{xtypo_dropcap}M{/xtypo_dropcap}algré les incohérences disséminées çà et là dans le texte et qui s’expliquent en gros par le manque de réalisme de son auteur, il n’empêche qu’il pose le débat sur ce doit être la pratique politique à Mayotte après la consultation populaire du 29 mars 2009 où les électeurs de notre archipel mahorais ont dit "oui" à 95,2% pour la transformation du statut actuel provisoire (CDM) en un autre définitif, fondé sur l’article 73 de notre Constitution, appelé Département de Mayotte (Dom). Mais ce nouveau statut, réclamé depuis 1958 par notre peuple mahorais en vain, sera enfin effectif en 2011.
En tant que citoyen, et surtout président d’un parti politique soucieux de l’équilibre social à Mayotte et dans la région, je ne peux pas être silencieux devant ce nouveau défi que nous devons relever pour notre propre intérêt et celui des électeurs qui, souvent malgré eux, nous portent au pouvoir.
Le combat politique de nos parents à travers le Mouvement populaire mahorais (MPM) que nous avons relayé, chacun à sa manière, avait pour objectif principal le développement économique et social au sein d’une nation respectueuse des droits de l’Homme. C’est ce qui explique notre attachement à la République française, laquelle ne se réduit pas à un groupe de partis politiques.
On peut donc aimer la France sans pour autant adhérer à l’UMP et à ses orientations politiques. Ainsi, quand l’ancien député UMP écrit que "tous ceux qui croient et qui aiment Mayotte fassent le pas pour favoriser ces orientations (des dirigeants de l’UMP) responsables et de bon sens", ceci relève de la démagogie pure.
1. Le format de l’assemblée départementale en 2011 reste vague.
Le nombre de sièges de l’assemblée unique, appelé département en 2011, divise le parti UMP aussi bien à Mayotte qu’en Métropole. En effet, le maire UMP de Mamoudzou et sa majorité sont en désaccord total avec leur fédération à Mayotte, au point de diriger une mission au niveau national pour défendre leur proposition, mettant ainsi leur parti et, plus gravement, le ministère de l’Intérieur dans l’embarras.
C’est la raison non avouée qui pousse le Gouvernement de la France à dépêcher à Mayotte une mission en vue de rechercher (auprès de la fédération UMP) une possible solution de compromis qui satisfasse tout ce monde (les multiples dirigeants UMP de Mayotte). En ce qui concerne le Parti social mahorais que je préside, il suit avec intérêt l’évolution de cette guerre des chefs au sein de la fédération UMP de Mayotte. Celle-ci nuit gravement aux aspirations profondes de notre population dans ses différentes composantes.
J’ose espérer que la venue du Premier ministre de la République à Mayotte, ce bel archipel au lagon et aux parfums, permettra de lever toutes les ambiguïtés liées au format de la future assemblée départementale qui doit s’appuyer sur la seule base de notre droit constitutionnel, autrement dit l’égalité des personnes.
C’est la définition précise de ce format qui ne doit pas occulter le principe de l’équité qui permettra aux techniciens de l’administration de réaliser en temps et en heure le découpage des circonscriptions cantonales. Ce découpage doit être officiellement rendu public avant la fin de cette année 2009; à défaut de quoi ce serait une manœuvre politicienne très éloignée de l’intérêt général des Mahorais. Un Français éminent a démontré avant moi que "ce qui ce conçoit bien s’énonce clairement".
2. La composition de l’assemblée unique
L’assemblée unique doit naturellement se composer de femmes et d’hommes cultivés pour faire face aux exigences liées à la fonction de l’élu(e) qui doit œuvrer pour le bien-être de la population. Seulement, le principe de parité n’a jamais été une priorité pour la droite française. Il s’agit d’une préoccupation progressiste (par opposition au conservatisme de droite), qui a été matérialisée par la majorité plurielle de 1997 à 2002 sous le Gouvernement de Lionel Jospin en 1999.
La fédération mahoraise du RPR, sous la direction de l’ancien député UMP, n’a jamais favorisé une femme mahoraise à une fonction de responsabilité élective à Mayotte ou au niveau nation. Lorsque l’ancien député UMP écrit aujourd’hui que "cette conviction (faire place aux femmes) m’anime depuis toujours", ceci relève du mensonge tout court.
Lors de la campagne du "oui" pour le processus départemental du 29 mars 2009, les membres de l’UMP dans le comité de campagne laissaient peu pour ne pas dire pas du tout de place aux femmes de s’exprimer. Elles étaient considérées comme "gaffeuses", autrement dit incapables. C’est, précisément, la triste conviction des conservateurs sur les femmes; qu’elles soient de Mayotte ou d’ailleurs.
Dans le cadre des dernières élections européennes, aucune femme d’origine mahoraise adhérente de l’UMP n’a été élue, alors que ce parti détient la majorité au niveau national. Dans notre section de l’océan Indien, l’UMP qui savait pertinemment qu’elle n’allait pas gagner s’est empressée de compléter leur liste par une Mahoraise. Vive le progrès des femmes mahoraises au sein de l’UMP locale. Enfin, le respect de la représentation des femmes dans l’assemblée unique dépend du mode de scrutin adopté, mais surtout de notre véritable soutien à leur égard. J’attends de voir.
3. La majorité et la présidence de l’assemblée unique en 2011
Si l’on veut que nous soyons les principaux acteurs du développement économique et social de notre archipel, il va falloir que l’on apprenne à être courageux politiquement, libres d’esprit, compétents, altruistes et ouverts au monde.
La majorité doit se faire autour d’un projet politique de société, rassembleur à l’image du projet statutaire de Mayotte qui date des années 1950. L’après 29 mars 2009 doit être une ère nouvelle débarrassée de tous les obscurantismes politiques ("si tu ne votes pas pour moi, je vais voir tes parents") et socio-religieux ("faire un serment coranique pour avoir une majorité").
L’engagement personnel doit être le fondement de toute candidature au sein des partis politiques. Ainsi, une fois choisi, l’élu pourra être lui-même responsable politiquement au lieu de se réfugier derrière son parti dont la mission s’arrête en général au soir du scrutin. Un singleton ne doit pas pouvoir arriver à la tête du conseil général comme ce fut le cas en 2004. Ainsi, nous éviterons les dérives de type tyrannique.
Le président de la future assemblée unique doit être une personnalité mahoraise connue pour son sens du service public, qui détient une connaissance suffisante du fonctionnement des institutions publiques territoriales, étatiques et européennes. Cette personne doit, vu les enjeux, avoir une expérience reconnue du monde politique local et régional. Enfin, une personnalité qui force le respect par son expertise personnelle.
Le président, libre d’esprit à l’image de notre ancien leader Younoussa Bamana, ne doit pas être sectaire. Il ne doit pas occulter les souffrances des agents territoriaux de Mayotte qui ont préparé dans la douleur jusqu’à ce jour cette avancée institutionnelle, et qui doivent être récompensés à juste titre.
Les artisans, les petites et moyennes entreprises doivent avoir toutes les garanties (financières, logistiques…) de leur expansion, c’est le meilleur moyen de parvenir à un développement économique et social dont les Mahorais pourront être les principaux acteurs.
Saïd Ahamadi,
Président du Parti social mahorais,
Ancien maire de Koungou
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