Une semaine des langues pour « faire voyager les élèves ! »

A la maison : shimaore, kibushi ou français ; à l’école : anglais, espagnol ou arabe… Les langues vivent à Mayotte ! A partir de ce lundi 27 mars, et jusqu’au 1er avril, les établissements scolaires de l’île célèbrent – comme sur tout le reste du territoire français – la « Semaine des langues vivantes ». Pour Frédéric Chevallier, l’inspecteur académique – inspecteur pédagogique régional (IA-IPR) d’anglais de Mayotte, cet événement revêt un intérêt tout particulier. Les langues, dit-il, sont un « levier pour la réussite » de nos élèves.

Flash Infos : Expliquez-nous en quoi consiste la « Semaine des langues vivantes », et quels en sont les objectifs ?

Frédéric Chevallier : C’est un événement porté par l’Éducation nationale, destiné à encourager la pratique des langues vivantes et à mettre en avant la diversité linguistique de nos territoires. Cette huitième édition a pour thématique : « L’important, c’est de communiquer ». Sur notre île plurilingue, nous en faisons un rendez-vous majeur ! Concrètement, ce sont tout un tas d’activités qui sont proposées dans les établissements : des chants, des danses, des projections de films en version originale, des menus aux couleurs de pays européens, des pièces de théâtre, et bien d’autres encore…  Cette semaine des langues vivantes permet de s’ouvrir aux cultures étrangères. On observe chez les élèves une véritable passion pour ce qu’ils ne connaissent pas, et donc une velléité à apprendre la langue après avoir été exposés à la culture associée.

F.I. : Les élèves mahorais sont pour la plupart bilingues – français/shimaore ou français/kibushi. Est-ce que cela les aide dans l’apprentissage des langues enseignées à l’école ?

F.C. : Le multilinguisme dans les familles mahoraises est un atout ! Les compétences développées dans une langue peuvent être transférées dans une autre. En classe, on s’aperçoit que les élèves prennent appui sur leur langue maternelle pour nourrir l’apprentissage d’une autre, y compris du français. Nos jeunes Mahorais sont plutôt bons en langues étrangères : ils sont réceptifs, justement pour cette raison qu’ils parlent déjà plusieurs langues chez eux. Par ailleurs ce sont des cours ludiques, auxquels ils apprécient assister.

F.I. : Quelles sont les méthodes pédagogiques préconisées actuellement ?

F.C. : Nous nous basons sur la démarche dite « actionnelle ». C’est à dire que l’élève doit être actif et mobilisé au service d’une tâche précise et concrète : la rédaction d’un menu, un exposé, par exemple. La grammaire, le lexique sont introduits comme des outils au service de la réalisation de cette tâche. En fait, on crée un besoin chez l’élève pour stimuler l’apprentissage. En somme, un cours de langue, c’est une entrée culturelle et une sortie linguistique. C’est à dire que tout ce que l’on fait doit être contextualisé : on ne fait pas de cours de grammaire avec des listes d’exercices. Un élève ne peut pas apprendre de manière abstraite… Les langues vivantes sont un outil pour faire de nos jeunes des citoyens, leur permettre d’acquérir une aisance linguistique suffisante pour s’ouvrir au monde et voyager. On sait que cette ouverture culturelle et linguistique portera ses fruits. Il y a une vraie volonté du gouvernement de mettre les langues à un niveau aussi important que le français ou les mathématiques, d’en faire un levier pour la réussite des élèves.

F.I. : Comment l’enseignement des langues à Mayotte contribue-t-il à l’ouverture à l’international et à la mobilité des élèves ?

F.C. : Nous avons deux types de mobilités. La première est la mobilité virtuelle, avec le développement du dispositif eTwinning, qui permet aux élèves de différents pays européens de communiquer entre eux. Plusieurs dispositifs de la sorte sont actuellement en place à Mayotte. On a des jeunes Mahorais qui échangent avec des Irlandais, des Hongrois… Au niveau du primaire, nous avons aussi Captain Kelly, un robot conversationnel qui passe dans les classes, et vient en appui des professeurs des écoles qui ne sont pas forcément des linguistes. Ensuite, nous avons la mobilité physique. Le programme Erasmus+ commence à se développer sur le territoire, et permet de se déplacer dans les pays proches. Et puis la mobilité, qu’elle soit virtuelle ou physique, elle se fait aussi pendant la semaine des langues : il s’agit de faire voyager les élèves !

Enfin, notons que de plus en plus de parcours renforcés en langues sont proposés sur le territoire. Ont été mis en place cette année un baccalauréat français international au lycée des Lumières, et une section internationale au collège de Koungou. Plusieurs sections européennes sont ouvertes sur l’île. En bref, tous nos jeunes de Mayotte, peu importe leur niveau ou leur localisation, peuvent avoir un parcours renforcé en langues.

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Mayotte Hebdo n°1110

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