A Anjouan, le calendrier de la fourniture publié par la société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec) n’est pas respecté, déplorent les habitants. Certaines régions comme le Nioumakelé ont déjà eu à rompre le jeûne dans le noir. Si globalement Moroni semble épargnée, ses périphéries et les zones reculées ne peuvent pas en dire autant.
Le ramadan a commencé depuis le dimanche 3 avril aux Comores. Dans l’archipel, la population à majorité musulmane a toujours attendu ce mois sacré avec impatience pour une raison un peu plus particulière. C’est en effet pendant le ramadan que le pays, habitué aux délestages répétitifs, renoue avec un semblant de stabilité énergétique. Mais cette année, la fourniture de l’électricité n’est pas à la hauteur des attentes de la population. Même si à la Grande Comore, de nombreuses zones disent avoir noté une amélioration. « Personnellement, je trouve que c’est mieux qu’avant. La seule chose positive, nous avons de l’électricité au moment de rompre le jeûne« , a témoigné, Mariama, une habitante de la région de Hamahame, au nord de Ngazidja. Cette dernière déplore toutefois les coupures intempestives nocturnes qu’ils observent. » Ils nous alimentent de 15h jusqu’à 1h du matin. Mais les habitants auraient souhaité être éclairés H24 et prient pour qu’il n’y ait pas un long délestage au risque de voir pourrir leurs produits surgelés », a-poursuivi notre source. En cette période de ramadan, la population a plus besoin d’électricité dans la journée pour conserver surtout les produits carnés qu’elle achète en quantité. Malheureusement, et c’est partout, aucune région mis à part Moroni, n’est alimentée pendant l’après-midi encore moins le matin. Comme le témoigne cet habitant de Mvuni, une ville située à moins de 3 km de la capitale. « Avant nous avions de l’électricité presque 24h/24h. Les délestages ne duraient pas 40 minutes. Mais depuis que le ramadan a commencé, l’électricité ne pointe le nez qu’à partir de 17h« , regrette notre interlocuteur. Même situation à Iconi, une ville qui se trouve à 5 minutes de la capitale où la Sonelec n’éclaire que pendant 7h : De15h à 22h selon certains habitants. Si à Moheli, la situation est stable, à Anjouan des régions vivent encore des calvaires. » Ils ont proposé un calendrier, mais celui-ci n’est jamais respecté. Ils disaient être capables de nous éclairer pendant le ftour. Ils nous l’envoient parfois à 22h. La preuve, le 2ème jour du ramadan, nous avons rompu le jeûne dans le noir« , peste Ismaël Abdou, originaire de la région de Nioumakelé, à Anjouan.
Surconsommation
Pour une partie de l’opinion, la Sonelec n’a pas honoré ses engagements. L’entreprise publique par la voix de ses responsables avait pourtant assuré que la fourniture de l’électricité serait régulière en ce mois sacré. » La population ne devrait pas ressentir des soucis en cas de relâchement d’un moteur au niveau de la production. Nous avons techniquement une production de satisfaire la demande quotidienne dans les différentes régions« , rassurait le directeur général de la Sonelec, Mohamed Soilihi Djounaid en conférence de presse, le 20 mars. Ce dernier avait annoncé une capacité de production de 18.2 mégawatt à Ngazidja et 4.7 à Anjouan. Assez suffisants pour assurer lors des heures de pointe promettait-il. Une semaine après le début du ramadan, l’heure est au désenchantement. Interrogé, Fayssoile Moussa, chargé de communication de l’Enterprise a donné plus de détails sur les raisons de ces « délestages économiques », comme ils les désignent. A l’en croire, ces problèmes qui les ont poussés à revoir les heures de fourniture sont liés plutôt à l’augmentation de la consommation du gazole. « Nous sommes passés de 70 000 à 79 000 litres par jour rien qu’à Ngazidja. A Anjouan, la ration du carburant a connu une augmentation de 6000 litres supplémentaires. Ce n’est pas que nous n’avions pas fait des prévisions. Non. La raison est simple : Innovent qui fournissait 3 mégas nous lâchés à la dernière minute, sans nous avertir de son incapacité à nous accompagner. Or, ils assuraient le courant dans la journée, pendant que nous prenions le relai le soir. Voilà pourquoi nous avons jugé nécessaire de procéder à ces délestages économiques« , s’est justifié, Fayssoile Moussa avant de rappeler que la Sonelec ne faisait face à aucun problème de puissance. » Le problème n’est pas technique. Nous disposons des mégas watt suffisants pour électrifier l’île. Mais avec ce chamboulement, il nous faut encore du carburant« , conclura-t-il.