{xtypo_dropcap}P{/xtypo_dropcap}asser ceinture noire en art martial, c’est un peu faire partie d’un club très fermé des experts de la discipline. Samedi dernier à Mangajou, les visages des 6 postulants à l’obtention de la ceinture noire de taekwondo étaient tendus. Comme avant chaque grande échéance scolaire, on essaie de se remettre en tête tout ce que l’on a appris auparavant.

Le jury composé des maîtres Papa Demba Diouf (4e dan), Jacques Pichard (3e dan) et Khazaliou Hamid Dieye (2e dan) invite les candidats à exécuter un succession de mouvements imposés (poomse). Les aspirants l’accomplissent sans problème. La difficulté vient ensuite avec le tirage au sort des enchaînements. Pour certains, il faut réfléchir quelques secondes avant de se mettre les combinaisons à l’esprit. Une fois les séquences terminées, maître Diouf indique aux concurrents qu’ils doivent passer à la technique.

La tâche consiste à effectuer des figures une fois que le jury en donne le nom. Tout se déroule bien jusqu’au moment où les taekwondoins doivent casser une planchette en deux avec leurs pieds. La planche en plastique, conçue en deux morceaux détachables, ne veut pas se briser malgré des coups de pieds précis des combattants. Finalement, le reste de l’épreuve se fera grâce à des raquettes en cuir. Coups de pied verticaux, retournés, circulaires, tout y passe et on se dit qu’il vaudrait mieux ne pas être à la place de ces misérables raquettes.

L’exercice suivant se fait non plus en solo, mais à deux. Il s’agit de réaliser des figures sans porter de coups à l’adversaire. Là encore, la prise est annoncée par le jury et les candidats doivent faire en sorte de l’accomplir du mieux possible.

 

Ceinture noire, un devoir d’exemplarité

 

À un moment donné, un coup de pied frappe malencontreusement une tête, déclenchant immédiatement un rappel sévère du jury. “Je rappelle que les coups ne doivent pas être portés”, lance maître Diouf. Les coups vont voler un peu plus tard. Munis de leur casque, protège-tibias, protèges-bras et plastron, les six futures ex-ceintures rouges passent à la phase combat.

“Le but n’est pas de battre votre adversaire, mais de montrer le plus de technique en condition de combat”, annonce maître Diouf. Le conseil est précieux, mais dans le feu de l’action, quelques fois il est difficile de réfléchir à comment effectuer la prise qui rapporterait le plus de points techniquement. Alors, parfois, les candidats font comme ils peuvent, quitte à être répétitifs.

À certains moments, certains n’hésitent pas à porter des coups mettant en difficulté leur adversaire. L’esprit de compétition avait été chassé, mais il est revenu au galop. Enfin, après avoir exécuté 3 combats, les taekwondoins sont questionnés sur l’arbitrage et la théorie. Après plus de 3 heures d’épreuves, la sentence tombe : Mayotte compte 6 nouvelles ceintures noires, les premières à être décernées sur l’île.

“Ce n’est pas parce que vous êtes désormais ceinture noire que vous devez attraper la grosse tête et faire n’importe quoi. Au contraire, vous devez être des exemples pour les autres et continuer à travailler en gardant de l’humilité”, prévient maître Diouf en partance pour la Guyane. Désormais, les 6 récipiendaires devront repartir dans leurs clubs pour essayer de développer la discipline et servir de modèles.

 

Faïd Souhaïli

 


 

Classement du passage de grade

Pour être reçu à la ceinture noire, il fallait totaliser au moins 85 points (sur 170)

Karim Madi Sidi : 116,10

Sayfil Ben Amani : 111,10

Ahamada Ibrahim Saïd : 107,40

Housmani Mohamed Cheik : 106,10

Régis Chauvin-Medjo : 104,80

Nicolas Prat : 90,30