Au lycée polyvalent de la Cité du Nord, à Acoua, dans le cadre d’une journée de l’entrepreneuriat, une centaine d’élèves ont rencontré des entrepreneurs locaux. Durant leurs interventions, les professionnels ont pu prodiguer leurs conseils issus de leurs parcours, face aux enjeux de l’entrepreneuriat.
“L’entrepreneuriat, c’est un arbitrage entre risque et rentabilité”, résume Dhitoiaraini Foundi, consultant financier, devant une centaine d’élèves de Brevet de technicien supérieur en gestion de la petite et moyenne entreprise (BTS GPME). Au lycée polyvalent de la Cité du Nord à M’tsangadoua, dans la commune d’Acoua, ce mercredi 20 novembre, ils ont pu rencontrer six professionnels locaux dans le domaine de l’entrepreneuriat. “J’avais vraiment envie que nos cours fassent écho, je me disais qu’une parole venue de la bouche d’entrepreneur serait un poids supplémentaire”, explique Fatoumya Adame Madi, professeur en éco-gestion et coordinatrice de l’événement. Les intervenants ont répondu aux interrogations de leurs étudiants.
Dans une des salles de cours du deuxième étage du lycée, Dhitoiaraini Foundi distille ses conseils issus de son expérience, lui-même étant un ancien élève de l’établissement. “L’entrepreneuriat, c’est observer des problèmes et y apporter des solutions”, aime-t-il répéter. Ancien employé de la banque HSBC, il décide de devenir entrepreneur en tant que consultant financier à l’île Maurice. Devant eux, un groupe d’élèves s’interroge : “Comment faisons-nous si nous n’avons pas d’argent ?” Un autre demande : “Si on investit, est-ce qu’on risque vraiment de tout perdre ?” Au côté de Dhitoimaraini Foundi, se trouve Abdou Moina. Il rappelle une citation de l’économiste Joseph Schumpeter : “L’entrepreneur est celui qui prend des risques, donc n’ayez pas peur !” ajoute t-il.
“Le salariat à Mayotte va saturer”
À tour de rôle, les professionnels présents racontent leurs échecs et leurs réussites. “C’est très important de les inspirer, il y a énormément de choses à faire à Mayotte. Surtout dans le domaine de l’économie sociale et solidaire”, argumente Flora Halidi, chargée de mission à la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (Cress). Son métier est d’accompagner les jeunes entrepreneurs à se structurer. Abou Boina, présent aussi dans la salle de cours, tente de rassurer ses élèves : “Le salariat à Mayotte va saturer, il faut commencer à penser création d’entreprise.”
Durant plus de deux heures d’échanges, certains élèves se sentent finalement convaincus. C’est le cas de Hamidati Kassim, 19 ans, originaire d’Acoua : “Ça m’a beaucoup motivé, il y a beaucoup de choses que j’ignorais. Ils nous expliquaient qu’il ne fallait pas avoir peur. Ça m’a vraiment touché. Ils m’ont aussi dit qu’il fallait savoir que ce serait compliqué, il faut être devant mentalement avant d’y être physiquement.” Son rêve est de fonder une entreprise de henné : “J’ai commencé mon business à côté, mais je ne savais pas comment procéder dans le domaine du henné naturel, c’en est un très demandé par beaucoup de femmes.” Son camarade Charfaine a lui aussi apprécié cette rencontre : “C’est une bonne chose pour nous, on est des futurs gestionnaires, on est des futurs créateurs d’entreprise. Je pense que leurs conseils vont nous aider.” Il souhaite ouvrir une entreprise de papeterie afin de réduire le temps d’attente de distribution de fourniture scolaire : “Dans l’entreprise, ce qui me manque, c’est le fond social, mais j’ai compris qu’il ne fallait jamais lâcher. Même si on nous claque la porte en plein visage.” Un message que souhaite faire passer l’ensemble des professionnels.
Journaliste, aussi passionné par les paysages de Mayotte que par sa culture. J’ai toujours une musique de rap en tête.