Les missions d’étude du volcan responsable des séismes de 2018 ont mis en évidence le risque de tsunami qui menace Mayotte. Pour s’en prémunir, 24 systèmes d’alerte doivent être installés dans les 17 communes de l’île d’ici 2021.
Les curieux tournent une tête étonnée avant de dégainer leur téléphone portable pour enregistrer la scène. Un son retentissant sort des hauts parleurs de la mosquée de Dembéni, qui n’a rien d’habituel… ni de vraiment agréable. Ce mardi était inaugurée la première sirène d’alerte en cas de risque de tsunami, dans cette commune de Grande-Terre, la première à avoir accepté l’installation du dispositif. “Cette sirène va permettre que la population et que les Dembéniens soient au courant si un risque se présente”, se félicite le maire de la ville, Moudjibou Saidi. “On espère que ça ne va pas sonner”, ajoute-t-il, avec un brin d’optimisme.
Car le risque est réel : depuis la découverte du volcan au large des côtes mahoraises en 2018, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) et le comité de suivi de la crise sismo-volcanique ont averti sur ce danger. Les séismes, l’effondrement de la chambre magmatique ou encore un glissement de terrain dû à une instabilité des récifs pourraient projeter la déferlante directement sur Mayotte.
Enclenchée par un SMS de la préfecture
Alors, comment s’en prémunir ? D’abord, en alertant. “Aujourd’hui, c’est une étape”, salue le préfet, Jean-François Colombet. En tout, 24 équipements du genre devront être disséminés sur le territoire, soit un peu plus d’un par commune, d’ici le mois de juillet 2021. Munis de batteries pour une autonomie d’une semaine “en cas de gros pépin”, ils sont enclenchés par un SMS envoyé depuis un téléphone de la préfecture.
Et c’est donc la ville de Dembéni qui a accepté de se jeter à l’eau la première. Il faut dire qu’entre sa situation géographique au coeur de la vallée, et la possibilité de placer les capteurs en hauteur dans la mosquée pour recevoir le signal, le lieu était bien choisi. Même si le territoire de Petite-Terre est davantage exposé aux risques, d’après les études scientifiques.
Au moins 25.000 euros chaque
“Ici, avec la topographie de la zone, nous avons une portée de 2 à 2,5km”, explique Thomas Iborra, responsable chez Mayotte Alarme et Automatisme, qui a été sélectionné par la préfecture pour proposer ces systèmes d’alerte, appelés SAIP (systèmes d’alerte et d’information des populations). Coût de l’attirail : 25.000 euros, à la louche. Un petit budget qui peut rapidement être multiplié par deux en fonction des zones. “Ce sera le cas s’il faut l’accrocher en haut d’un pylône, ou mettre des relais téléphoniques au centre de l’île pour recevoir le signal”, poursuit le spécialiste.
Adopter les bons réflexes
Mais cet investissement salvateur ne pourra se suffire à lui-même. Parmi les deux autres axes du plan de prévention, figurent la préparation des populations pour leur “conférer les bons réflexes”, précise le préfet, et la définition des itinéraires de fuite. À ce sujet, une collaboration avec l’université de Montpellier, financée exclusivement par l’État, doit dessiner les meilleurs échappatoires en cas d’alerte. Et le tout devrait être fignolé en même temps que les sirènes, dès l’année prochaine. “Alors un, deux, trois, vous êtes prêt ?”, lance Jean-François Colombet, un doigt sur le smartphone. On croise les nôtres !
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