Les Assises de la sécurité et de la citoyenneté de Mayotte ont débuté ce lundi matin au lycée des lumières de Mamoudzou Nord. L’événement a rassemblé plus de monde que prévu. Parmi eux, des lycéens qui ont contribué aux échanges et ont proposé des solutions.
Ils étaient six. Six lycéens de trois établissements différents, qui n’ont pas prononcé de discours aseptisés, qui n’ont pas promis monts et merveilles mais qui ont pris la parole pour crier leur désarroi face à l’insécurité grandissante au sein et aux abords des établissements scolaires. Face à eux, des hommes et des femmes politiques qui les écoutent attentivement, et qui n’ignorent en rien le quotidien de ces jeunes marqués par le sentiment d’insécurité. Ils ont apporté leur pierre à l’édifice en proposant des solutions concrètes à l’occasion de cette première journée des Assises de la sécurité et de la citoyenneté. « Il faut sensibiliser les jeunes à la question de la violence dans chaque village. Et en parallèle, donner plus de moyens à la vie scolaire. Il nous faut un lieu d’échange et d’écoute », clame Abdoulyazid Said Assani, élève de terminale au lycée du Nord d’Acoua.
D’autres ont proposé d’élargir l’amplitude horaire des établissements scolaires afin que les élèves ne patientent pas à l’extérieur lorsqu’ils arrivent tôt le matin. Les six délégués représentants des lycéens ont tous évoqué les actes de violence dans les transports scolaires. Et là encore, ils ont énoncé quelques idées pour y remédier. « Une grande partie des élèves vont à l’école en bus. Et on a tous peur pendant le trajet. On vous demande de mettre un médiateur dans chaque bus scolaire », recommande Marissa Iris Combo, élève de terminale au lycée du Nord d’Acoua. Les lycéens sont clairs : il faut plus investir dans la sécurité des élèves parce qu’ils sont l’avenir de Mayotte.
« On a vécu ce qu’on a raconté »
Les jeunes présents à la cérémonie d’ouverture de ce rendez-vous tant attendu ont écouté les longs discours des élus, du préfet, du recteur et bien d’autres durant toute une matinée. Mais leurs paroles n’ont pas atteint le jeune public. « Je n’ai pas trop compris ce qu’ils ont dit. Ils ont beaucoup parlé », souligne Hadjra Ahamadi, élève au lycée professionnel de Kaweni. Et son camarade Yasser Souffou d’ajouter : « Personnellement, tant que je ne verrai pas des actions concrètes, je ne leur ferai pas confiance. J’attends de voir pour y croire. » Ils n’ignorent cependant pas l’importance de cet évènement. Il s’agit d’une occasion rêvée pour eux d’échanger avec les élus et le recteur, et de partager leurs idées.
Les élèves subissent au quotidien tous types de violence, directement ou indirectement. Cette situation a fait naître en eux une certaine colère envers les élus, les adultes qui sont censés les protéger. « Notre discours était plus concret parce qu’on a vécu et on vit tous les jours ce qu’on a raconté pendant qu’eux sont dans leurs bureaux. Ils ne sont pas sur le terrain », critique Marissa Iris Combo. Les lycéens qui ont osé porter les voix de tous leurs camarades ont ramené toute l’assemblée présente à la dure réalité qui les frappe. Leur jeunesse rythmée par l’insécurité a rappelé aux élus et au gouvernement l’intérêt premier des Assises de la sécurité. Il est temps de trouver des solutions efficaces sur le long terme. « Chaque citoyen peut contribuer à l’amélioration de la sécurité sur l’île, alors ne baissons pas les bras et ne cherchons pas de prétexte pour ne pas être plus impliqués », prévient avec fierté Marissa Iris Combo.
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