Un projet de réseau d’entraide pour les jeunes majeurs isolés

A leurs 18 ans, les enfants placés dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance peuvent se retrouver livrés à eux-mêmes. Pour les aider à s’insérer, une association d’entraide, réunissant d’anciens enfants de la protection de l’enfance devrait bientôt voir le jour à Mayotte, seul département d’outre-mer qui en est encore dépourvu. 

Environ 2.000 enfants sont placés à Mayotte. « Et à leur majorité, ils sont souvent livrés à eux-mêmes. Car le territoire manque de structure pour leur permettre de s’insérer », souligne Hamza Bensatem. Pour leur venir en aide, cet ancien enfant de la Ddaas, aujourd’hui président de l’association départementale d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance (Adepape), à Marseille, s’est rendu à Mayotte pour créer une communauté d’entraide. « L’objectif est de créer une association locale, animée par trois ou quatre personnes ayant bénéficié de l’aide sociale à l’enfance et qui ont tourné la page de ce passé compliqué », indique-t-il. Des personnes de 20 à 35 ans, qui pourraient ainsi aider les jeunes à s’insérer, en leur racontant leurs parcours et en les inspirant. La structure mahoraise permettrait aux jeunes majeurs isolés de reprendre confiance en eux et d’avoir un lieu pour se retrouver. « On sent qu’à Mayotte, les jeunes ont envie de s’en sortir. En métropole, ils sont souvent fatalistes, dans l’abandon alors qu’il y a plus de moyens mis en place pour eux. » 

Seul département d’outre-mer dépourvu

Ce type d’association existe en effet un peu partout sur le territoire national. On en compte 70 en France et Mayotte est le seul département d’outre-mer à en être dépourvu. « Au vu du manque d’infrastructures et de moyens sur l’île, on a besoin plus que jamais de ce type de structure », estime le président de l’association des Bouches-du-Rhône, qui a rencontré des représentants du Conseil départemental, de la Préfecture et de différentes associations comme Mlezi Maoré ainsi que les jeunes mineurs accompagnés. D’autant que la création de cette association est prévue par la loi dans chaque département ou chaque région française. 

Grâce à son parcours, Hamza Bensatem, âgé de 25 ans, redonne, lui aussi, de l’espoir. « J’ai été placé de mes 9 à mes 21 ans. J’ai grandi dans un bidonville à Marseille, ma mère était malade, mon père reparti en Algérie et elle n’arrivait pas à élever ses SIX enfants », explique-t-il. Après plusieurs années douloureuses à « fumer, voler, multiplier les violences » et voir ses frères se faire incarcérer, le Marseillais a intégré l’Adepape et a réussi à reprendre ses études. « Aujourd’hui je suis en master 2 dans une grande école de commerce que j’ai pu financer grâce à une fondation privée. Il y a des dispositifs qui existent, je veux montrer aux jeunes qu’il n’y a pas de fatalité et qu’on peut avoir une deuxième chance », raconte-t-il. 

A l’issue de son séjour à Mayotte, le président de l’Adepape marseillaise rendra un rapport à destination de la secrétaire d’État chargée de l’enfance, Charlotte Caubel, afin d’établir un projet pour Mayotte. L’association devrait ensuite voir le jour sur l’île en fin d’année. Ce samedi 25 mars, Hamza Bensatem organise d’ailleurs un temps d’échange pour tenter d’inciter les anciens bénéficiaires de l’aide sociale à l’enfance de devenir des mentors et commencer à créer un réseau d’entraide. Le rendez-vous est donné à 9h, à l’hôtel du Département. 

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