RSMA : Le transport, la bonne voie à suivre pour atteindre un emploi

Ce mardi 12 avril, le régiment de service adapté (RSMA) organisait une « journée des métiers du transport ». Celle-ci avait notamment pour but de mettre en relation les entreprises qui recrutent ou recruteront dans ce domaine avec les jeunes en cours de formation. Les transports sont un secteur dans lequel Mayotte aura besoin de beaucoup de ressources humaines avec les différents projets urbains en cours. Une aubaine pour les jeunes Mahorais qui souhaitent demeurer sur leur île !

De nombreux emplois seront bientôt à pourvoir à Mayotte dans le secteur des transports. Entre le projet de contournement de Mamoudzou et le projet Caribus, pour ne citer que ces deux-là, l’île aura  besoin de nombreux chauffeurs de poids lourds et de personnes sachant manier des engins de chantier. Le RSMA l’a bien compris et c’est la raison pour laquelle il compte prochainement ouvrir une deuxième filière de formation dans ce domaine. Cette année, une petite trentaine de jeunes sont formés à ces métiers et la « journée des métiers du transport » leur a permis de rencontrer les responsables des entreprises qui recrutent. « Cela nous a également permis de mieux identifier les besoins des entreprises afin d’affiner la formation que nous dispensons aux jeunes », précise le capitaine Sylvain Perez. Ce dernier dirige la 2ème compagnie du RSMA, dédiée à la formation des jeunes dans le domaine des services, la 1ère formant quant à elle aux métiers du bâtiment et des travaux publics.

Le RSMA est l’acteur local qui forme le plus de jeunes sur l’île. Ils sont environ 800 à intégrer les rangs chaque année, ce qui est bien davantage que n’importe quel autre organisme de formation. « Notre mission principale est de contribuer au développement du territoire et les formations que nous dispensons y contribuent justement », rappelle le capitaine Perez. Ouvertes à tout jeune de nationalité française âgé d’entre 18 et 25 ans et possédant un casier judiciaire vierge (ou rendu vierge par décision de justice), les formations du RSMA sont considérées comme une aubaine pour les jeunes sortis du système scolaire sans aucune formation. Pour autant, les jeunes diplômés souhaitant en bénéficier sont bien entendu acceptés. « Certains jeunes se croient obligés de nous cacher leurs diplômes, alors qu’ils pourraient devenir Volontaire Technicien plus rapidement (NDLR : les Volontaires Techniciens sont formés pour encadrer les autres jeunes) », déplore le capitaine de la 2ème compagnie.

Une reprise économique qui a créé « un appel d’air »

En ce moment, de nombreuses entreprises cherchent à employer, car la reprise économique suite à la crise sanitaire a créé « un appel d’air ». Mais les entreprises peinent à recruter faute de compétences sur place et Mayotte n’attire que très peu les métropolitains. « En 2021, année difficile, nous avons quand même pu insérer 85% de nos jeunes, mais d’ordinaire le taux avoisine les 100% », se félicite le capitaine Perez, qui avoue que « le RSMA a pratiquement épuisé en ce moment le nombre de jeunes en demande susceptibles d’être intégrés ». Un fait qui peut susciter l’étonnement quand on sait que l’île regorge de jeunes désoeuvrés. « C’est que la nationalité française est obligatoire », nous éclaire alors l’officier. Une simple carte de séjour ne suffit donc pas. « Au sein de l’armée, seul le DLEM (Détachement de Légion Etrangère à Mayotte) a l’autorisation d’employer des étrangers », fait-il remarquer.

 

« Nous allons avoir besoin de nombreux chauffeurs »

Les principales entreprises ayant des besoins dans le domaine des métiers du transport ont répondu présentes à l’invitation lancée par le RSMA. Des responsables de Colas, ETPC, Somagaz, Total, mais également d’institutions publiques comme le conseil départemental étaient présents ce mardi matin pour échanger avec les jeunes. « Le secteur des travaux publics va largement augmenter ses activités dans les années à venir, nous allons donc avoir besoin de nombreux chauffeurs pour transporter des matériaux, du matériel, mais aussi des personnes », indique par exemple Pierre-Edouard Blanquart, le directeur d’exploitation d’ETPC. Même chose chez Colas qui était représenté par Abdallah Mounir du pôle transport de l’entreprise.

Intéressés tout deux par la manne en ressources humaines que représente les jeunes du RSMA, ces derniers déplorent toutefois le fort taux d’illettrisme. Environ 50% des jeunes formés ne savent en effet ni lire ni écrire, un véritable frein à l’embauche même pour des métiers de chauffeurs ou de manipulateurs d’engins de chantier. « Il y a toujours des bons de livraison ou des fiches techniques à remplir, il nous faut donc du personnel avec un niveau de français écrit minimum », assure Pierre-Edouard Blanquart. Les formateurs du RSMA sont conscients du problème et tentent d’inculquer les bases aux jeunes, mais une formation de dix mois est rarement suffisante pour y arriver. « Nous ne pouvons pas faire de miracle », déplore le capitaine Perez, abasourdi par le nombre de jeunes ne sachant ni lire ni écrire sur le territoire. « Parmi les jeunes que nous formons, ceux qui savent correctement lire, écrire et compter se comptent sur les doigts de la main », constate-t-il avec tristesse.

Autre problème pour les responsables d’entreprise : le faible taux de femmes formées aux métiers des transports. « Nous sommes obligés d’arriver à un taux de plus de 75% d’égalité homme/femme sous peine de payer des pénalités. Le problème c’est que nos métiers n’attirent que très peu les femmes ici à Mayotte », déplore le directeur d’exploitation d’ETPC.

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