Jeudi dernier, le conseil d’administration du centre universitaire de formation et de recherche a réélu Aurélien Siri comme directeur pour les quatre prochaines années. Mais ce dernier laissera sa place à Abal-Kassim Cheik Ahamed d’ici deux ans. Retour sur cette campagne médiatique et sur les objectifs affichés par le nouveau binôme. Entretien.
Flash Infos : Durant toute la campagne électorale, on vous a peu entendu. Mais selon le recteur Gilles Halbout, la volonté d’aller vers une université de plein exercice et le rapprochement avec le territoire sont à l’origine de la candidature de Thomas M’Saidié. Expliquez-nous votre stratégie ?
Aurélien Siri : C’était la première fois que le centre universitaire de formation et de recherche avait deux candidats en interne pour le poste de direction. En 2016, cette élection était restée relativement méconnue aux yeux du grand public. Nous pouvons donc dire que le jeu de la démocratie s’est exprimé pour la première fois. Cela a permis d’aboutir à des projets de haute qualité même s’il y a eu des dérives qui ont dépassé la tradition universitaire. Il est rare de voir un candidat aller devant les médias ou un président de Département afficher son soutien à l’un d’entre eux. Puis il y a eu des propos assez virulents à mon encontre et des critiques assez contestables, comme des accusations de manigance et de malversation. C’est le regret de cette campagne. Au lieu d’avoir un débat idéologique sur le devenir du CUFR, nous sommes un peu sortis du cadre…
Cette candidature nous a permis avec mon binôme, Abal-Kassim Cheik Ahamed, d’approfondir nos idées et d’aller encore plus loin dans nos suggestions. Nous avons dressé un bilan sans concession des quatre dernières années. Nous avons organisé des réunions en interne avec les personnels pour mettre tous les sujets sur la table et ainsi mener une vraie réflexion collective.
Sur la question de l’université de plein exercice, nous l’avions en tête, mais l’élection a accéléré le calendrier. Le recteur a émis le souhait que ce vœu devienne réalité entre janvier 2022 et janvier 2023. C’était une donnée que nous n’avions pas forcément en tête au début de la rentrée universitaire.
FI : Comment s’est décidée la mise en place de votre binôme avec Abal-Kassim Cheik Ahamed qui prendra votre succession dans deux ans ?
S. : Ce choix remonte déjà à plusieurs mois. En tant que responsable du département science de l’éducation, nous avons eu l’occasion de travailler en partenariat et de manière coordonnée dès 2017 lors de la mise en place du master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation), qui est un véritable succès.
Mais c’est aussi une volonté plus personnelle de ma part. Au cours des quatre dernières années, le CUFR a connu une très forte croissance : nous avons augmenté de 30% les effectifs et doublé le nombre de personnels. Sans parler des nouvelles formations. Cette croissance a fait que les compétences se sont élargies et que l’ampleur de la tâche s’est accrue. En voulant devenir une université de plein exercice, il m’a paru naturel de travailler en équipe et de renforcer le pilotage de direction. Travailler en binôme présente donc plusieurs atouts, puisque nous conservons de la réactivité dans la prise de décision et de la disponibilité pour aller défendre les dossiers du CUFR auprès du ministère de l’enseignement supérieur à Paris.
De plus, durant mon précédent mandat, je n’avais pas de directeur adjoint. Cette absence de poste m’a obligé à réaliser énormément de gestion quotidienne de l’établissement. Et m’a ainsi empêché de me rapprocher, comme je l’aurais voulu, des acteurs du territoire. Sur ce point, il y a besoin d’en faire davantage et surtout d’impliquer davantage les collectivités et les acteurs du monde socio-économique.
