« Violence, précarité, injustice »: Les enseignants dénoncent leurs conditions de travail

Réunis à l’appel du syndicat SNUipp, les enseignants du premier degré ont manifesté hier pour dénoncer des conditions de travail « insupportables ». Parmi les objectifs de leur grève : mobiliser les parents d’élèves dans la lutte pour de meilleures conditions d’enseignement.

« On lâche rien ! » Devant le vice-rectorat de Mayotte, la sono du syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUipp) fait raisonner le célèbre titre de HK & Les Saltimbanks face à des professionnels en colère. À l’occasion de la journée nationale de mobilisation initiée par le syndicat, une cinquantaine d’enseignants sont décidés à se faire entendre par les autorités. « A l’instar des revendications nationales, nous souhaitons de meilleures conditions de travail. Cela passe par une augmentation des enseignants et une baisse des effectifs dans les classes à hauteur de 20 élèves maximum », explique le secrétaire départemental du SNUipp, Rivomalala Rakotondravelo, dit « Rivo ». Au menu de la journée : grève, sit-in et manifestation dans les rues de Mamoudzou.

Si la mobilisation est nationale, les revendications locales sont au centre des préoccupations de la journée. « Tout Mayotte en REP+ », peut-on lire sur les banderoles des manifestants qui espèrent étendre le dispositif « réseau d’éducation prioritaire renforcé » à tout le département. À l’instar de la Guyane, les enseignants exigent également des indemnités spécifiques pour attirer de nouveaux enseignants. Une volonté « d’égalité de traitement » qui se retrouve dans d’autres revendications, comme l’accès à certaines primes et droits versés aux enseignants sur d’autres territoires de la République. 

Actualité oblige, l’insécurité dans les établissements est également dans l’esprit de chacun. Sur les tracts distribués par le syndicat, le souhait d’une « indemnité spéciale pour compenser les risques encourus dans l’exercice de nos fonctions » est mis en évidence. « La violence est également présente dans le premier degré d’enseignement », martèle une enseignante. Avant de s’élancer en manifestation, les représentants syndicaux sont finalement reçus par le vice-rectorat. « On nous écoute, oui… Mais est-ce que nous sommes entendus ? Ça, c’est autre chose », s’inquiète Rivo.

Lutter contre « l’effet de lassitude » 

Les manifestants le concèdent : « Beaucoup de ces revendications ne sont pas nouvelles ». À l’heure où les enseignants du second degré et l’ensemble du personnel éducatif se mobilisent pour de meilleures conditions de travail, beaucoup espèrent une coordination des luttes à l’échelle départementale. Cela dans le but d’éviter un « effet de lassitude ». « Il faut une révolution de tout le système éducatif à Mayotte. Les syndicats du premier et second degré doivent se mettre autour de la table pour revendiquer cette cause », plaide l’enseignant Abdallah Youssouf. Une mobilisation générale qui se justifie notamment de par l’étendue des problèmes du système éducatif mahorais. « En huit ans de travail à Mayotte, j’ai pu constater que les choses empirent. Il y a une urgence sur plusieurs fronts, ce qui explique cette étendue des revendications », explique un autre enseignant. Comme ses confrères, celui-ci dénonce un paradoxe : « Les mobilisations ne réunissent plus grand monde alors que les problèmes augmentent. » Au terme de l’assemblée générale clôturant la mobilisation du jour, la colère des enseignants ne s’essouffle pas. Ce qui laisse sous-entendre une poursuite du mouvement.

Pour provoquer un réel changement, beaucoup évoquent une solution dite « idéale »: la mobilisation des parents d’élèves. « Les Mahorais ne se rendent peut-être pas compte qu’ils doivent accompagner l’éducation de leurs enfants par des revendications fortes. Sur ce point, nous n’avons pas assez de répondant. Et les professeurs se retrouvent désorientés », dénonce un enseignant qui répond au nom de M. Pinel. La clé du problème résiderait-elle dans les parents d’élèves ? « Oui, la clé est dans leurs mains, mais aussi dans celles de l’Etat qui n’honore pas toujours ses engagements », conclut-il.

 

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