures infrastructures du Sieam nécessaires au développement de Mayotte, en respect des orientations du Sdage (Schéma directeur d'aménagement et de gestion de l'eau), afin d'obtenir dans les délais impartis un bon état écologique des masses d'eau (74%). Il s'agit d'amener à la population un service d'assainissement moderne fonctionnant dans des conditions satisfaisantes au meilleur coût, afin que toutes nos eaux usées n'aillent pas polluer le lagon.
Pour faire face au défi des dix prochaines années, qui consistera à construire 12 stations d'épuration et des réseaux de collecte des eaux usées pour un coût d'investissement de plus de 750 millions d'euros, le Sieam souhaite une collaboration précieuse et fructueuse de l'ensemble des acteurs de l'île, du monde économique, agricole, de l'éducation, des usagers, des associations de consommateurs ainsi que les institutions.
Ces Assises ont pour but de questionner l'ensemble des acteurs publics et privés, élus et collectivités, Etat, syndicats professionnels et partenaires sociaux, consommateurs et associations pour recueillir leurs analyses de l'état des lieux et des évolutions à engager dès maintenant.
650 M€ à trouver pour réaliser les investissements nécessaires
Il n'y a en effet aujourd'hui que 4.000 usagers raccordés à Mamoudzou, auxquels il faut ajouter les 2.000 autres raccordées aux mini-stations de type lagunage de Dzoumogné et M'ronabéja. Sur les 270 mini-stations recensées sur l’île, seulement 4 fonctionnent aujourd'hui. Après l’extension de la station du Baobab en cours de réception, la station d'épuration de Dembéni est la première à sortir de terre, pour un coût évalués à 7,1 M€, à laquelle il faudra ajouter 3,5 M€ pour raccorder les usagers au réseau.
Pour l'instant, seulement 100 M€ sont consacrés à l'assainissement dans le Contrat de projet. "On peut imaginer un financement tripartite Etat/conseil général/Union européenne, ou des emprunts et des baux emphytéotiques si le syndicat arrive à être solide", précise M. Soula, qui constate que le service assainissement du Sieam est encore très déficitaire, même si la situation financière s'est beaucoup améliorée, le déficit étant passé de 900.000 € en 2008 à 250.000 € en 2009. Une tarification sociale sera donc difficile à mettre en place.
2.000 à 2.500 € pour raccorder chaque foyer
"On jouera sur les quantités mais pas sur les prix", assure M. Soula, qui envisage un taux de redevance en fonction des quantités rejetées, sur le modèle de la tarification de l'eau potable. La redevance s'élève aujourd'hui à 1,16 €/m3 : "Compte-tenu de la faiblesse de pouvoir d'achat des ménages, elle n'augmentera pas, même si une délibération l'avait pourtant prévue cette année", ajoute le président du Sieam. Mais grâce à la mise en place de l'assainissement collectif, "les permis de construire pourront enfin être délivrés par les mairies pour régulariser les situations et mettre en place la fiscalité locale", se réjouit-il.
Reste le problème épineux du coût du raccordement des foyers au réseau, évalué de 2.000 à 2.500 € par foyer, normalement à la charge des ménages. "Compte-tenu du contexte local, il est difficile de le demander aux ménages. Le Sieam sensibilise ses partenaires à Mayotte et à Paris pour les aider à se raccorder", explique le président Maoulida Soula, qui rappelle qu'"il faut qu'au moins 30% des usagers soient raccordés pour que la station puisse fonctionner".
Objectif : 70% d'assainissement collectif et 30% d'assainissement individuel
Après un voyage en Martinique l'année dernière où la délégation du Sieam a constaté que le choix d'une stratégie de 40% d'assainissement collectif pour 60% d'assainissement individuel s'est révélé très couteux, de l'ordre de 300 M€ pour mettre aux normes européennes 95% des fosses septiques individuelles, le syndicat intercommunal envisage de mettre en place un système de zonage avec les communes pour atteindre l'objectif de 70% d'assainissement collectif et 30% d'assainissement individuel.
M. Soula s'est déclaré très hostile aux stations de type lagunage, filtres plantés ou Diwatt, qui ne sont pas des solutions viables à grande échelle et demandent beaucoup de foncier, mais dont le parc existant sera néanmoins pérennisé. Il voit par contre d'un bon œil l'expérimentation en cours à Malamani d'une filtration des eaux usées domestiques par la mangrove.
"J'attends avec beaucoup d'espoir les résultats de cette expérimentation. Si le pouvoir épuratoire de la mangrove est avéré, cela permettra de réduire les coûts pour la construction des émissaires qui doivent aujourd'hui rejeter les eaux traitées loin des côtes". Ces eaux traitées pourraient également être utilisées pour arroser les terrains de foot et les boues pour fertiliser les terrains agricoles, à condition que la population l'accepte.
Julien Perrot
Les 12 stations d'épuration prévues
– Extension de la Step du Baobab de 10.000 à 50.000 équivalent-habitants (EH)
– Mamoudzou Sud (Tsoundzou 2) : 60.000 EH
– Dembéni : 10.000 équivalent-habitants, puis 20.000 EH
– Bandrélé : 10.000 EH
– Chirongui et Bouéni : 40.000 EH
– Kani-Kéli : 10.000 EH
– Centre (Ouangani, Sada et Chiconi) : 40.000 EH
– Koungou : 40.000 EH
– Bandraboua : 10.000 EH
– M'tsangamouji et Tsingoni : 40.000 EH
– Acoua et M'tzamboro : 20.000 EH
– Petite Terre : 60.000 EH
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