La rentabilité d'une telle pêche et de ce bateau sont déjà assurées
"La rentabilité d'une telle pêche et de ce bateau sont déjà assurées. Le travail de marin pêcheur à Mayotte, par rapport à la mer qui est rarement grosse, est moins dur qu'à la Réunion et il y a plus à gagner. A la Réunion, on nous achète le kilo d'espadon à trois euros contre cinq euros ici. Je remarque que le kilo de filet de thon envoyé sous vide à Rungis, à Paris, est acheté onze euros pour être vendu 4 euros à 5 kilomètres de Paris. Ce n'est pas normal. A Mayotte, grâce à la coopérative, nous bénéficions d'un climat optimal pour réussir", observe le consultant de Béneteau.
Irchad et Kamal sont prêts à relever le défi. Les deux hommes ont travaillé à la Réunion sur ce type de bateau après avoir obtenu leur diplôme à l'Ecole d'apprentissage maritime de Dzaoudzi. "Nous sortirons 3 à 4 fois par semaine. S'il faut rester la nuit nous le ferons. Nous sommes motivés. Perso, je ne me voyais pas faire le taxi entre Petite Terre et Grande Terre. La pêche c'est mon rêve depuis mon enfance à Hagnoundrou. Je suis né dans l'eau mais je ne voulais pas mettre ma vie ne jeu en partant sur un kwassa à 300 miles. C'est une chance que nous donne la Copemay, il est hors de question de la laisser passer", remarque Kamal.
Dix autres bateaux du même type sont programmés dans les chantiers Béneteau, il faudra juste trouver des gens aussi motivés que ces jeunes Mahorais du sud.
Qui finance ?
Le ministère de l'Outremer (Mom) ne s'est pas contenté de financer l'outil, il a aussi déboursé 40.000 euros dans la formation des mécaniciens qui se chargeront de l'entretien des palangriers et aussi dans l'achat d'intrants indispensables aux pêcheurs comme les appâts.
De son côté, le chantier Bénéteau, à travers sa fondation, a financé à hauteur de 22.000 euros la formation des équipes au métier de la long line. Il est regrettable que les banques ne soutiennent pas cette filière.
Les quatre piliers de la future pêche mahoraise
Développement du long-line avec une flotte d'une dizaine de navires
Repousser les thoniers senneurs au-delà des 50 milles nautiques
Créer des structures portuaires
Développer la pêche artisanale des petites barques grâce au quadrillage de l'île par des dispositifs de concentration de poissons (DCP).
Sur ce dernier point les avis sont partagés. Une étude d'évaluation de la biomasse sous les DCP va être menée en 2008 par l'IRD (Institut de recherche pour le développement, ancien Orstom) et l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) à Mayotte pour l'ensemble de l'océan indien.
Pour les services étatiques la question n'est donc pas urgente, même si les anciens DCP n'existent plus faute d'entretien. Ces DCP, s'ils étaient aux environs des 5 milles nautiques, deviendraient des zones de pêches prioritaires pour les barques. Dans tout l'Outremer, l'efficacité des DCP est avérée. "Elle est une réalité économique pour des pêcheurs qui ne peuvent plus s'en passer", assure le syndicat professionnel maritime des patrons pêcheurs de Mayotte.
Ils ne seraient plus obligés de prendre des risques inconsidérés en direction de la Zélée ou des Glorieuses. A ce propos, six barques construites à Madagascar et importées par Carène moteurs services ont été commandées par des pêcheurs locaux. Leurs configurations ouvrent des campagnes d'une journée, justement dans cette zone plutôt sûre entre 5 et 20 milles nautiques, pour un prix avoisinant les 50.000 euros.
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