Pour le syndicat des personnels administratifs et de l’intendance, « il faut un plan d’urgence à Mayotte »

Une délégation du bureau national du syndicat A&I-UNSA (syndicat des personnels administratifs et de l’intendance) s’est déplacée à Mayotte du samedi 18 au mercredi 22 juin pour rencontrer le bureau local et ses adhérents. Au cours de leur séjour, les trois secrétaires ont notamment fait le tour des établissements scolaires de l’île présentant le plus de difficultés.

« Nous sommes venus pour nous confronter à la réalité mahoraise et établir un lien entre le bureau local, le bureau national et le cabinet du ministre de l’Éducation nationale à qui nous faisons régulièrement remonter les besoins des personnels », déclare Jean-Paul Lopez, le secrétaire national vie syndicale et formation, venu sur le territoire en compagnie de Dominique Chassagne, le secrétaire national fonction publique, revendications corporatives et personnels de catégorie A et Jean-Marc Bœuf, le secrétaire général. Les trois membres du bureau ont tenté d’analyser les besoins spécifiques de Mayotte. Représentant les personnels administratifs et de l’intendance de l’union nationale des syndicats autonomes (UNSA), A&I est le syndicat le plus nombreux au sein de l’Éducation nationale. Il s’occupe également des personnels de la fonction publique travaillant dans les secteurs de la jeunesse, des sports et de l’enseignement supérieur. « Nous sommes la 3ème fédération syndicale de la fonction publique. »

Accueillie par Laurence Pollozec, la secrétaire académique du bureau de Mayotte, la délégation s’est rendue, au cours de son séjour, dans les établissements scolaires de Koungou, de Dzoumogné, de M’tsangamoudji et de Kahani. Autant de collèges et de lycées bien connus sur l’île pour avoir souffert ces dernières années de gros problèmes d’insécurité. À ces visites se sont ajoutées des échanges avec la direction de Sada, qui souffre d’un sérieux problème de manque de personnel administratif. Au cours de cette tournée, la délégation a vérifié que les indemnisations prévues étaient bien effectives. « Elles se mettent en place progressivement à Mayotte », ont pu constater les trois membres du bureau national qui ont également recueilli les témoignages et noté les besoins de leurs camarades mahorais.

« Un plan d’urgence est nécessaire à Mayotte »

Et leur conclusion est unanime : il faut que l’Éducation nationale, et donc l’État, mette en place un « plan d’urgence » pour Mayotte. « Ce territoire est très particulier, il n’est comparable à aucun autre. Il faut donc mettre en œuvre des mesures spécifiques pour renforcer son attractivité et faire cesser le turn-over incessant qui nuit au bon fonctionnement des établissements scolaires », déclare notamment Jean-Paul Lopez. Ses collègues et lui reconnaissent volontiers que les besoins spécifiques de Mayotte sont difficiles à faire valoir au national car l’île est considérée au niveau ministériel comme un « territoire périphérique », assez éloignée des priorités de l’Hexagone.

En se rendant sur place, et c’était l’objectif visé, la délégation a pu se rendre compte des graves problèmes dont souffrent les personnels administratifs et de l’intendance. Outre l’insécurité au sein des établissements, la profession souffre d’un manque de bureaux engendrant une promiscuité dérangeante et d’un sous-effectif générant un épuisement des personnels. « Il y a également le problème de l’acclimatation pour ceux qui viennent de métropole », précise-t-elle qui préconise davantage de recrutement en local. Le problème est que les fonctionnaires locaux sont souvent recrutés en classe B et C alors que les collèges et les lycées nécessitent également des fonctionnaires de classe A. « Le résultat est que les personnels de classe B sont amenés à effectuer des tâches réservées normalement aux personnels de classe A, sans recevoir ni le salaire ni la reconnaissance qui va avec », explique Laurence Pollozec qui souligne aussi que « l’Éducation nationale agrandit les établissements sans changer les effectifs ». Autant de problèmes que la délégation a évoqué avec le recteur Gilles Halbout et son directeur des ressources humaines lors de sa visite. Un bilan sera remonté au cabinet du ministre afin d’essayer de trouver des solutions. « Ici, on est sur une situation explosive », s’inquiète Dominique Chassagne qui martèle la nécessité de ce fameux « plan d’urgence pour Mayotte ».

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