Une enveloppe de 80 millions d’euros du Département de Mayotte pour la piste longue

Mercredi, les élus du conseil départemental se sont rassemblés en assemblée plénière pour examiner plusieurs rapports. L’un d’entre eux sur le financement de la piste longue a particulièrement attiré l’attention. La collectivité a voté à l’unanimité une enveloppe de 80 millions d’euros pour la réalisation de ce projet structurant pour le territoire qui arrive dans sa phase de réalisation, dont le coût total est évalué à 250 millions d’euros. « Un rendez-vous historique » pour Soibahadine Ibrahim Ramadani.

2001. Le président du Département de l’époque, Younoussa Bamana, affiche son exaspération face au premier ministre, Lionel Jospin. Un échange célèbre dans lequel l’élu local affirme ne plus supporter, en revenant de Paris, de devoir survoler sur son île, aller se poser à La Réunion et changer d’avion pour atterrir à Mayotte. Près de 20 ans plus tard, l’allongement de la piste aérienne se fait toujours attendre… malgré les promesses des différents chefs de l’État, notamment celles de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. François Hollande préférant renvoyer ce vœu à 2050. Autant dire aux calendes grecques !

Mais depuis la venue en octobre 2019 du président Emmanuel Macron, le ciel semble de nouveau s’éclaircir. Dégageant ainsi la zone d’ombre qui plane depuis des années au-dessus du territoire. Dans son discours, il promet à la population que les premiers coups de pioche interviendront avant la fin de son quinquennat. Simple effet d’annonce ou réelle volonté politique ? Selon Soibahadine Ibrahim Ramadani, ce rêve, « synonyme d’intégration plus poussée dans la République », est en passe de devenir une réalité. « Le projet arrive dans sa phase de réalisation », promet-il aux élus départementaux, réunis ce mercredi en assemblée plénière. « Les Mahorais aspirent à voyager en vol direct, à payer leur billet moins cher et à avoir le choix de leur compagnie aérienne. »

Des engagements forts de l’Europe et de l’État

Pour ne pas décevoir une fois de plus les attentes des habitants, le président du Département apporte quelques garanties. Et plus particulièrement des garanties financières. « Je vous propose de participer à hauteur de 80 millions d’euros », dévoile-t-il derrière son masque en tissu. Avant de détailler le plan de financement estimé à 250 millions d’euros : 50 millions pour l’Europe et 120 millions pour l’État. Des engagements « forts » à ses yeux. « Le temps est enfin venu de réaliser cette piste longue », qui permettrait à l’aéroport de bénéficier d’une infrastructure digne de ce nom pour multiplier le nombre de voyageurs et qui pourrait également faire rayonner l’île aux parfums sur l’ensemble du canal du Mozambique.

De bon augure donc. Pourtant, le chiffre évoqué peut donner le tournis, d’autant plus que Ben Issa Ousséni, en charge des finances de la collectivité, invite ses collègues à remettre à plus tard les dépenses « non indispensables » de leur champ de compétences respectif en raison des conséquences de la crise sanitaire et du plan de relance local de 6 millions d’euros récemment déployé. Certes. Toujours est-il que le conseil départemental semble avoir entre ses mains une capacité d’autofinancement de l’ordre de 40 millions d’euros. De quoi appréhender cet investissement colossal plus sereinement, qui ne date pas d’hier. « Dans le cadre de la sécurisation de la piste actuelle, nous avons déjà dépensé 500.000 euros. Et nous avons [débloqué] 900.000 euros pour le financement des études [de faisabilité] », rappelle Soibahadine Ibrahim Ramadani.

Rendez-vous le 11 décembre

Difficile dans ces conditions de faire machine arrière… Seul bémol, il est encore trop tôt pour connaître l’architecture de cette future réalisation. Au grand dam du conseiller d’opposition, Daniel Zaïdani. « Le scénario retenu sera présenté le 11 décembre par l’ensemble des acteurs de cette opération », lui répond alors le président du Département. Si l’on s’en tient toujours à l’étude menée en 2003 par la filiale ingénierie et architecture d’aéroports de Paris, trois hypothèses s’avèrent plausibles : allongement de la piste sur le récif corallien jusqu’à la longueur requise, création d’une nouvelle piste dans le lagon, convergente ou bien parallèle à la piste actuelle. « Une bonne partie va vers l’intérieur et une autre vers le dugong », ironise Soibahadine Ibrahim Ramadani, comme pour faire durer le suspense quelques jours de plus. Avant de terminer sur une note plus solennelle. « C’est un rendez-vous historique et je ne suis pas candidat à ma succession. Je veux vous associer à ce moment historique », conclut-il.

 

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