"Nous n'avons pas le droit à l'erreur"
Le 22 avril, les neuf pieux, trois pour chaque appui du pont, d'un mètre de diamètre chacun, étaient tous installés. La composition des sols et de l'ouvrage ont imposé une telle profondeur de forage jamais égalée à Mayotte. For in Tech Mayotte a employé une équipe de 5 personnes pour le forage, aidées par l'équipe de la SMTPC pour certaines phases comme le bétonnage des pieux.
A ouvrage exceptionnel, mesures exceptionnelles. Ainsi, tous les bétons du chantier sont produits par une centrale installée sur le site, une première pour un chantier de génie civil, due à une volonté d'avoir un béton de la meilleure qualité possible. "Il y a beaucoup de contraintes sur un ouvrage de ce type, nous n'avons pas le droit à l'erreur, souligne Louis-Marie Guyader, le conducteur de travaux. Il faut également faire très attention à l'environnement, à la rivière. Dans l'ensemble, les travaux se passent bien, pas de problème majeur, des délais respectés, être une petite équipe permet de travailler dans une bonne ambiance."
Le jeune ingénieur savoure le privilège de gérer un tel chantier, des relations avec l'architecte à la gestion financière, celle des hommes et du matériel, il est responsable de tout. Le pont de Bouyouni est son quatrième chantier depuis qu'il a commencé, le premier de génie civil, qui correspond à sa formation. "C'est différent du bâtiment, qui est très répétitif, le génie civil est différent à chaque fois."
Confirmation d'Emmanuel Legendre, son chef de chantier, le seul de la SMTPC à s'occuper de ce type de travaux et qui ne cèderait sa place pour rien au monde. Il s'est déjà occupé des ponts de Passamainty, Bandraboua, Dembéni. Son équipe reste la même, un noyau dur formé au fur et à mesure en interne aux permis Caces, à la direction d'équipe, la lecture de plans, au secourisme…
"Le travail en génie civil se fait en phasages, explique M. Guyader, c'est différent du bâtiment qui s'organise plutôt au quotidien, d’où le maintien d'une même équipe. Nous essayons de les impliquer au maximum dans la sécurité et la propreté du chantier."
Une sécurité maximum
Surveillé comme le lait sur le feu, le chantier est suivi en permanence par un agent de la DE, déléguée à la maîtrise d'œuvre par la mairie de Bandraboua. Il vérifie la qualité du béton et toutes les phases des travaux. L'entreprise Veritas est présente pour veiller à la sécurité du chantier, la police de l'eau s'assure du maintien de la qualité de la rivière. Un tri des déchets est mis en place, l'acier est récupéré par une personne qui les envoie vers l'Inde, le reste transmis à la Star ou à la décharge.
Une fois le nouveau pont construit, il faudra démolir l'actuel et casser la route pour la création d'embranchement sur chaque berge. Pour l'heure, on attend les 76 tonnes d'acier en espérant que le déchargement et le transport jusqu'au chantier ne posera pas de problème majeur. Berthold fournit quatre profilés métalliques de 46 mètres de long. Une fois posés ils accueilleront les 54 dalles de béton préfabriquées, puis l'enrobé fait par la Colas.
La foreuse reste pour l'instant à Mayotte, dans l'attente des chantiers des ponts de Kwalé et Dzoumogné, pour lesquels la SMTPC est candidate. La DE prévoit de réaliser un ouvrage de ce type par an. Quoi qu'il arrive, "le pont de Bouyouni est à la limite de ce qu'il est possible de réaliser à Mayotte", précise Louis-Marie.
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.