Violences à Koungou : cent jeunes et un fou poussent la population à bout

Malgré l’action des médiateurs, les tensions entre bandes rivales de Trévani et Koungou ont à nouveau débouché sur des affrontements ce week-end. Des violences qui ne datent pas d’hier et interviennent quelques jours avant la tenue tant attendue des Assises de la sécurité.

“C’était une intervention à part”, précise d’emblée la gendarmerie. N’empêche que l’image de cet homme fragile psychologiquement, agitant un chumbo devant l’un de ses agents dimanche après-midi, a presque valeur de symbole pour les habitants de Koungou, éprouvés après un week-end de violences. Face à ce cas psy qui “menaçait la population”, un gendarme a alors dû sortir son arme, viser et tirer. Blessé, à l’épaule, l’homme sera emmené au CHM puis placé en garde à vue.

Depuis vendredi, la commune du nord de l’île est à nouveau le théâtre d’affrontements entre bandes rivales de Koungou et de Trévani. Des tensions “qui durent depuis des mois”, explique la gendarmerie, et ont débouché, pour “quelques faits anodins” sur de nouvelles échauffourées ce vendredi. D’abord au niveau du collège de Koungou, une centaine de jeunes ont notamment incendié un arrêt de bus, détruit des éclairages publics. Jusqu’à 1h du matin, la portion de route de Longoni à Majicavo restait difficilement praticable à cause de quelques petits groupes cachés dans les fourrés. Rebelote dans la nuit de samedi à dimanche et dimanche soir, où les agressions d’automobilistes et les barrages poussaient la gendarmerie à envoyer quelque 65 gendarmes, deux véhicules blindés et l’hélicoptère pour mettre fin aux exactions. Aux alentours de minuit, le calme était enfin revenu. Quelques blessés étaient alors à déplorer, notamment un cameraman de l’équipe de tournage du film Le Destin de Mo.

Koungou, capitale de la délinquance ?

Face à une situation qui ne date pas d’hier, la population demande désormais des comptes. “Depuis 19h30, j’ai entendu 2 déflagrations. Plus de 30 minutes que l’hélicoptère tourne au-dessus du ciel. Bienvenue dans la commune de Koungou, capitale de la délinquance !”, s’est agacé un internaute, qui assure sur la toile avoir déjà dû dormir dans sa voiture dans la nuit de samedi à dimanche. Un autre n’a pas hésité à prendre à parti le maire pour dénoncer le manque de réponses des autorités.

12 médiateurs sur le terrain

Contacté, Assani Saindou Bamcolo déplore “ces violences qui sont un drame pour tous à Mayotte”. “Souvent, nous menons un travail avec les jeunes grâce aux médiateurs et aux associations, et nous pouvons alors éviter d’en arriver jusque-là, et ces fois-là, nous n’en parlons pas forcément”, défend Alain Manteau, directeur général des services à la mairie. Environ une quinzaine de médiateurs de la municipalité vont régulièrement à la rencontre des jeunes de la commune, insiste-t-il.

Mais lorsque les choses dégénèrent, comme cela a été le cas ce week-end, la mairie assure être prête à resserrer les vis. “Nous faisons des rappels à la loi, et nous n’hésiterons pas à recourir aux mesures annoncées par le préfet sur la non reconduite des titres de séjour pour les parents des jeunes impliqués”, poursuit-il, en référence aux propos tenus par le délégué du gouvernement en réponse aux violences qui avaient agité la commune de Combani en septembre.

Des enfants entre 13 et 15 ans

Reste que le bilan des courses sera maigre, ce week-end, côté interpellations : deux jeunes seront arrêtés en marge des affrontements de Koungou pour avoir tenté de cambrioler une maison, et deux autres en Petite-Terre, qui, en situation irrégulière, seront envoyés au CRA avec une obligation de quitter le territoire. “Nous avons vraiment affaire à des enfants, entre 13 et 15 ans, qui sont des diables en groupe et des agneaux tout seuls”, décrit encore la gendarmerie. “Ces jeunes-là sont à la limite de l’âge en dessous duquel nous ne pouvons pas les placer en garde à vue.” Pour les prochains jours, les autorités misent donc sur une surveillance accrue entre Koungou et Longoni, grâce à l’action conjointe des médiateurs, des associations, de la police municipale et de la gendarmerie. “Pour être sûr que les braises ne repartent pas en feu”, souffle Alain Manteau.

 

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