En réponse à un préavis de grève illimitée déposé pour ce lundi 26 octobre, la directrice de l’agence régionale de santé, Dominique Voynet, joue la carte de la transparence et remet en cause les pratiques des organisations syndicales. Elle rappelle tout le chemin parcouru depuis la création de l’ARS et espère que les prochaines élections professionnelles prévues en novembre atténueront les tensions.
Depuis deux semaines, un préavis de grève illimitée plane au-dessus de la tête de l’agence régionale de santé. Après une première tentative échouée, un mouvement social porté par quatre organisations syndicales doit bel et bien se tenir à compter de ce lundi 26 octobre. « Avant mon départ en métropole, j’ai proposé aux agents de les rencontrer à mon retour, ce vendredi matin », précise Dominique Voynet, la directrice de l’institution sanitaire. Seul hic, deux délégués départementaux et pas de la maison se pointent à l’heure du rendez-vous. Une initiative qui fait bondir l’ancienne ministre. « Le protocole ne prévoit pas des personnes extérieures à l’ARS. Elles se sont imposées à une réunion à laquelle elles n’étaient pas invitées, j’ai trouvé cela discourtois. » Car là est le problème… Les élections professionnelles, qui devaient initialement se tenir au mois de mai, ont été reportées au 28 novembre pour « éviter une campagne en pleine épidémie ».
Et jusqu’à cette date fatidique, seuls 2 délégués de la CGT et 3 de l’UNSA, passés depuis sous la coupe de la CFDT, sont reconnus comme « des représentants légitimes du personnel » et siègent au comité d’agence provisoire. FO et CFE-CGC sont donc out de toute discussion jusqu’à nouvel ordre avant le vote tant attendu. « L’ARS est régie par le code de la santé publique, pas par le code du travail. Pour ce qui concerne le dialogue social, les syndicats savent que ce sont les centrales syndicales nationales qui assurent cette phase d’entre eux. » Pour démêler ce schmilblick, Dominique Voynet propose un travail en deux temps : un premier en interne et un second, ce lundi, pour échanger sur les orientations avec les « autres » interlocuteurs.
Coup de pression dans les services
Un énième souci dans la jeune histoire de l’ARS, créée au 1er janvier 2020. « Je suis inquiète et préoccupée par ce qu’il se passe à l’ARS alors que j’ai besoin qu’elle soit en état de marche », torpille-t-elle, tandis que la situation sanitaire semble de nouveau se dégrader, à la vue de la publication des derniers chiffres. « La CFDT fait le tour des service pour mettre la pression sur les agents, notamment des femmes et des jeunes qui se retrouvent isolés. Le travail n’est pas au rendez-vous. Le syndicat fait preuve d’une force de persuasion qui va bien au-delà de ce que nous pouvons accepter au sens démocratique. »
Dominique Voynet joue donc cartes sur table pour répondre une nouvelle fois aux différentes revendications. Concernant la formation individualisée, celle qui se définit comme « une fonctionnaire qui met en œuvre la politique gouvernementale » précise que les crédits pour l’année 2020 ne sont pas tous consommés et que le renforcement des compétences des agents reste l’une de ses priorités, depuis la scission avec La Réunion. « Il faudrait que je sois folle de les qualifier d’incompétents », confie-t-elle, précisant au passage la nomination de cinq mahorais à des postes clés depuis son arrivée à la tête de l’ARS. Au sujet du plan régional de santé, qui court jusqu’en 2027, elle tient à rassurer sur d’éventuels oublis, comme l’intégration du second hôpital. « Il va faire l’objet de procédures plus légères pour le réviser », confirme-t-elle. Quant à son bras droit, Salim Mouhoutar, elle avoue que l’officialisation du « statut de DGA a traîné », mais que ce problème est désormais « réglé ». Selon Dominique Voynet, ces conflits internes peuvent coûter gros à l’ARS. « Il n’y a pas un enthousiasme déroutant à Paris, il faut que nous dépotions nos dossiers et que nous prouvions nos compétences. » À l’instar des millions d’euros débloqués pour l’avion et l’hélicoptère sanitaires, deux moyens de transport indispensables pour un territoire comme Mayotte. « Il faut se battre comme un chien pour recevoir des fonds », défend-elle.
Par conséquent, la directrice générale en appelle à la responsabilité de tous pour éviter une nouvelle crise à partir de ce lundi 26 octobre. « J’entends bien ce qu’on nous explique sur la solidarité contrainte. En même temps, je crois aussi aux valeurs républicaines : un homme est égal à une voix. Je respecte chaque agent pour sa singularité et son appartenance au groupe. » Une petite tape sur les doigts en direction de ces « un ou deux mâles alpha qui décideraient à la place des autres ». Toujours est-il que Dominique Voynet a conscience qu’il est l’heure pour chacun de mettre de l’eau dans son vin : « Je veux résoudre ce malaise, avec mes agents. Ce n’est ni mon intérêt ni mon intention de ne pas dialoguer. » Message transmis !
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