Les personnels du collège de Doujani nostalgiques de la communication de leur ancien principal

À partir de ce jeudi 3 décembre, les personnels du collège Nelson Mandela à Doujani se mettent en grève reconductible. L’intersyndicale – SNES-FSU, SGEN-CFDT et SNEP-FSU – dénonce une dégradation alarmante des relations avec le nouveau principal en poste depuis la rentrée scolaire. Pour les représentants syndicaux, ce comportement pourrait saper tous les efforts entrepris ces dernières années pour redorer le blason de l’établissement scolaire. De son côté, le recteur Gilles Halbout leur demande de laisser un temps d’adaptation au successeur de Jean-Michel Baudoin. 

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Depuis le départ de l’ancien principal du collège Nelson Mandela, Jean-Michel Baudoin, en fin d’année scolaire, les personnels de l’établissement scolaire vivent une passation plus que difficile avec son successeur, Philippe Chatelard. D’où le préavis de grève lancé jeudi dernier par l’intersyndicale (SNES-FSU, SGEN-CFDT et SNEP-FSU), qui doit débuter ce 3 décembre. « Nous lui avons donné un temps d’observation, mais il veut tout changer sans concertation et bousculer nos habitudes. Il n’en fait qu’à sa tête », peste Yacouba Galledou, représentant du personnel pour la SGEN-CFDT, le syndicat majoritaire au conseil d’administration avec 5 des 7 sièges. Pas question dans ces conditions de rester les bras croisés, malgré une ultime tentative de dialogue mardi en fin d’après-midi pour recoller les morceaux, en présence de deux tiers de l’équipe pédagogique. « Nous l’avons écouté, mais tout le monde en est sorti déçu ! Il a esquivé les problèmes de fonds. » Verdict : cette assemblée générale les conforte dans leur idée. « Ce ne sont pas les représentations syndicales mais l’ensemble des personnels qui ont voté à l’unanimité le maintien de ce mouvement », précise Philippe Destenay, le représentant syndical pour le SNES-FSU, qui espère marquer le coup et faire bouger les lignes avec cette mobilisation.

Car visiblement, l’ambiance se délite à tous les étages au sein de ce mastodonte qui abrite près de 2.000 élèves. Dans ce contexte glacial, le charismatique Jean-Michel Baudoin, en poste pendant 5 ans, doit vraisemblablement manquer à plus d’un. « Ce qui nous dérange le plus, c’est sa communication, notamment avec les contractuels. Soit elle est totalement inexistante, soit elle est assez brutale », regrette amérement le syndicaliste. « Des collègues reçoivent des e-mails avec des demandes hors de propos, comme de remonter leur état de service. Nous n’apprécions pas trop cette manière de procéder… » Indignation partagée par Yacouba Galledou qui compare cela à du « flicage ». Autre exemple de ce fossé hiérarchique avec la rencontre parents-profs de la semaine dernière. « Certains enseignants rentrent toutes les notes sur Pronote tandis que d’autres n’écrivent que la moyenne. Sans écouter les explications des uns et des autres, il a écrit à leurs inspecteurs en précisant que c’était inadmissible. »

Une communication plus écrite qu’orale

Du coin de l’oeil, le recteur Gilles Halbout suit ce crépage de chignon avec une certaine lassitude. Selon lui, les personnalités, diamétralement opposées, des deux derniers chefs d’établissement de Doujani, requièrent un temps d’adaptation. « Il passe plus par l’écrit », admet le responsable académique du 101ème département. « Mais nous sommes pas dans un climat insurrectionnel. Monsieur Chatelard va tenir compte des faits qui lui sont reprochés, il va faire un effort au niveau de sa communication. » D’ailleurs, du mieux semble se dessiner ces derniers jours. Puisque l’ancien principal adjoint du collège de Kawéni 1 vient de valider les projets éducatifs, après de nombreux mois de silence. À l’instar de la semaine culturelle qui se déroule en avril, de l’initiation au numérique, du plan sportif ou encore des ateliers théâtres. Hasard du calendrier ou prise de conscience ? Les deux parties se renvoient la balle ! Même constat concernant le respect du protocole sanitaire. « Ce matin [mercredi 2 décembre], des équipes d’entretien ont été dépêchées pour nettoyer les salles. Et des lingettes ont été mises à notre disposition dans nos casiers et dans les 4 salles de technologie équipées d’ordinateurs », relate le porte-parole du SGEN-CFDT, qui voit en ces gestes une réaction à la tenue de la grève. « Au moins, cette réunion aura servi à quelque chose… »

Aucun doute sur le dénouement de ce conflit, qui ne semble pas parti pour s’éterniser. En effet, les représentants syndicaux ne souhaitent pas mettre de l’huile sur le feu, au contraire. « Nous donnons rendez-vous aux personnels dans la salle tortue, qui est aérée et espacée, pour tenir un meeting. Nous ne bloquerons pas le collège, nous agirons pacifiquement », assure Yacouba Galledou. Dont l’unique objectif est de faire en sorte que l’établissement scolaire reste attractif. Une attractivité rendue possible grâce à la pugnacité de Jean-Michel Baudoin. « Depuis un an, les gens font des pieds et des mains pour y enseigner. » Comme en témoignent les 11 titulaires affectés en août dernier. « Nous craignons un retour en arrière, au détriment des élèves. »

 

 

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