{xtypo_dropcap}C'{/xtypo_dropcap}est la dernière étape. Deux ans après la parution de l'arrêté créant la mission d'étude pour le parc marin de Mayotte (26 décembre 2007) et un an après la mise en place du comité de pilotage (décembre 2008), la synthèse finale sera envoyée au ministère de l'Ecologie et à l'agence des aires marines protégées pour présenter les orientation de gestion du futur parc et permettre la rédaction du décret instaurant sa création.

Depuis deux ans, les quatre agents de la mission d'étude pour le parc marin et les trois agents de la Daf ont consulté tous les acteurs du milieu marin et les élus pour élaborer un parc marin qui puisse rassembler tout le monde.

Ce jeudi, dans les locaux du service des pêches de la Daf, le secrétaire général de la préfecture Christophe Peyrel a salué le travail énorme réalisé par cette équipe réduite, qui a rendu possible la création de ce parc au départ mal accepté, en particulier par les élus et les pêcheurs.

"Le parc marin sera un aquarium géant, qui va au-delà du lagon, qui sera géré par tous et dont on pourra manger les poissons !", a résumé M. Peyrel, faisant allusion à une déclaration de Saïd Omar Oili lors de sa présidence du conseil général qui estimait que "les personnes qui s'occupent de la promotion de ce parc marin veulent constituer des aquariums géants. Nous, les Mahorais, on ne veut pas nager avec ces poissons, on veut les manger".

Depuis, le projet et les mentalités ont beaucoup évolué, grâce au travail de la mission d'étude, des groupes techniques de travail et du comité de pilotage.

 

"Le parc protégera la nature, mais aussi les usagers"

 

Le projet presque définitif propose donc un parc qui englobe toute la ZEE de Mayotte, soit une superficie totale de près de 70.000 km². Une zone qui englobera la zone de pêche des thoniers senneurs, un moyen de mieux les contrôler. Dans la pratique, le parc sera géré par un conseil de gestion qui regroupera des représentants d'organisations professionnelles, d'organisations d'usagers, d'associations de protection de l'environnement, des collectivités locales et des services de l'Etat concernés, en tout une quarantaine de personnes. Ce conseil devra élaborer un plan de gestion, dont les orientations ont déjà définies, et le traduire en actions concrètes.

"Ce parc ne sera pas géré par trois obscurs fonctionnaires ou ayatollahs de l'écologie planqués dans leur bureau. Les actions qui y seront menées seront décidées par toutes les personnes concernées, ensemble", précise Christophe Peyrel, qui illustre son propos par la pêche au djarifa, pour l'instant tolérée, et qui continuera de l'être de façon règlementée, afin de préserver les pratiques traditionnelles. "Le parc protégera la nature, mais aussi les usagers."

A côté du fascicule récapitulant les propositions d'orientations de gestion et des limites du parc, deux synthèses sur le patrimoine marin et sur les usages qui en sont faits à Mayotte ont été élaborées par la mission d'étude. Tous ces documents sont consultables par tous dès aujourd'hui et pour tout le mois d'octobre dans toutes les mairies, à la préfecture, la Daf et aux affaires maritimes.

Un livret recueillera les observations du public. Afin que l'information soit accessible à tous, un diaporama a été élaboré en français, shimaore et kibushi et un agent par commune a été formé pour répondre aux questions du public. La mission d'étude tiendra également des permanences dans les mairies, les dates et heures seront affichées une fois définies.

 

Création d'emplois

 

Une fois la consultation du public, des collectivités et organisations professionnelles réalisée, une synthèse définitive sera rédigée et transmise par le préfet au ministère de l'Ecologie et à l'agence des aires marines protégées. L'objectif est que le décret instaurant la création du parc naturel marin de Mayotte sorte début 2010.

"Nous sommes sûrs que les délais seront respectés car la création de ce parc fait partie des objectifs du Grenelle de la mer", rappelle M. Peyrel. "L'agence des aires marines protégée a pour mission de créer 10 parcs d'ici 2012, dont 2 en Outremer. Pour l'instant il n'y a que celui d'Iroise, Mayotte sera le deuxième."

Financeur du parc et de ses actions, l'agence des aires marines protégées s'est engagée à embaucher à terme quarante personnes, pour la gestion de ce parc.

 

Hélène Ferkatadji

 

 

Parc marin : Ouverture début 2010

 

 

 


Les 7 orientations de gestion

 

Faire de Mayotte un pôle d'excellence en matière de connaissance et de suivi des écosystèmes marins tropicaux et de la mangrove.

Actions envisagées :

  • Création d'une plateforme d'accueil des équipes de recherche
  • Faire participer les professionnels de la pêche, du tourisme,… au suivi de l'état du milieu marin et de la ressource
  • Etudier l'impact des pratiques pour une meilleure gestion de la ressource

 

Obtenir une bonne qualité de l'eau, notamment par une gestion appropriée des mangroves et en participant à la mobilisation des acteurs pour atteindre les objectifs du Sdage

Actions envisagées :

  • Organiser des opérations de ramassage des déchets sur les plages, mangroves…
  • Contribuer à la mise en place d'aménagements favorisant les pratiques respectueuses de l'environnement pour les activités maritimes
  • Poursuivre l'expérimentation sur le rôle de la mangrove en tant qu'épurateur des eaux usées domestiques

 

Développer une activité de pêche professionnelle hors du lagon, écologiquement exemplaire et pourvoyeuse d'emplois et de produits de la mer pour Mayotte

Actions envisagées :

  • Contribuer à la mise en place de DCP
  • Favoriser l'achat de matériels de pêche professionnelle respectueux de la biodiversité

 

Développer les filières aquacoles respectueuses de l'environnement, en particulier celles qui bénéficient aux populations locales

Actions envisagées :

  • Favoriser de nouvelles productions durables autres que le poisson en zone côtière
  • Soutenir la commercialisation locale des productions aquacoles
  • Apporter un appui technique au développement et à la recherche appliquée à l'aquaculture pour des filières innovantes à partir d'espèces locales (avec Ifremer)

 

Faire découvrir le milieu marin et sa biodiversité grâce à l'organisation des activités de loisirs et la professionnalisation des acteurs du tourisme

Actions envisagées :

  • Labelliser un tourisme respectueux du milieu marin à l'aide d'un cahier des charges élaboré en concertation
  • Contribuer à l'aménagement des sites d'accueil et de pratique des activités nautiques
  • Diversifier l'offre de plongée sous-marine par la valorisation des épaves

 

Pérenniser et valoriser les pratiques vivrières et les savoirs traditionnels dans le cadre d'une gestion précautionneuse du lagon

Actions envisagées :

  • Accompagner les pêcheurs traditionnels pour faire évoluer leurs pratiques en fonction de la préservation du lagon
  • Contribuer à la transmission des savoir-faire traditionnels

 

Protéger et mettre en valeur le patrimoine naturel, de la mangrove aux espaces océaniques, notamment par la formation et la sensibilisation du plus grand nombre

Actions envisagées :

  • Réfléchir à des moyens de protections ponctuelles et adaptées au maintien de la richesse biologique
  • Renforcer l'éducation à l'environnement par la formation d'animateurs en environnement marin
  • Former les pêcheurs aux techniques de pêche qui permettent de mieux gérer la ressource