Enfin, il faut rappeler qu’un directeur ne peut pas briguer plus de deux mandats, donc il y avait cette barrière fixée par le règlement. Mais cette responsabilité ne peut pas s’opérer du jour au lendemain, sans y être préparé. Sinon, nous risquons d’interrompre la continuité du service. En confiant les rennes à Abal-Kassim Cheik Ahamed, il y a cette idée de transmission, comme avait pu le faire également mon prédécesseur lors de sa dernière année. Non seulement, cela permet de prendre le relais plus facilement mais aussi de rassurer, aussi bien en interne qu’en externe. Par contre, ma mission dans deux ans n’a pas encore été dessinée. Il est encore trop tôt pour le dire. Il faudra déjà voir l’évolution du CUFR et déterminer comment je peux apporter ma pierre à l’édifice en fonction des postes pourvus et des objectifs à atteindre. En clair, cela dépendra de beaucoup de facteurs.
FI : Quelles sont les qualités d’Abal-Kassim Cheik Ahamed et que peut-il apporter pour la suite ?
S. : Nous nous sommes très vite entendus ! Lors de la campagne, nous avons voulu éviter les clivages, pour au contraire rassembler les personnels, quelles que soient les différences. Nous avons besoin de tout le monde pour faire avancer le centre. Nous avons la même vision et partageons les mêmes idées de développement. Mais surtout, il est un exemple pour tous : il a choisi de quitter son poste d’ingénieur et de revenir comme maître de conférence en mathématiques et en informatique pour servir la jeunesse mahoraise. J’ai alors vu en lui une relève pour le CUFR, qui ne m’appartient pas et qui mérite à un moment donné de son histoire d’être dirigé par une personnalité locale.
Les coulisses de l’élection d’Aurélien Siri et d’Abal-Kassim Cheik Ahamed
Le scrutin a commencé le 30 novembre et le 1er décembre avec l’élection du renouvellement des membres du conseil d’administration. Pour éviter un report, le vote s’est déroulé par voie électronique. « Une prouesse technique et une première pour nous », confie Aurélien Siri. Sur les dix sièges à pourvoir (deux pour les professeurs d’université, deux pour les maîtres de conférence, deux pour les autres personnels enseignants, deux pour les personnels administratifs et deux pour les étudiants), quatre ont été attribués à la liste d’Aurélien Siri et d’Abal-Kassim Cheik Ahamed, quatre pour celle de Thomas M’Saidié, un pour celle des étudiants et un pour celle des personnels ingénieurs, administratifs, techniques, ouvriers et de service.
En parallèle, le recteur, chancelier des universités, a désigné six personnalités extérieures pour siéger dans ce conseil d’administration, qui représentent le monde socio-économique, à l’instar de la directrice de l’IFIS, le président du CESEM, le président de la CCI, le président de la CRESS, l’ancienne présidente du CA du CUFR et l’ancien membre du CA qui travaille à la BRED, Zainal Charafoudine. Auxquelles s’ajoutent le maire de Dembéni, le président du Département et les deux présidents des universités partenaires (Nîmes et Montpellier). « Ce sont ces vingt personnes qui se sont réunies le 17 décembre pour examiner les trois candidatures en lice pour la direction du CUFR », détaille Aurélien Siri. À l’issue d’une présentation de dix minutes et d’un échange de vingt minutes, le binôme a recueilli treize voix, contre sept pour Thomas M’Saidé et aucune pour le professeur de l’université de Clermont-Ferrand, candidat externe au CUFR.
La candidature qui arrive en tête est ensuite proposée à la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, pour qu’un arrêté de nomination soit pris. « Mes fonctions prennent fin le 19 décembre à 23h59. » Un administrateur provisoire est alors désigné par le recteur le temps que la décision entre en vigueur pour gérer les affaires courantes de l’établissement. « J’ai pris l’engagement dans la profession de foi de faire les deux prochaines années pour qu’Abal-Kassim Cheik Ahamed s’imprègne des dossiers et rencontre les contacts au ministère. Je démissionnerai ensuite. Si sa candidature est retenue, il prendra ma place. Et je passerai alors directeur adjoint. »
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.