« Vous êtes des exemples pour le territoire »

Douze jeunes suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ont été diplômés, ce jeudi 14 novembre, à l’hémicycle Younoussa-Bamana, à Mamoudzou. Un précieux sésame qui symbolise à leurs yeux la réussite après des parcours semés d’embûches.

La joie et l’émotion ont rempli l’hémicycle Younoussa-Bamana, dans l’enceinte du conseil départemental à Mamoudzou, ce jeudi 14 novembre. Une cérémonie avait lieu pour la remise des diplômes de douze jeunes suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui accompagne les moins de 21 ans en difficulté. « C’est un moment historique alors qu’on dit parfois d’eux qu’ils sont sans solutions », a introduit Sidi Nadjayedine, le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 3 qui a présidé la cérémonie.

Les lauréats ont été formés pendant neuf mois à la maçonnerie par le centre de formations Prof’ formations. Ce dispositif s’inscrit dans le cadre du contrat départemental de prévention et protection de l’enfance (CDPPE) qui associe le conseil départemental, l’Etat à travers la Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Deets) et l’Agence régionale de santé (ARS). Créé il y a trois ans, il ne cesse de prendre de l’ampleur, la nouvelle promotion en cours de formation comptant cette année cinquante inscrits.

Pour ces jeunes aux parcours fragiles et cabossés, « la sortie de la protection de l’enfance est un moment clé », explique Nafissata Mouhoudhoire, directrice déléguée de la Deets, car malgré leurs bagages compliqués, « on leur demande de progressivement se lancer en toute autonomie dans la vie ». La directrice déléguée salue cet accompagnement qui leur permet d’avoir « les ressources pour accéder à la formation et à l’emploi ». « Vous êtes des exemples pour le territoire, alors que nous avons trop tendance à parler seulement de ceux qui caillassent », a-t-elle lancé aux douze diplômés.

« C’est très précieux d’être formé »

Un diplôme qui est un passeport pour la vie. Les lauréats en ont bien conscience, « c’est très précieux d’être formé pour avoir un métier », exprime Shekina Nzoma, Congolais de 19 ans. Arrivé à Mayotte il y a deux ans, « cela n’a pas été facile d’en arriver là », confie-t-il. Quatre lauréats viennent de la République démocratique du Congo (RDC).

Ce précieux sésame a en effet été décroché non sans mal : dix-sept candidats étaient inscrits à l’origine et douze ont finalement réussi les épreuves. Pendant les neuf mois, chaque jour, il a fallu se lever tôt, voire très tôt, pour ceux qui venaient du centre et du sud de l’île en taxi. Ensuite sur les chantiers, il a fallu affronter le soleil qui tape fort. « Ils ont réussi à tenir et nous les avons motivés », explique un de leurs éducateurs de l’association Messo.

C’est donc tout sourire et avec beaucoup de gratitude qu’ils sont venus chercher ce bout de carton qui symbolise tant. « Nous sommes très fiers de nous, grâce à la formation de maçonnerie qu’on a suivie, on croit qu’on pourra servir au développement de l’île », souligne un des jeunes.

 « Maintenant qu’on a le diplôme, ce n’est pas pour garder nos compétences à la maison », affirme Ornella Ngana, 18 ans. La Congolaise fait partie des deux filles diplômées maçons et a par ailleurs terminé major de la promotion. Au total, l’Aide sociale à l’enfance à Mayotte suit 2.000 enfants, dont 1.400 placés, les autres sont en milieu ouvert.

Journaliste à Mayotte Hebdo et à Flash Infos Mayotte depuis juin 2024. Société, éducation et politique sont mes sujets de prédilection. Le reste du temps, j’explore la magnifique nature de Mayotte.

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