Salon du livre de Mayotte : Nassur Attoumani fait plaisir aux enfants avec trois contes

Une première au salon du livre de Mayotte (ces vendredi et samedi à Mamoudzou) cette année, Nassur Attoumani innove dans la vulgarisation de ses écrits. Trois ouvrages trilingues, des contes pour enfants, écrits en Français, traduits en anglais, shimaoré et kibushi, les deux langues locales : « Le petit duc de Mayotte », « Au pays de la nouvelle année » et « Le miel d’abeille ».

La prouesse est à retenir pour les écrivains mahorais. De cette communauté très restreinte de nos intellectuels, il est désormais le premier avoir franchi le Rubicon, en proposant au public une œuvre en plusieurs langues dans un même ouvrage. L’idée de favoriser la lecture à Mayotte en ayant recours aux langues locales n’est pas nouvelle. Elle remonte même à deux décennies mais n’a jamais réussi à franchir le stade du vœu pieux. L’association Shimé qui doit sortir tantôt un dictionnaire du shimaoré tant un alphabet permettant d’asseoir une écriture mahoraise pour l’enseignement du grand nombre, n’a pas encore rendu sa copie. Résultat, le capharnaüm demeure en matière de transcription du shimaoré et du kiboushi qui sont toutes les deux des langues orales. Il y a les partisans par exemple du « wambouchou », « oimbouchou » et ceux du « wambushu » pour ne citer que ces trois catégories là. En attendant que les experts d’accordent sur une manière définitive d’écrire ces deux dialectes de notre île très fortement malmenées par les néologismes en tous genres et les apports d’autres langues européennes, orientales ou africaines, il était grand temps que quelqu’un s’attache à limiter la casse. 

La pédagogie étant, dit-on souvent, l’art de la répétition, Nassur Attoumani, lui-même retraité du secteur de l’enseignement (ancien professeur de collège et lycée), a choisi de s’adresser aux plus jeunes d’entre nous, plus perméables à l’apprentissage des langues parentales et non parentales.

Des thématiques de la vie courante

L’auteur sadois publie cette année deux contes trilingues intitulés « Le petit-duc de Mayotte » et « Le miel d’abeille », très instructifs pour nos têtes blondes, à partir de 5 ans, qu’il a pris soin de faire traduire en anglais et shimaoré aux éditions Mayotte ça conte. Pour le premier ouvrage de cette série de trois, l’auteur a choisi d’aborder le thème de la délinquance juvénile en prenant pour décor le lac Karihani au centre de l’île dans la commune de Tsingoni. Et pour mieux faire passer son message, l’auteur de la pièce de théâtre « Le turban et la capote », a décidé d’utiliser des animaux de la forêt mahoraise en guise d’acteurs de ce conte merveilleux. Le deuxième est un clin à l’environnement, autre sujet tout aussi d’actualité avec la crise de l’eau et la sécheresse qui frappent notre île ces dernières années. Le miel d’abeille est célébré pour ses vertus médicinales et bienfaisantes sur l’homme.

Autre sujet d’actualité visité par Nassur Attoumani dans son œuvre cette année, l’immigration et l’intégration, cette fois-ci, sous les traits de sept garçonnets et fillettes, matérialisant les sept jours de la semaine, devenus orphelins et livrés à eux-mêmes. « Pour fuir la violence, la peur et l’insécurité, ils s’embarquent sur un boutre avec leurs maigres économies. Ils émigrent au pays des Quatre Saisons », démarre ainsi l’histoire racontée en français, anglais, shimaoré et kibushi.

Pour réaliser ce travail remarquable à tous les points de vue, l’ancien enseignant s’est adjoint les services (pour établir les fiches pédagogiques) de Salama Kala Attoumani, une enseignante spécialiste de la langue maternelle et Jean-Berky Nguala, un docteur en didactique des mathématiques d’origine congolaise (Zaïre), actuellement maître de conférences au Centre universitaire de Dembéni (CRUF) où il forme des enseignants de l’école primaire et secondaire dans cette discipline. Les illustrations sont de Yann Sougey-fils et Pascal Vittel.

Il importe de noter que ces ouvrages sont accompagnés d’un enregistrement audio en français et d’un fichier pédagogique à l’attention des professeurs des écoles en QR code.

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