Jeudi 24 février 2022, les sixièmes du collège de Sada ont accueilli lors de leur cours de natation hebdomadaire un invité de marque : Alain Bernard, le premier français à avoir remporté un titre olympique sur 100 mètres nage libre. Un honneur pour les petits nageurs, surexcités à l’idée de montrer leurs performances au médaillé des plus grandes compétitions mondiales.
Quoi de mieux que les conseils d’un champion olympique pour apprendre à nager ? Sur le sable de Tahiti Plage ce jeudi matin, soixante jeunes sadois se jettent à l’eau sous l’œil attentif de la star française des Jeux Olympiques 2008 et 2012, Alain Bernard.
« Alors parmi vous, qui sait nager ?” Devant une horde de mains levées, l’ancien athlète très pédagogue se prend rapidement au jeu. “Je veux nager, mais surtout aller vite”, lance Khaleb* qui se voit déjà chanter la marseillaise à l’aune des Jeux olympiques de Paris 2024. “D’abord, on va apprendre à bien nager et après, on nagera vite, d’accord ?!”, s ‘amuse le natif d’Aubagne. Peu à peu, les bavardages cessent. Disciplinés, les élèves conversent joyeusement avec leur intervenant du jour.
Comme un poisson dans l’eau
D’un ton calme et avec beaucoup de douceur, le colosse d’un mètre quatre-vingt-seize répond tour à tour aux demandes des collégiens. “Êtiez-vous stressé quand vous avez appris à nager ?”, “À quel âge avez-vous appris à nager ?”, “Avez-vous appris à nager à la piscine ou dans la mer ?”, “Est-ce que vous en avez déjà eu marre de nager ?”, “À quoi pensez-vous quand vous nagez ?” Un flot de questions déferle sur le nageur.
Habitué aux échanges avec les jeunes, Alain Bernard confie intervenir partout en France pour promouvoir la construction de piscines afin que chacun soit en capacité d’évoluer en toute sécurité en milieu aquatique. À Mayotte l’apprentissage de la natation se pose comme une véritable problématique. En effet, les infrastructures et le personnel qualifié manquent à l’appel. Comme Hugo, Cyril, Guillaume, professeurs d’éducation physique et sportive au collège de Sada, les enseignants font passer aux jeunes la certification du savoir nager. Malheureusement, avec un seul cycle sur l’ensemble de leur scolarité, plus de la moitié des enfants ne peuvent acquérir les compétences nécessaires à la nage en eau libre.
Le lagon, aire de jeu des petits mahorais
Maillot enfilé et lunettes de piscine sur le nez, place aux choses sérieuses. Après quelques minutes à les observer depuis la plage, l’appel de l’océan Indien est plus fort que tout et Alain Bernard rejoint les jeunes et leurs professeurs. Au programme : conseils, jeux et courses pour terminer cette heure de natation. Le lagon met tout le monde d’accord et l’ensemble des nageurs sortent des vagues avec le sourire aux lèvres.
Si pour l’instant, il leur reste encore des progrès à faire avant d’atteindre les 8 à 9 km/heures auxquels nage Alain Bernard, la motivation des jeunes est là. “Au sein du 101ème département, le contexte de crise de l’eau notamment freinent la construction des piscines, ce sont ces enfants volontaires et leur envie d’apprendre qui nous donnent la force de lutter pour développer des infrastructures et leur offrir la possibilité de s’épanouir dans l’eau”, affirme celui qui a parcouru plus de 50.000 kilomètres de bassin à la nage en 15 ans, soit plus les 40.075 kilomètres que mesure la circonférence de la Terre…