Mercredi, la page Facebook de l’aéroport de Mayotte a annoncé l’ouverture d’un centre de prélèvements RT-PCR en Petite-Terre dédié aux voyageurs. À la différence des dépistages classiques, celui-ci est payant à hauteur de 20 euros. Ce nouveau lieu de tests permet de répondre à la demande des compagnies aériennes qui reprennent progressivement leurs liaisons mais aussi d’éviter les ruptures de stocks connues par l’ARS par le passé.
Alors que la reprise des vols joue les montagnes russes depuis des mois, les compagnies aériennes sont au bord du précipice, ou plutôt du dépôt de bilan, et tentent tant bien que mal de relever la tête. Clouées au sol, pour la plupart, durant le confinement, elles sont depuis à la merci des annonces du gouvernement, et plus particulièrement des autorisations de déplacement et des multiples contraintes qui en découlent. Et à ce petit jeu-là, c’est le flou artistique tant les modalités pour voyager entre les territoires ultramarins et la métropole évoluent en fonction de la propagation du virus. Présentation d’un test Covid-19 négatif au départ de l’Hexagone vers Mayotte, justification d’un motif impérieux, port du masque obligatoire… Un véritable parcours du combattant pour celles et ceux qui ont envie de changer d’air !
Seul motif de satisfaction, se rendre en métropole et à La Réunion ne requiert pas de dépistage selon la dernière publication du ministère des Outre-mer. À l’inverse des destinations internationales, comme le Kenya, Madagascar et l’Union des Comores, qui exigent un résultat négatif de test RT-PCR effectué dans les 72 heures précédant le départ. D’où la mise en ligne mardi en fin d’après-midi d’un communiqué sur la page Facebook de l’aéroport de Mayotte avertissant de l’ouverture d’un centre de prélèvements en Petite-Terre, au niveau du quai Issoufali. « Il y a trois semaines, les compagnies aériennes sont venues me voir pour me dire que l’ARS, le CHM et le laboratoire privé ne pouvaient pas tester et analyser tous les passagers », rembobine Olivier Capiaux, le directeur régional d’Edeis, le délégataire de l’aéroport. « Quand ils se présentaient, certains d’entre eux se faisaient rembarrer. » D’où la décision de mettre sur pied une structure spécifiquement dédiée à ce public pour s’assurer que ce genre d’imbroglio ne se reproduise pas. Car les conséquences de ces refus ou de ces retards sont dramatiques pour les compagnies aériennes. « À cause d’une rupture de stocks, j’ai dû annuler 2 des 3 vols prévus pour Nosy Bé début octobre », se souvient Ayub Ingar d’Ewa Air. Du côté de l’Union des Comores, l’État voisin joue les prolongations au sujet des autorisations aériennes. « Avec AB Aviation, nous pouvons transporter des passagers vers Moroni, mais nous ne pouvons pas en ramener vers Mayotte. Dans ces conditions, nous volerions à perte », ajoute-t-il, en espérant que la situation se débloque la semaine prochaine.
Rémunérer la Croix Rouge
Jusque-là, rien de bien particulier, au contraire. Sauf que cette alternative coûte 20 euros que vous soyez assuré ou non. Un montant relativement accessible, mais qui interroge puisque les autres établissements habilités le font gratuitement. Pour le justifier, Olivier Capiaux précise que cette somme, « non remboursable », rémunère « la Croix Rouge », qui s’occupe du dépistage, du secrétariat et des frais de dossiers. Ce centre est également en lien avec le laboratoire Biogroup qui rend une fière chandelle à la compagnie maritime, SGTM – Maria Galanta, en charge des reconduites aux frontières.
Même si cette ouverture fait beaucoup jaser sur la toile, Olivier Capiaux y voit surtout une bonne nouvelle et un motif d’espoir pour l’avenir. « En tant qu’alliés du territoire, nous avons pour vocation de faire tourner les compagnies aériennes mais aussi de faire fonctionner la plateforme aéroportuaire. C’est juste pour répondre à la demande des uns et des autres », précise celui qui dit avoir joué son rôle de lanceur d’alerte auprès des institutions, notamment la préfecture, pour trouver une solution pérenne. « Aujourd’hui, tout le monde s’excite, mais est-ce normal d’avoir un seul labo pour 400.000 habitants alors qu’en métropole, il y en a huit pour 50.000 habitants », se demande-t-il. De quoi clouer le bec à ses détracteurs. Pour résumer : voyager depuis Mayotte reste décidemment un privilège…
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