Recteur de Mayotte : “Si des écoles ne sont pas en état de marche le 11 mai, nous repousserons leur ouverture”

L’annonce de la réouverture des établissements scolaires d’ici trois semaines fait jaser. Alors que les syndicats estiment que le département sera “dans l’impossibilité technique” de faire respecter les gestes barrières et mesures de sécurité dans ses écoles, ils ont rencontré hier matin le recteur de l’académie pour faire part de leurs inquiétudes. Gilles Halbout de son côté devrait élaborer, d’ici deux semaines, un protocole en partenariat avec l’agence régionale de santé.

La question est encore loin d’être réglée : les écoles mahoraises rouvriront-elles leurs portes le 11 mai ? Seulement quelques jours après l’annonce faite par le ministre de l’Éducation nationale, syndicats et rectorat multiplient les échanges. Mercredi matin, tous ont pris part – à distance bien sûr – à un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Pour Gilles Halbout, l’enjeu était d’abord de recenser les questions et inquiétudes des différentes organisations pour pouvoir, dans un deuxième temps, co-construire un plan de réouverture avec l’agence régionale de santé, et ce d’ici deux semaines. Un procédé méthodique, dont dépendra le retour ou non des enseignants et des jeunes dans leurs établissements respectifs.

Si “tout un tas de sujets est encore en chantier”, selon Henri Nouri, co-secrétaire départemental du Snes-FSU, le syndicat majoritaire du second degré estime déjà que le département sera dans l’impossibilité technique” d’organiser un retour en classe d’ici moins de trois semaines. “Pour le moment, nous n’avons pas les conditions pour reprendre les cours.” Et pour cause, les mesures à prendre concernant la désinfection des écoles, la distribution de masques, le dépistage massif, ou le respect des gestes barrières, notamment lors de la récréation, de la restauration scolaire ou des cours d’éducation physique et sportive sont encore en attente de concertations supplémentaires entre les différentes institutions concernées. Seule certitude pour l’instant : “Si des écoles ne sont pas en état de marche le 11 mai ou si nous n’avons pas eu le temps de nous organiser, on repoussera leur ouverture”, promet le recteur, pendant que la CGT Educ’action estimait dès le début de semaine que les conséquences d’un déconfinement progressif des scolaires à cette date risquait de contribuer à une vague de contamination, sur un territoire “particulièrement propice”, du fait notamment des lieux de vie précaire et des établissements surchargés. D’autant plus que Mayotte a été frappée plus tard que la métropole par l’arrivée de Covid-19, ce qui présume que le pic de l’épidémie arrivera, lui aussi, plus tard.

Sur la base du volontariat

Selon les premiers éléments dévoilés par le rectorat, les élèves eux-mêmes ne seront pas obligatoirement tenus de revenir en classe, puisque ceux qui présentent des risques ou des craintes particulières seront autorisés à poursuivre le travail à la maison, à l’instar des professeurs. “Et si certains ne peuvent venir qu’un jour sur trois, ou même qu’un jour sur cinq, cela sera possible”, rassure Gilles Halbout. “Mais il y a des élèves qui sont en train de décrocher, et nous devons empêcher ça.”

Concrètement, la reprise des cours se fera progressivement, via un calendrier étalé sur trois semaines. Ainsi, grandes sections, CP, CM2, zones REP et REP+ seront les premières à rejoindre l’école le 11 mai, suivies des 6èmes, 3èmes, 1ères, terminales et des ateliers industriels en lycée professionnel la semaine suivante. Viendront enfin, le 25, l’ensemble des effectifs restant.

Les classes seront divisées en groupe d’une douzaine à une quinzaine d’élèves, qui alterneront une semaine de présence à l’école puis une semaine de travail à la maison. “Je ne vois aucun point bloquant, mais un gros travail nous attend”, reconnaît encore l’académie. De leurs côtés, les syndicats qui plaident également pour un retour en classe le plus rapide possible à condition que les mesures de sécurité et de protection soient réellement mises en place ne partagent pas tout à fait cet optimisme. “On aimerait bien entendre les maires, mais on n’a peur qu’ils prennent la fuite”, souffle Rivo, secrétaire départemental de SNUipp-FSU. Car les élèves et les professeurs ne seront pas les seuls à être déconfinés, les écoles embauchant également des employés communaux. Là-dessus, l’académie qui se sent toute de même “bien accompagnée” regrette une certaine politisation de ce sujet pourtant d’intérêt public.

 

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