Les élèves mahorais sont retournés sur le chemin de l’école ce lundi matin. Au collège Zena M’déré, à Pamandzi, si la joie se voit sur les visages de ceux qui retrouvent leurs camarades plus d’un mois après le cyclone Chido, l’inquiétude face à cette rentrée dégradée demeure.
Devant le collège Zena M’déré, à Pamandzi, les élèves sont attroupés vers 8h. Six semaines après le cyclone Chido, il est l’heure pour eux de revenir sur les bancs de l’école. Des conversations animées pour se raconter le mois dernier, des rires, un silence difficile à obtenir lorsque le principal, Éric Muller, le demande pour appeler les classes à entrer, des casquettes récalcitrantes sur les têtes… De loin, le tout pourrait avoir l’air normal. Seulement de loin. Ce 27 janvier, quinze jours après la date initialement prévue pour l’ensemble des 1.400 collégiens, seuls les troisièmes franchissent les portes. Pour l’heure, l’établissement, comme la majeure partie de ceux de l’île, fonctionnera en accueillant un niveau par jour. Et il s’agit ici d’une école relativement épargnée, comme nous le confirme la principale adjointe, Morgane Renard, indiquant que 90% de l’établissement est en capacité d’accueillir les élèves.
Si Fazina Colo est heureuse de voir ses enfants rejoindre les bancs de l’école après un mois et demi restés à la maison, elle s’inquiète du nombre de professeurs présents. « Je ne sais pas si ils sont tous là », indique-t-elle. Sur ce point, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, venu rendre visite aux collégiens ce lundi, avec le recteur de l’académie de Mayotte, Jacques Mikulovic, indique que 80% des professeurs de l’établissement sont présents. La principale adjointe indique de son côté que 90% d’entres eux devraient être là d’ici la semaine prochaine.
« On a des examens à préparer »
Ilida, élève de troisième, se réjouit de retrouver sa classe. « C’est déjà bien qu’on retourne à l’école, car on a des examens à préparer », explique l’adolescente de 15 ans. Si la joie de se retrouver est palpable, dans les classes, d’autres sont moins enthousiastes. « C’était compliqué, et là on ne sait pas trop comment ça va se passer », dit-une élève, à sa table. « Je n’avais pas envie de revenir, je voulais rester en vacances », indique un autre.
« Il faut qu’on travaille à cette adaptation », relève le recteur. Il insiste notamment sur le dispositif de l’école ouverte pendant les vacances, qui permet aux élèves volontaires de suivre les cours, sur lequel il compte pour aider à rattraper les deux semaines de retard. Il explique également que quatre établissements vont bénéficier d’un accompagnement expérimental, « pour apporter du contenu autrement ». Enfin, sur un retour à la normale espéré, il déclare : « À partir de la semaine prochaine, tous les élèves seront accueillis sur toute la semaine, il y aura des adaptations en terme de contenu, puisque certains établissements ne seront pas à jauge complète. »
Une manifestation devant le rectorat
Pour l’heure, trois établissements du second degré et 39 écoles n’ont pas fait leur rentrée ce jour, les lieux n’étant pas encore sécurisés, et le collège de Kwalé accueillant encore des exilés. Le préfet de Mayotte indique que le travail se poursuit pour la sécurisation des lieux, et renforcer celle des établissement qui peuvent déjà accueillir des élèves. La sécurité périmétrique sera également renforcée, pour permettre aux enseignants et aux élèves de rejoindre les établissements sereinement.
Malgré une rentrée dégradé, il a souhaité partager son sentiment de « bonheur de voir les choses se faire comme elles se font, c’est-à-dire de voir des établissements ré-ouverts, de voir des élèves qui sont revenus sur le chemin de l’école, d’avoir des enseignants qui sont présents, et d’avoir une vie d’éducation, essentielle à la république, qui reprend ».
Mais ce bonheur n’est pas partagés par tous. En parallèle de cette visite officielle, dans un des établissements les moins touchés de l’île, une centaine d’enseignants se sont rassemblés devant le rectorat, à l’appel de l’intersyndicale, notamment pour demander la sécurisation des établissements et la généralisation de la prime Chido.
Journaliste à Mayotte depuis septembre 2023. Passionnée par les sujets environnementaux et sociétaux. Aime autant raconter Mayotte par écrit et que par vidéo. Quand je ne suis pas en train d’écrire ou de filmer la nature, vous me trouverez dedans.